18 Octobre 2023
(https://www.bvoltaire.fr/hopital-de-gaza-peu-de-chances-que-ce-soit-une-action-deliberee-disrael/ )
Le 17 octobre, une frappe aérienne aurait touché l’hôpital de Gaza et aurait fait plusieurs centaines de morts. Le Jihad islamique accuse Israël d’être responsable de ce tir. De son côté, l’État hébreu dément tout responsabilité dans ce tir et accusé le Jihad islamique.
Le général de division (2s) Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, nous livre son analyse.
Clémence de Longraye. Le 17 octobre, au moins 200 personnes auraient été tuées lors d’une frappe aérienne touchant un hôpital à Gaza. Le Hamas et Israël se renvoient la responsabilité. Connaîtra-t-on, un jour, l’origine de ce tir ?
Général Desportes. Ce n'est pas du tout impossible qu’on arrive à le déterminer : on connaît les trajectoires ; à partir d’un impact au sol, on peut savoir d’où est parti le projectile, etc. Vraisemblablement, il s’agit d’un accident : une roquette tirée par le Hamas qui, au lieu de rejoindre Israël, a pour une raison malencontreuse arrêté sa course sur l’hôpital.
Ce n’est pas la seule hypothèse. Ce dont on est quasiment certain, c’est que ça ne peut pas être Israël. Non pour des questions morales, mais pour des questions stratégiques. Aujourd’hui, Israël a tout intérêt à poursuivre l’opération qu’elle a prévue sur la bande de Gaza. Elle ne pourra le faire que si l’opinion internationale n’est pas contre elle, ainsi que l’opinion des populations arabes. Donc, pour Israël, tirer volontairement sur l’hôpital de Gaza est totalement contre-productif de manière stratégique. Il y a donc vraiment très très peu de chances, voire aucune, qu’il s’agisse d’une action délibérée de la part d'Israël. On peut se poser la question : à qui profite le crime ? Le crime profite visiblement au Hamas ou au Jihad islamique, à quelqu’un qui a intérêt à faire monter la violence, à la pousser au paroxysme de manière à enflammer les territoires arabes autour d’Israël et à donner une nouvelle dimension au conflit.
C. d. L. Cet événement va-t-il marquer un tournant dans le conflit ?
G. D. Les populations arabes étaient déjà en ébullition, en Cisjordanie, en Jordanie ou au Liban. Je ne sais pas si cela marque un tournant, mais il est important de démontrer que ce tir ne vient pas d’Israël mais du côté opposé, c’est-à-dire l’État islamique ou le Hamas, qui ont intérêt à faire ce genre de choses. Nous sommes dans une guerre révolutionnaire. Les victimes, qu'elles soient d’un côté ou de l'autre, ne comptent pas. Ce qui compte, c’est le but politique, et là, quelque chose a été atteint par ce tir malencontreux volontaire.