9 Avril 2023
Le député Elie Califer, dont la réputation est plutôt celle d'un homme plutôt modéré, semble avoir été pertubé par les excès « syndicaux » dont certains avaient cru pouvoir ponctuer la crise ancienne qui trouble la vie du CHU de Guadeloupe, crise agravée par l'épidémie dite du COVID.
D'où ses commentaires qu'il faut bien qualifier d'excessifs et inoportuns et qui sont condamnés par diverses personnalités dans le communiqué qui suit. Le député Califer en a convenu en présentant ses excuses. Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre !
(Le Scrutateur)
Communiqué de presse :
Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie »
Quand un élu de la République « dérape » !
Pour qui consulte les réseaux sociaux, les assauts de celles et ceux qui prétendent apporter au
peuple guadeloupéen une supposée « réinformation », en mobilisant pourtant les outils de la
désinformation, de l’intox et de la manipulation, sont une réalité permanente et désolante, dont
le seul but est de « faire le buzz » au détriment de victimes quotidiennes. Toutefois, il y a
longtemps que la nécessité de vérifier les sources, les auteurs, les médias s’est imposée à
quiconque s’attache à construire un jugement sur la base d’une information loyale, fiable,
vérifiée ; à quiconque s’efforce de contribuer à éclairer les consciences et à renforcer un contrat
social partagé.
Notre collectif est donc particulièrement étonné quand il entend un élu de la République, un
parlementaire guadeloupéen, au cours de l’audition de la Présidente du collège de la Haute
autorité de santé (HAS) par la commission des affaires Sociales de l’Assemblée nationale, le 4
avril dernier, reprendre à son compte des ragots éculés au sujet du CHU de Guadeloupe, alors
qu’ils sont faux. Encore plus, quand il s’agit d’un ancien président de la Fédération Hospitalière
de Guadeloupe et ancien président du Conseil de surveillance d’un établissement public de
santé. La communauté hospitalière mérite mieux ! La Guadeloupe mérite mieux !
Lors de l’audition de Mme Dominique Le Guludec, présidente du collège de l’HAS, par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 4 avril 2023, M. Elie Califer, député de Guadeloupe, a tenu les propos suivants à propos de la crise sanitaire COVID : « Ce ne sont pas seulement les couloirs qui sont des couloirs de la mort, mais ce sont les hôpitaux [de Guadeloupe] qui sont des hôpitaux de la mort, car pendant cette crise on a débranché les gens pour accélérer leur départ parce que, tout simplement, on avait suspendu des soignants. Il n’y avait pas de soignant pour soigner, en plus il n’y avait pas d’oxygène,
il n’y avait rien pour soigner, les malades de la Guadeloupe. C’était une situation catastrophique. (…) nous avons eu, et ce n’est pas une lecture de territoire, des soignants qui ont cherché à soigner sans médicament, sans respirateur, et brusquement on les enlève de l’hôpital. Eh bien, un hôpital qui n’a pas de moyens ne peut que tuer ».
Les propos tenus par le député Elie Califer à l’Assemblée nationale accusant l’hôpital d’avoir
« tué » des patients sont absolument scandaleux, tant par leur niveau d’ignorance et de
désinformation que par les attaques abjectes portées contre l’ensemble du personnel hospitalier
du CHUG. Nous les condamnons fermement !
Non, la HAS n’est pas « un influenceur » qui serait sous influence... dont on salue les avis
quand ils arrangent mais qu’on décrie quand ils ne vont pas dans le sens de sa croyance. Cette
suspicion ne fait pas honneur à ceux qui la lancent.
Non, les soignant.es n’étaient pas suspendu.es pendant la catastrophe sanitaire du mois d’août
2021. Certain.es étaient en vacances ou en arrêt de travail, quand d’autres avaient répondu à la
mobilisation générale.
