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6 Avril 2024
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Alain Foix.
L'article que j'ai consacré il y a quelques jours à Maryse Condé à l'occasion de son décès a été très lu. Je ne cherchais pas à annexer cette femme extrêmement libre avec qui je partageais des points de vue et m'en séparais sur certains autres. Les articles que je lui aconsacré sur ce blog en témoignent.
Hélas ! Il n'en est pas de même sur les médias, surtout audiovisuels.
Je dois avouer que sur Guadeloupe la première, les sommets de l'ineptie ont été atteints. En particuliers par une libraire (ancienne libraire) et par une « journaliste », front dégarni, vide comblé (très partiellement) par des logs suposés esthétiques. Journaliste à laquelle je ne peux penser sans me souvenir d'une pièce du théâtre comique d'Eugène Labiche. Cette pièce, satire de petits bourgeois insupportables, est celle où Emeline, jeune fille à marier, est avec son père dans le salon familial. Voiçi qu'on annonce la visite d' un jeune homme. Et le père de dire à sa fille « vite, Emelyne, met toi au piano, la tête en arrière et fais des roulades » !
Sinon tout, du moins l'essentiel est dit.
Revenons au traitement post mortem de Maryse.
Les gens ne sont pas aussi bêtes que le croient les occupants des médias. Je me consolais en me récitant du Cyrano « vous savez, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile. Qu'importe, je me bats, je me bats, je me bats ! ».
Et puis voiçi que sur facebook je trouve cet article qui me comble . Il est d'Alain FOIX. Lequel est comme moi Guadeloupéen et de formation philosophique. Je ne crois pas au hasard. Vous non plus ? Tant mieux.
Je vous livre sa prose.
Le Scrutateur.
« Très bien la première page de Libération. Il est heureux que ce quotidien comme d'autres d'ailleurs, comme le Figaro par exemple lui rende hommage. Hommage amplement mérité.
MAIS. Car il y a un mais, le sous-titre gâche tout et me met en colère, comme il mettrait d'ailleurs en colère Maryse Condé elle-même.
Lorsque je lis "l'écrivaine guadeloupéenne plume majeure de la fierté noire", je me dis que, nom d'une pipe, il va bien falloir qu'on arrête d'enfermer les noirs dans leur couleur et leur origine. Il y a là un remugle de racisme inconscient et de colonialisme résidant comme le sont les fantômes.
Maryse Condé fut, est (car son œuvre lui survivra longtemps) une écrivaine majeure dont le talent ne se réduit ni à sa couleur de peau ni à son origine.
Que les Antillais puissent être fiers d'avoir vu émerger dans leurs îles de grands talents comme Maryse Condé, Saint-John Perse, Aimé Césaire, Frantz Fanon, et auteurs de toute couleur de peau, soit, c'est naturel. Mais "plume de la fierté noire" qu'est-ce que cela veut dire au fond? Ça la ferait rire, Maryse, d'un rire plutôt sarcastique, elle qui toute sa vie a dénoncé le concept de négritude et l'illusion d'une unité fraternelle entre Africains et Antillais. Qu'il y ait unité de combat, une alliance stratégique contre le fait de nous mettre dans le même sac de couleur, soit. Mais "fierté noire" nous y enferme de nouveau.
Si Maryse Condé est la fierté de quelque chose, c'est de la littérature universelle. Point final ».
Alain Foix.
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