8 Mars 2024
Lors de récentes auditions parlementaires, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a souligné l'importance pour les collectivités locales de contribuer au redressement des comptes publics, aux côtés de l'État et de la Sécurité sociale. Dans un contexte où au moins 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires sont nécessaires pour respecter un déficit public de 4,4 % en fin d'année 2025, les collectivités se trouvent sous pression pour réduire leurs dépenses.Malgré une première étape de réduction budgétaire qui a annulé 10 milliards d'euros de crédits dans le budget de l'État pour 2024, le gouvernement envisage un nouveau serrage de vis en 2025. Les discussions autour des projets de loi de finances rectificative pour 2024 et du budget pour 2025 mettent en lumière l'urgence des économies d'un montant de 30 milliards au total pour 2024/2025 à réaliser.
Cependant, certaines collectivités locales de Guadeloupe font face à une situation financière préoccupante, avec une augmentation de leur endettement et de leurs dépenses. Malgré des recettes contraintes, les dépenses continuent de croître, principalement en raison des dépenses de fonctionnement et du poids des dépenses de personnel.Cette spirale de l'endettement risque de s'aggraver avec la crise économique à venir , la modification de la fiscalité locale, et la diminution à venir des dotations de l'État. Alors que le pouvoir d'achat stagne avec la crise inflationniste actuelle et que le chômage progresse en Guadeloupe , les exécutifs locaux et leurs oppositions se perdent dans les querelles institutionnelles, ignorant les problèmes économiques , financiers et sociaux croissants. Malgré leur endettement élevé, les collectivités persistent dans une gestion déficiente, mettant en péril l'avenir de l'équilibre sociétal de la Guadeloupe. En effet, une analyse détaillée des finances révèle une situation alarmante : dépenses en hausse, recettes en baisse et endettement croissant. Les collectivités locales se retrouvent dans une impasse où la dette entrave la croissance et l'investissement. Les tendances actuelles indiquent une détérioration continue de l'équation budgétaire, avec des dépenses dépassant largement les recettes dans certaines communes . En Guadeloupe, l'endettement par habitant ainsi que les impôts locaux atteignent des sommets, dépassant même la moyenne nationale de façon significative. Ainsi la Guadeloupe a connu une explosion du surrendettement ces dernières années, la plaçant parmi les habitants des régions les plus endettées de France. Pour les collectivités locales les dépenses de fonctionnement, en particulier les frais de personnel, sont en constante augmentation, réduisant la capacité d'autofinancement de la collectivité et la contraignant à recourir dans le futur massivement à l'emprunt pour maintenir les investissements. Cette spirale de l'endettement, amorcée il y a plusieurs années, risque de s'aggraver avec la crise économique et la crise financière à venir avec la diminution des dotations de l'État. Les autorités locales doivent donc adopter une politique de rigueur budgétaire, en réduisant les dépenses superflues , en gelant impérativement la masse salariale y compris les cadres A , en réformant l'administration pour éviter la baisse de la productivité des agents , et en priorisant les investissements essentiels pour éviter un appauvrissement généralisé et un recul de l'emploi local. Face à ces défis, les collectivités doivent accepter un débat sur la gestion des finances locales au moment où il est question de la réforme de l'octroi de mer. Cependant, des tensions persistent entre l'État et les élus locaux, notamment concernant la teneur du dialogue sur la réforme en cours et cette logique de rapport de force peut s'avérer contre productive . Malgré les assurances du gouvernement quant au maintien d'un financement élevé pour les finances des communes,la transition écologique et d'autres priorités des services publics, les collectivités locales risquent fort de rencontrer des difficultés croissantes . Les entreprises auront également des difficultés à obtenir des crédits bancaires. La réduction de la dépense publique et les incertitudes économiques futures risquent d'aggraver cette situation, mettant en péril l'investissement public local et l'emploi.Il est donc crucial pour les collectivités de Guadeloupe de prendre des mesures pour assainir leurs comptes et mettre en place une gestion rigoureuse, afin d'éviter une détérioration de leur situation financière et le recul du développement économique local.Pour rappel, il est prévu de trouver au moins 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires dans le projet de budget pour 2025 , et à notre sens c'est un plan d'austérité qui guette nos concitoyens . Et pourtant, les exécutifs locaux peinent à réagir de manière efficace, invoquant des compétences élargies et des plans de relance économique ambitieux dans un contexte de changement des institutions . Cependant, sans une gestion rigoureuse et des réductions drastiques des dépenses budgétaires notamment au niveau de la section fonctionnement, la crise de la dette continuera à compromettre l'avenir financier de la Guadeloupe .L'asphyxie financière des collectivités locales sera vraisemblablement accentuée par le désengagement de l'État et la réticence croissante des banques à financer les projets locaux. Face à cette situation critique, un changement de cap radical est nécessaire pour éviter un appauvrissement généralisé et un recul de l'investissement public, synonyme de catastrophe pour l'emploi local. En conclusion, la situation financière des collectivités de Guadeloupe va bientôt s'annoncer préoccupante et donc cette situation nécessite une action immédiate. Les enjeux sont de taille, et seule une gestion rigoureuse et efficace permettra d'assurer un avenir prospère pour notre île et une vision harmonieuse du futur pour la population Guadeloupéenne.
"A fos kalbass ay an dlo i ka finn pa pété an mil moso ."
Traduction : À force d’aller à l’eau, la calebasse se casse.
Moralité : Avec le temps, tout s'use et finit par lâcher.
Jean marie Nol économiste