16 Mars 2024
Ce jeudi 14 mars 2024, Sylviane Agacinski (78 ans) a fait son entrée à l’Académie française. Élue le 1er juin 2023 pour succéder à Jean-Loup-Dabadie au fauteuil 19, elle est la onzième femme de l’Histoire à intégrer la prestigieuse institution. Cette agrégée de philosophie a écrit de nombreux ouvrages sur ’altérité sexuelle : Politique des sexes. Mixité et parité, Métaphysique des sexes. Masculin/féminin aux sources du christianisme, Drame des sexes…
De gauche, féministe…
Femme de gauche (elle est l’épouse de Lionel Jospin) et se réclamant d’un « nouveau féminisme », elle a étonné par ses prises de position à contre-courant sur la PMA et la GPA. Dans son ouvrage Corps en miettes (Flammarion), elle dénonce : « Le baby business cherche partout des ventres à louer. La propagande en faveur de la GPA ne saurait masquer la violence d’une telle pratique. » En 2019, à la veille de la présentation de la loi Bioéthique à l’Assemblée nationale, elle publie L'Homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué (Gallimard), un essai dans lequel elle s’interroge sur la perte de repères de la société. Le 24 juin 2019, alors qu’elle présente son livre sur l’antenne de France Inter, elle affirme : « L'usage d'une mère porteuse, c'est quand même l'achat de la vie d'une femme, jour et nuit, pendant neuf mois, c'est l'achat de l'enfant indirectement. » Elle ne se fait pas que des amis.
Pour avoir refusé de considérer qu’il puisse y avoir un autre modèle de famille que le modèle naturel, avec un père et une mère, elle s’est aussi mis à dos un certain nombre de collectifs trans, non binaires et LGBT. Ils l’ont accusé d’être « réactionnaire, transphobe et homophobe » et ont empêché sa venue à l’université Bordeaux Montaigne à l’occasion d’une conférence sur « l'être humain à l'époque de sa reproductibilité technique ».
…et sensée
Son dernier ouvrage, Face à une guerre sainte (Librairie du XXIe siècle), est lui aussi sujet à polémique puisqu’il répond à ceux qui l’ont qualifiée d’islamophobe, chose qu’elle définit comme « un concept politique [...] fait pour masquer le prosélytisme islamiste ». Pour ce livre, elle obtient le prix des députés. Récompense qui vient s’ajouter à celles déjà obtenues pour Femmes entre sexe et genre, salué par le Grand Prix Moron en 2012, et Le Tiers-corps, auréolé du prix Louis-Pauwels en 2018.
Sylviane Agacinski ne mâche pas ses mots, pas plus dans ses livres, en interview, que lors de son discours de réception à l’Académie française. Celle qui refuse la féminisation du mot écrivain n’a pas donné dans le consensuel : « Dans une société comme la nôtre, la liberté n’est pas étouffée par un despote ni par un régime totalitaire. La liberté de penser, d’écrire et de parler peut néanmoins être menacée, par exemple par des petits groupes d’activistes érigés en nouveaux censeurs. Chacun défend sa cause en imposant sa théorie et sa langue : certains mots sont bannis, d’autres sont imposés, et l’autocensure progresse. » Une personnalité de gauche et immortelle comme il en faudrait plus.