25 Mai 2023
« Penser c'est dire non » disait un célèbre professeur de philosophie de la première partie du XXème siècle, Emile Chartier, plus connu sous son pseudo d'ALAIN. Nôtre homme n'était ni négativiste, ni … négationiste (horresco referens!). Il reprenait à son compte la célèbre allégorie de la caverne que les admirateurs de Platon connaissent bien et qui est le point de départ de toue pensée digne de ce nom. Descartes poussa peut-être un peu loin la méthode en amorçant sa métaphysique révolutionnaire, mais le fait est qu'il n'y a pas de pensée digne de ce nom sans révolte contre les fausses évidences, celles des sens, et celles de l'âme en sa période virginale.
Celle de l'âme ? Oui, mais ce mot n'est plus guère prisé depuis qu'un certaine propagande matérialiste, omniprésente sur les médias (et aussi dans les écoles, hélas, trois fois ! ) sévit impudemment.
Prenons l'exemple du réchauffement climatique. Je serais tenté d'en douter, conformément à la méthode du bon ALAIN.
Mais les instruments modernes de mesure, le thermomètre (etc) ne trompent pas, et quand je vais sur les zones du bord de mer, (par exemple au lieudit La Batterie, au Moule vestige de l'ancien port) où rêveur imprudent je passai (comme Chateaubriand à St-Malo ? Allons, vieux scrutateur, cesse de plaisanter, on pourrait t'en vouloir) vers 1950 de longues heures, surtout par gros-temps, il me faut bien constater que mes repères spatiaux de sécurité ont changé, se sont rapprochés de l'eau, ou que celle-çi est montée.
Trève de rêverie.
Revenons à mon titre du jour, inspiré d'un article au propos profond et salutaire qui a pour objet le thème ressassé du réchauffement climatique. Je l'ai dit, ce réchauffement existe, il est constatable.
Ce qui est contestable ce sont les intentions des manipulateurs d'opinion à savoir jouer (à leur profit ou à ceux de leurs commanditaires) sur les peurs humaines et la crédulité des peuples, vieux comme le monde depuis qu'Adam dévora une certaine pomme.
Voiçi cet article qui suscite mon adhésion de philosophe aux cheveux blancs, mais demeuré très acribique.
(Le Scrutateur).
Sorti en septembre 2022, le livre Sapiens et le climat, d’Olivier Postel-Vinay, ex-rédacteur en chef de la revue scientifique La Recherche, est un pavé dans la mare pour tous ceux qui attribuent le qualificatif « sans précédent » aux événements météorologiques ou climatiques que nous vivons ces dernières années.
Basé sur la lecture d’un nombre astronomique d’articles et de livres publiés par des scientifiques historiens du climat, l’auteur relate l’impact des changements climatiques sur l’évolution des Sapiens que nous sommes, de –230.000 ans jusqu’à nos jours.
Sans vouloir résumer les multiples détails et variations climatiques relatés, il est intéressant de se focaliser sur certains événements comme les sécheresses et les périodes de chaleur qui y sont décrites pour mettre en perspective, par exemple, le récit catastrophiste fait actuellement par les médias concernant la sécheresse ponctuelle et très localisée que subissent l’Espagne et le sud de la France.
Ainsi, de –127.400 à –114.400 av. J.-C., il faisait plus chaud qu’aujourd’hui sur la majeure partie du globe : l’auteur raconte que des hippopotames se baignaient dans la Tamise et que, dans les Alpes suisses, la température moyenne était 4 °C au-dessus de celle d’aujourd’hui. Vers –73.400 av. J.-C., l’entrée dans une période glaciaire entraîne une période de sécheresse entraînant probablement la disparition de Sapiens d’Israël et d’Arabie. Vers -12.700 s’installe un réchauffement planétaire rapide appelé le Bølling et le Proche-Orient redevient un paradis durant 1.500 ans. En Europe, en quelques décennies, les températures hivernales, qui étaient de -15 °C à –25 °C, montent de 20 °C et le niveau de la mer augmente de 40 à 50 mm par an, contre 1 à 3 mm de nos jours. Cette période s’achève vers –9.700 av. J.-C., après 12 années de sécheresse intense, et l’on entre dans l’Holocène, marqué également par un réchauffement très rapide.
Passons sur les événements, bien documentés et bien décrits par Olivier Postel-Vinay, que sont l’optimum romain entre -230 et 40 apr. J.-C. ou la colonisation du Groenland vers 982 par Erik le Rouge, pour parler du Moyen Âge et de la Révolution. On apprend, entre autres, que, pendant l’hiver 1116-1117, il y avait des fraises mûres à Liège à Noël, des raisins mûrs le 30 juin 1282 à Limoges ou du blé en fleur mi-mars 1283 à Colmar. Imaginez des événements de ce type de nos jours ! Quant à la Révolution française, on soupçonne que le climat lui a servi de déclencheur. En 1787, l’été très chaud provoque l’échaudage des blés, entraînant une faible récolte, aggravée par une sécheresse sur tout le territoire. Le 13 juillet, un orage de grêle couvre le pays de l’embouchure de la Gironde jusqu’à Utrecht, avec des grêlons pouvant atteindre 600 g. Il s’ensuit une famine et des émeutes en 1788, jusqu’au soulèvement de 1789. De nos jours, ceux qui attribuent au seul climat tous les maux qui nous accablent devraient se souvenir de ces éléments !
Dans le dernier chapitre, Olivier Postel-Vinay rappelle la complexité des phénomènes naturels innombrables qui créent et modifient les climats : variations orbitales de la Terre par rapport au Soleil, cycles solaires, interaction entre glace, circulation océanique et variations du taux de gaz carbonique (CO2), position de la zone intertropicale de convergence qui favorise les sécheresses dans l’hémisphère nord quand il se refroidit.
Ce livre est une démonstration argumentée du fait que le climat n’a jamais été stable. Sa lecture relativise le « dérèglement climatique », terme répété quotidiennement par les médias.