21 Décembre 2023
Bien entendu Emmanuel Macron récuse le vote de l'Asemblée Nationale , et propose d'annuler la loi votée, une loi qu'il avait lui-même largement inspiré. Et ceci parce que le RN a voté la loi. Le RN est-il hors la loi ainsique ses électeurs ? On voit bien ce que ces gens là appellent « démocratie ».
Vienne très la fin de ce ce quinquenat. ET VITE.(LS).
Les députés RN sont-ils des dalits, des intouchables, des parias ? Sont-ils atteints de la peste bubonique ou radioactifs ? Leur vote est-il hautement contaminant, puisqu’il transforme l’or de la victoire en plomb ? Dans ce cas, ne serait-il pas plus prudent de leur réserver à l’Assemblée un couloir de circulation isolé et de recommander aux autres de porter un scaphandre et une combinaison intégrale dans l’Hémicycle ? Un postillon est si vite arrivé…
Sitôt que le vote de la loi tombe, les calculatrices s’agitent, posent des problèmes arithmétiques de CM1 : sachant qu’il y a eu 349 voix pour et 186 voix contre, et que les députés du RN, au nombre de 88, ont tous voté, la loi est-elle passée grâce au groupe de Marine Le Pen ? Pour atteindre la majorité absolue (268), il faut les voix du RN, mais celle-ci n’est pas nécessaire, une majorité relative suffit : de 349 à 186, l’écart est suffisamment important pour se passer des 88 votes RN. C’est ce qu’ont mis en avant Gérald Darmanin, mardi soir, et Élisabeth Borne, ce mercredi matin, pour tenter de prouver que leur loi n’était pas entachée par les sales pattes du RN (leurs 4.200.000 électeurs apprécieront). Sauf que tous deux oublient de dire, naturellement, que si le RN avait voté contre, la loi aurait été retoquée. On peut tourner l’affaire dans tous les sens, c’est bien le bon vouloir du RN qui l’a sauvée.
Pourtant, Gérald Darmanin n’a pas ménagé ses efforts pour tenter de dissuader les députés RN de voter favorablement. Après les avoir menacés, il y a quelques jours, de les rendre responsables du prochain attentat ou acte de délinquance qui serait perpétré par un migrant s’ils s’associaient à la motion de rejet, il n’a pas hésité, dans une brusque volte-face, à déployer, mardi soir, des trésors de conviction pour démontrer, avec force détails, à quel point son projet de loi était immigrationniste - ne votez pas pour mon projet de loi, il ne va pas du tout vous plaire… -, au risque de semer un sérieux trouble chez tous les téléspectateurs qui le regardaient, médusés, tempêter sur leur petit écran.
Une farce bouffonne
Toute cette pantomime ne serait qu’une farce bouffonne si elle n’était pas aussi grave.
Celui qui en parle le mieux est François-Xavier Bellamy. Député européen LR, il est habituellement peu tendre avec le RN. Mais animé d’une grande rigueur intellectuelle, il a fait montre, sur le plateau de BFM TV, d’une sainte colère : « Il n’y a aucune démocratie au monde où on considère qu’on doit lire les résultats sans prendre en compte tous les votes. » « On est quand même une démocratie. Imaginons une seconde qu’on soit ici, là, maintenant, en train de parler en ces termes de la Hongrie »... « Si ça continue, je rentre à Bruxelles et je demande une procédure d’article 7 pour violation de l’État de droit contre la France ! »
Discrimination électorale
De fait, on peine à comprendre : il y aurait donc dans cette assemblée des députés à deux vitesses ? Certains d’entre eux sont en carton, des sortes de pots de fleurs, assignés à vote surveillé, qui n’ont pas le droit d’aller mêler leurs voix comme bon leur semble à celles des autres. Nous parlions d'intouchables, de parias, de dalits... L'Assemblée nationale est-elle une société de castes, comme en Inde ? Personne n’a pensé à prévenir les 4.200.000 Français ayant glissé un bulletin de vote RN aux dernières législatives que dans une discrimination électorale caractérisée, leur voix ne pèserait pas le même poids que celle des autres. Qu'ils ne seraient représentés que par des sous-députés, aux prérogatives limitées.
Au lendemain de ce vote épique, tous les médias bruissent de ce qu’ils appellent une grande crise politique. Mais c’est, plus fondamentalement, une immense crise démocratique.
A écouter attentivement jusqu'au bout :