19 Avril 2024
Je l'avoue, l'actualité de ces jours me fatigue. L'Ukraine, les projets d'extermination d'Israel ; le nouveau génocide du « peuple élu », etc par les exrèmistes de l'Islam me fatigue. C'est pourquoi, me battant les flancs à la recherche d'un sujet je choisis de revenir sur la destinée de nôtre cathédrale et de l'incendie que personne, je l'espère n'a oublié.
S'agit-il d'un accident ? Beaucoup semblent (ou veulent) le croire.
La réponse n'est cependant pas tellement évidente. L'article qui lui donne à penser.
Le Scrutateur.
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Voilà cinq ans que la toiture de Notre-Dame a brûlé, entraînant dans sa chute la flèche et une partie des voûtes. Cinq ans que la cathédrale se relève au rythme d’une restauration qui est un tour de force d’artisanat traditionnel et de technologie de pointe. Cinq ans, aussi, qu’on ignore l’origine de l’incendie. Si les autorités communiquent abondamment sur l’avancée des travaux de reconstruction, leur silence sur l’enquête est regrettable. Il engendre des « théories du complot » dans lesquelles, comme l’exige le genre, tout s’emboîte parfaitement - jusqu’à la mort accidentelle de Jean-Louis Georgelin, l’an dernier. Faisons un point sur le peu qu’on sait et les interrogations qui demeurent.
OÙ ?
Les investigations ont déterminé que le feu a démarré à la croisée du transept, au niveau d’une sablière : d’une poutre, donc, qui fait le lien entre le haut du mur et la charpente. Le départ de feu a pu être nourri par la poussière accumulée au pied de la voûte et au contact de la poutre.
QUAND ?
L’alarme incendie s’est déclenchée à 18h18, le 15 avril 2019, et c’est vers 18h50 que feu et fumée se sont dégagés à l’extérieur. Une heure après, la flèche s’effondrait. Mais le feu pouvait couver depuis plus longtemps.
COMMENT ?
À ce sujet — [Expo] Notre-Dame de Paris, rescapée de l’Histoire
Des ouvriers ont admis avoir fumé sur le chantier - ce qui laisse pantois. La théorie du mégot est aujourd’hui abandonnée. Des étincelles dues à un « point chaud » comme une disqueuse ou un appareil à souder ? L’historien de l’art Didier Rykner évoque cette possibilité dans Notre-Dame, une affaire d’État (Les Belles Lettres) en la liant au démontage des statues du pied de la flèche. L’entreprise concernée dément. Un problème électrique lié à l’ascenseur de chantier ? Son emplacement ne correspond pas au départ de feu. Lié à un carillon à commande électromagnétique qui était censé être provisoire ? Pas plus probant.
QUI ?
Sur les photos prises lors de l’incendie, certains ont cru voir la silhouette d’un incendiaire possible. C’était une sculpture. Mais était-ce si absurde de supposer un attentat ? Que Notre-Dame de Paris soit une cible de choix pour un islamiste, personne ne le contestera. Tout récemment, un Égyptien a été interpellé, qui avait des vues sur Notre-Dame. En 2016, des femmes djhadistes avaient voulu y faire exploser des bouteilles de gaz. Cependant, l’origine criminelle a été exclue, aucun résidu d’hydrocarbure n’ayant été mis en évidence.
Négligence patrimoniale
Si exceptionnel qu’il soit par le bâtiment qu’il a touché et par l’impact émotionnel mais aussi spirituel qu’il a eu, l’incendie de Notre-Dame de Paris est peut-être tristement banal. Pour un spécialiste du secteur, 90 % des sinistres des monuments historiques ont lieu lors de restaurations. Par ailleurs, 25 % des incendies en général sont liés à un problème électrique. Faut-il pour autant accuser la fatalité ? Non. La négligence, plutôt. À l’heure actuelle, le chantier d’un monument historique n’est pas soumis à des contraintes particulières ; pas plus que celui d’un édifice lambda. Didier Rykner, sur Radio Notre-Dame ce 15 avril, regrette que l’incendie de Notre-Dame n’ait provoqué « aucune réflexion sur les responsabilités, à [s]on avis écrasantes, de l’État dans le développement de l’incendie et dans le fait qu’il ait pu se développer aussi rapidement ». Il plaide pour quelques obligations simples comme des caméras thermiques et des détecteurs de fumée.
La piste criminelle ayant été écartée, l’enquête cherche autour d’une « destruction involontaire par incendie ». Problème : les pistes accidentelles évoquées ci-dessus n’aboutissent à rien ni personne. Pour preuve, aucune des entreprises engagées sur le chantier n’a été incriminée. Alors qui ? Quoi ? Comment ? Une seule certitude : si l’enquête se conclut par une ordonnance de non-lieu, cela nourrira les plus folles théories.