29 Juillet 2024
J'ai dû m'interrompre depuis une semaine dans la publication du Blog proprement dit, suite à une méchante attaque du virus COVID. Féroce ce virus ! Je vais mieux et donc me revoilà. J'ai choisi pour ce faire de céder la parole à cet article de site Boulevard Voltaire dont je na partage pas toutes les analyses. Mais qui doit être pris en considération.
Le Scrutateur.
En clair, on calme le jeu. Après le quasi-adoubement de Nicolas Sarkozy, parrain sous bracelet électronique de la « droite républicaine », l'adoubement en creux de Mélenchon qui en a fait le chaînon manquant entre l'extrême droite et le macronisme, la rentrée de Tourcoing du week-end dernier, sous le regard pas vraiment attendri d’Élisabeth Borne, Gérald Darmanin semble mettre la pédale douce. En bon nordiste, le ministre de l’Intérieur s’est rendu à la célébrissime et cinq fois centenaire braderie de Lille. Il en a profité pour évoquer devant les journalistes, en jouant le faux modeste comme il sait si bien le faire, son éventuelle candidature à la présidence de la République en déclarant : « C'est très difficile d'être candidat puis président de la République [...] Je pense qu'avant d'être candidat à la présidence de la République, il faut beaucoup réfléchir sur soi-même et se rendre compte qu'on est avec la nation. » Pas faux.
Il aurait pu ajouter qu’il faut aussi beaucoup souffrir. À l’exception d’Emmanuel Macron – et cela explique sans doute beaucoup de choses -, tous les présidents de la Ve République ont souffert, enduré, combattu, avant d’atteindre cette ultime marche. Celui qui a le moins souffert est peut-être Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974 en « surfant » sur la vague jeuniste post-Mai 68. Mais comme rien ne se perd, tout se transforme, son calvaire vint à la fin de son premier et unique mandat en 1981 et le supplice dura des décennies pour ne s’achever, sans doute, que dans la tombe. Or, Darmanin a-t-il souffert, jusqu’à présent ? Pas vraiment, pas beaucoup. Il doit son ascension ministérielle à sa seule trahison de 2017 et ne semble pas en souffrir particulièrement. Ou alors, il cache bien son jeu. Quant à ses origines modestes, portées comme un étendard et évoquées à l’envi, il faut bien reconnaître que cela va finir par ressembler à de la drague lourdingue. Quelque chose qui ne ressemble en rien au personnage…
À ce sujet — [Point de vue] Sarkozy adoube Darmanin pour 2027 : mais quelle surprise !
« Beaucoup réfléchir sur soi-même et se rendre compte qu'on est avec la nation », nous dit le locataire de la place Beauvau, avec le français approximatif qui est sa marque de fabrique. Ça, c’est une réponse qui veut nous ramener aux fondements de la Cinquième : la rencontre d’un homme (ou d’une femme) avec la nation. On imagine que Gérald Darmanin va devoir encore beaucoup, beaucoup réfléchir. Sous-entendu : il y réfléchit déjà. Sans nous dire si c'est en se rasant, ou pas, chaque matin.
Le Sarkozy des corons embraye ensuite sur un grand classique (« Moi, je suis tout à ma charge ») en déclarant : « Moi, je suis en train d'être ministre de l'Intérieur, c'est un métier très difficile car il faut aider les Français à être plus en sécurité. J'ai compris les exigences qu'avaient les Françaises et les Français, qui sont les mêmes que celles du président de la République, et donc j'y travaille matin, midi, soir et nuit. » Visiblement, étant donné l’état d’insécurité du pays, ça ne semble pas suffire…
On l’aura compris, Gérald Darmanin, qui est tout sauf sot, a bien saisi que ce n’est pas l’heure de franchir le Rubicon. En février 1969, alors que le général de Gaulle était en fin de course, affaibli par les événements de mai 68, Georges Pompidou, qui était à l’évidence d’un autre tonneau que celui dans lequel Darmanin mijote, avait déclaré aux journalistes qui l’interrogeaient à Genève sur son avenir : « Je ne crois pas avoir ce qu'on appelle un avenir politique. J'ai un passé politique. J'aurai peut-être, si Dieu le veut, un destin national, mais c'est autre chose. » Alors, Darmanin devra-t-il se contenter d'une carrière politique ou peut-il aspirer à un destin national ? Dieu seul le sait, s'il s'intéresse encore un peu à la France…