Non, on n’a pas « tué » au CHUG pendant la crise sanitaire ; au contraire des vies ont été
sauvées chaque jour par dizaines grâce à l’investissement acharné des professionnel.les
présent.es au CHU. Le service public a déployé tous les moyens disponibles (humains,
matériels, financiers, techniques), avec un engagement exemplaire de son personnel
(soignant.es, médecins, administratifs, technicien.nes) ainsi qu’avec la solidarité de celles et ceux
venu.es en renfort depuis l’Hexagone. Dans le respect des données avérées de la science. Dans
le respect du questionnement éthique. Sans cet engagement collectif, l’effet meurtrier de la
vague aurait été pire encore, et des centaines de personnes supplémentaires auraient pu perdre
la vie. Mais sans la vaccination et en l’absence d’une partie du personnel, le CHU s’est battu
contre un variant puissant (Delta) qui s’est engouffré dans les vulnérabilités des usagers et des
dispositifs de santé. Il a été débordé mais n’a tué personne et a tenu vaillamment pour sauver
le maximum de vies, en poussant les murs, en multipliant les lits, les apports d’oxygène, les
traitements, les techniques de réanimation, et en s’appuyant sur l’Etat pour organiser des
évacuations sanitaires uniques dans l’histoire de la santé publique.
Il ne suffit donc pas de répéter des dénonciations pour qu’elles soient des vérités et leur
propagation ne fait pas honneur à ceux qui les utilisent pour des fins peu avouables.
Le collectif demande aux élu.es de notre territoire de défendre les intérêts des
Guadeloupéen.nes, et notamment les conditions de leur bonne santé. Et donc d’apporter leur
confiance aux professionnel.les, leur confiance aux établissements de santé, leur confiance à la
science, y compris à l’un des cinq vaccins disponibles (dont deux ne sont pas à ARN messager)
qui auraient pu éviter une bonne partie des cas graves et des décès de 2021, et pourraient encore
protéger tant de personnes fragiles.
Il est grand temps de retrouver une Guadeloupe apaisée, et de se reconstruire collectivement
après cette pandémie qui aura provoqué tant de victimes, tant de souffrances, et tant de
dissentiments. Compte-tenu de l’évolution favorable de l’épidémiologie, la HAS a récemment
déclaré que même si elle recommandait encore fortement la vaccination contre le covid-19, elle
ne s’opposait plus désormais à la réintégration des professionnel.les de santé non vacciné.es.
Et le ministre de la santé s’est dit favorable à cette réintégration. Souhaitons que cette décision
attendue puisse permettre de résoudre ces tensions sociales qui n’ont que trop duré.
Les signataires du communiqué :
Tony ALBINA (enseignant), Rita AZAR (Journaliste), Jener BEDMINSTER (philosophe), Pascal
BLANCHET (professeur de médecine au CHUG), Mirette CALME (professionnelle du paramédical), Elizabeth
CHOMEREAU-LAMOTTE (enseignante retraitée), Michel CORBIN (architecte), David DAHOMAY (cadre
territorial), Jacky DAHOMAY (philosophe), Sonia DERIAU-REINE (enseignante retraitée), Danièle
DEVILLERS (haut fonctionnaire retraitée), Michel EYNAUD (psychiatre), Gilbert GENDREY (médecin),
Hervé GUIBERT (chirurgien dentiste), Elisabeth GUSTAVE (enseignante), Béatrice IBENE (vétérinaire), Bruno
JOFA (architecte), Christian JOLIVIERE (ancien directeur du CHUG), Viviane MELYON DEFRANCE
(médecin), Gilles MANUEL (vétérinaire), Rosan MONZA (artiste), Stéphanie MULOT (sociologue), Errol
NUISSIER (psychologue), Patrick PORTECOP (médecin, chef de service du SAMU au CHUG), Michel
REINETTE (journaliste), Pierre REINETTE (haut fonctionnaire retraité), Corinne SAINTE-LUCE (médecin), Georges VILA (enseignant retraité) .