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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Mort de Gérard César, journaliste et ami .

Gérard César.

Gérard César.

J'apprends ce matin la mort de Gérard César, aux talents multiformes, mais surtout journaliste et mon ami depuis de nombreuses décennies. Plus âgé que lui de plusieurs années, je fus son chef quand il avait une dizaine d'années, et moi 17 ou 18 ans. J'animais les réunions des jeunes jécistes (jeunesse étudiante chrétienne) qui se tenaient dans un étroit et profond local au 85 de la rue Schoelcher, accolé à l'atelier d'un tailleur d'origine brésilienne, père d'un autre jéciste Benito-Espinal. Dans ce local on jouait au ping pong, notamment, et l'on réfléchissait aussi comme on peut le faire à l'âge pré-adololescent.

Je me souviens d'un thème de réflexion sur la parabole évangélique du Pharisien et du Publicain. A l'issue d'un quart d'heure de mise en commun, je désignai Gérard comme le rapporteur de ce « travail ».

Malicieux, avec un petit sourire en coin, il titra son compte-rendu « La parabole du Parisien et du Républicain ».

C'était bien dans la manière du personnage que beaucoup en Guadeloupe appréciaient, et qui va nous manquer.

Le Scrutateur.

 

 

Auto présentation de Gérard, par lui-même :

 

"J’ai découvert la Caraïbe quand j’étais athlète. J’avais 23 ans lorsque je l’ai sillonnée et cela m’a ouvert les yeux. J’ai découvert que c’était un monde d’une pauvreté extraordinaire. Ces pays tablaient sur le fait que, progressivement, ils seraient sur les rangs.

Le premier que j’ai découvert, c’était Trinidad. Je me suis rendu compte que ces pays se développaient petit à petit et qu’ils essayaient d’avoir des relations un peu plus poussées avec nous. Je me rappelle que l’on communiquait déjà en créole en 1964-1965, avec les athlètes de la Dominique, de Sainte-Lucie, et quelques-uns de Trinidad, ce qui prouve bien que le créole était déjà, quelque part, dans nos régions et qu’il y avait matière à communiquer.

Mon premier objectif quand je suis devenu journaliste quelques années plus tard, a été de découvrir la Caraïbe, d’une manière ou d’une autre, en allant en vacances, ou travailler pour faire des reportages. Comme ma passion c'est les reportages et les documentaires, j’ai décidé de partir régulièrement dans la Caraïbe ou tout seul ou accompagné.

J’ai découvert pratiquement tous les pays caribéens, en quarante ans, car cela fait exactement 15 jours que je compte quarante ans de métier à RFO. Cela passe inaperçu, cela ne me dérange pas. Cependant durant ces quarante ans, il n’y a pas eu que la Caraïbe. Il y a eu le Pacifique Sud où j’ai travaillé, Haïti, Wallis et Futuna, les îles Hawaï, Fidji, Cook, Samoa, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, pour ne citer que ceux-là, tous les pays environnants du Pacifique Sud. Aujourd’hui encore je pense avoir connu plus d’une centaine de capitales du monde.

Tout cela, quasiment incognito, tout simplement parce que mes vacances, je me les arrangeais pour découvrir non pas du show biz mais des gens du sport et de la musique. Ce qui fait que je pense avoir des amis aux quatre coins du monde avec qui je corresponds, pour certains ; d’autres que j’ai perdu de vue ; d’autres, que j’ai retrouvés grâce à Internet.

J’ai découvert le fonctionnement qu’il y a eu dans la Caraïbe, par rapport à l’histoire commune, l’esclavage. Je me suis rendu compte qu’on était en train de recoller les morceaux d’une histoire qui avait éclaté.

Nous avions tous des langues différentes, nous avions des coutumes et des traditions qui se ressemblaient : celles de la danse, de la cuisine. Par exemple, j’avais été invité à Miami il y a quelques années pour un colloque sur Aimé Césaire, à l’initiative d’un ami cubain. On devait donner à l’Université du Sénégal, le nom d’Aimé Césaire. La rencontre Senghor-Aimé Césaire s’était passée depuis des années. Cela a été l’un des moments les plus forts de ma vie de journaliste. Aimé Césaire m’avait dédicacé un recueil de poèmes. J’avais pu faire un reportage sur leurs rencontres.

Ce qui m’avait plu, c’était de découvrir des communautés caribéennes et des Etats-Unis. Il me manquait la cuisine. Je suis allé dans un restaurant, à Miami et je me suis retrouvé comme à la maison, parce que je n’arrivais pas à supporter la cuisine américaine.

Alors, on est toujours en train de chercher quelqu’un ou quelque chose qui nous ressemble, quelqu’un qui peut communiquer avec nous. Ces 40 années de journalisme sont passées très vite, car j’y suis entré très jeune, à 20 ans. Vous pouvez imaginer le temps que j’ai passé dans ce métier-là.

Mais le plus important pour moi, c’est la Caraïbe parce que, tout simplement, je l’ai découverte très, très jeune, à 17-18 ans. À cet âge-là, il se passe forcément quelque chose dans la tête. Il y a eu un choc, ce que j’appelle le choc caribéen de ma vie comme le choc polynésien mais, beaucoup plus tard. Le choc caribéen a été beaucoup plus fort. C’étaient des gens qui me ressemblaient, qui, pour certains, s’exprimaient dans la même langue que moi, ce qui m’a fait découvrir des langues différentes que nous pratiquions à l’école, mais de manière beaucoup plus normale, beaucoup plus régulière, beaucoup plus soutenue. Ce qui fait que je peux m’exprimer aisément quand je vais dans la Caraïbe, en Espagnol ou Anglais."

 

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