3 Juin 2024
Le premier ministre a fait irruption sur la scène de l’auditorium de
Radio France, où les têtes de liste aux européennes étaient invitées à
défendre leur candidature.
Nouveau coup de gueule de François-Xavier Bellamy. Ce lundi 3 juin,
Franceinfo recevait dans l’auditorium de Radio France les candidats
aux élections européennes… Ou presque. Car, ce matin-là, Gabriel Attal
est venu défendre la tête de liste du camp présidentiel, Valérie
Hayer, pourtant bien présente. « Je suis désolé, je fais irruption sur
la scène, a lancé le premier ministre. C’était important pour moi de
venir encourager Valérie. » Avant de monopoliser la parole pendant
plus de trois minutes.
La tête de liste LR aux européennes a dénoncé cette intervention «
improvisée », de l’aveu même de l’une des journalistes. « Chez nous,
ce sont les candidats qui font campagne, a-t-il fustigé. On a vu le
nouveau joker “j’appelle un ami” qui semble être de plus en plus
utilisé par la candidate de la majorité. (…) Je suis peiné qu’il y ait
des gens autour d’elle qui ont l’impression qu’ils font mieux campagne
qu’elle. J’ai du respect pour Valérie Hayer : quand on a une
candidate, la moindre des choses, c’est de laisser la candidate faire
campagne. »
La droite n’était guère la seule à s’émouvoir de l’intervention du
premier ministre. « Macron et Attal font tout pour invisibiliser et
décrédibiliser leur candidate à laquelle ils se substituent chaque
jour davantage », a estimé le premier secrétaire du Parti socialiste,
Olivier Faure, sur X (ex-Twitter). « Ça devient gênant ces hommes qui
parlent à la place de la femme tête de liste, non ? », a renchéri la
députée écologiste, Sandrine Rousseau. « Je partage cette colère de
voir le premier ministre, le président de la République, s’essuyer les
pieds sur Valérie Hayer », a réagi la tête de liste EELV, Marie
Toussaint, sur Franceinfo. La leader du RN Marine Le Pen leur a
emboîté le pas, estimant que Gabriel Attal ne se serait «jamais permis
cela si le candidat avait été un homme». Tandis qu’elle était en
déplacement au Havre, Valérie Hayer a assuré : « Le premier ministre
était sur le plateau de Franceinfo à 8 h 30, juste avant. Ça avait été
calé entre lui et la chaîne. Il est venu passer un message aux jeunes.
»
« Il y a un côté un peu macho »
Après avoir vivement dénoncé le débat opposant Gabriel Attal à Jordan
Bardella organisé sur France 2, François-Xavier Bellamy a interrogé de
nouveau les choix du service public dans le cadre d’une campagne de
tous les dangers pour la macronie. « J’aimerais bien comprendre
comment ça se passe concrètement : vous avez le premier ministre dans
le couloir qui dit : “J’ai envie de passer à la radio sur le service
public, allez hop, j’arrive !” ? Donc il peut s’inviter dans toutes
les émissions de la Maison de la radio en temps réel, comme il veut ?
» Et d’insister : « Comme le président de la République qui dit :
“Voilà, j’ai envie de parler jeudi, 24 heures avant la fin de la
campagne officielle, je prends tous les JT” ! »
La tête de liste LR observe une forme de « mépris ». « Il y a un côté
un peu macho : Gabriel Attal débarque en disant : “Écoute-moi bien,
Valérie, je vais être plus efficace que toi, je vais vous expliquer
comment ça se passe une élection européenne !” Mais franchement, ça
s’arrête quand ce spectacle ?, a insisté Bellamy, rappelant le
contexte actuel d’une réforme de l’audiovisuel public . Est-il normal
qu’en pleine campagne, on ait une telle confusion des rôles, que
l’exécutif passe son temps à saturer l’espace médiatique ? »
Claire Conruyt