Au prétexte de Toussaint Louverture : la démagogie Macronienne, avant-hier au Fort de Joux.

(I) Emmanuel Macron était jeudi 27 avril dans le Doubs au Château de Joux pour commémorer les 175 ans de l'abolition de l'esclavage en France, et rendre hommage à… Toussaint Louverture.



Que Toussaint Louverture fût un homme parfaitement estimable, personne n’en doute. Surnommé, paraît-il, Le Centaure tellement il faisait corps avec son cheval, il fut un grand soldat. Brave, efficace et stratège avisé, ses qualités militaires sont incontestables. Mais, c’est aussi contre la France, sa patrie au sens étymologique du terme, qu’il les exerça in fine, après un parcours tortueux (comme toute l’histoire d’Haiti depuis 1791 - et comme celle de la France entre le serment du jeu de paume et Waterloo).

Alors une fois de plus, nos politiques raisonnent comme des casseroles en allant à grand tintouin célébrer sa mémoire avec une arrière-pensée peut-être un peu glauque. Pour rendre hommage à ce que Césaire appelait sa négritude ? Allons, allons, c’est un peu court non ? Et un peu trop léger pour une ficelle si grosse.

Que Napoléon fût envers lui, cruel, injuste et parjure (si la parole donnée vaut - comme ce n’est plus le cas aujourd’hui - serment), c’est avéré. Mais tant que Larépublique ne rendra pas publiquement hommage à Louis XVI, à Marie-Antoinette, au petit Louis XVII ou tout simplement à Madame Élisabeth, ce motif ne vaudra pas un pet de souris.

Qu’il fut un héros de la cause anti-esclavagiste ? Rien n’est moins sûr. Au moins l’abbé Grégoire, ci-devant canaille, et Victor Schoelcher ne possédèrent jamais le moindre esclave. L’idée les eût révoltés. On ne peut pas en dire autant de Toussant Louverture qui, né esclave, puis affranchi, devint à son tour propriétaire d’esclaves - ce qui s’il avait été blanc l’aurait fait traiter d’esclavagiste. Jean-Jacques Dessalines, qui proclama l’indépendance d’Haiti le 1er janvier 1804, avant d’être son lieutenant avait été son esclave.

Toussaint Louverture, quoiqu’il en soit est un personnage majeur de l’histoire d’Haiti, c’est-à-dire de l’indépendance de Saint-Domingue, aujourd’hui terre de pauvreté, de désordre, de crimes et de malheur. Il en porte la responsabilité, et quand on compare le sort de cette colonie avec celui des autres Antilles françaises, on mesure à quel point Toussaint Louverture, figure historique de premier plan, fit fausse route en termes de postérité pour le plus grand malheur des Haïtiens eux-mêmes : l’histoire de leur pays fut particulièrement sanglante et dont la réalité aujourd’hui est l’une des plus dramatiques et des plus préoccupantes du XXIe siècle.

Toussaint Louverture est certes un personnage intéressant à maints points de vue, complexe, et une figure historique de tout premier plan. Trop, peut-être pour servir de faire-valoir au cinéma d’un opportunisme racialiste qui, justement, fut le point faible de l’épopée de Toussaint Louverture . Un Toussaint Louverture dont Napoléon - défait un jour par l’histoire - regretta le sort qu’il fit à cet homme fin et astucieux qui lui avait donné du fil à retordre et dont il pensait qu’il aurait peut-être dû faire lui confier les rênes de Saint-Domingue sous son autorité impériale.

Du bois d’ébène au bois d’aubaine ? 

Le nez de Cléopatre aurait pu changer la face de l’histoire en fonction de sa taille, et celui de Napoléon a pu manquer de flair - ironie de l’histoire, du côté de la Russie. Celui de Macron, que rien ne saurait incommoder, cherche le vent, n’importe quel vent. Et ce n’est pas demain que Manu-le-diable rendra hommage au duc d’Enghien. La politique se nourrit de crimes et de fautes - de ruses aussi, confesserait Talleyrand -, c’est bien connu. Mais aucun politique ne prendrait le risque d’attirer l’attention sur cette constante de l’histoire, tandis que l’opportunisme contemporain invite à faire feu de tout bois, et tout particulièrement du « bois d’ébène », comme on disait autrefois lorsqu’avait lieu le… commerce triangulaire, devenu bois d’aubaine pour des racialistes sans scrupules qui veulent insinuer qu’ils… combattent le racisme. Ce racisme au centre du commerce… triangulaire d’aujourd’hui, celui qui s’exerce autour de trois axes : la diatribe, le pouvoir et la communication. Lie and let die, disent les maîtres wokistes qui élèvent   aujourd’hui autour du

capitole, des oies et des moutons. Et tournez manèges.

Quand le chef de l’État ira-t-il à la forteresse de Pignerole honorer la mémoire de Fouquet, victime de la malveillance de Colbert et de l’injustice de Louis XIV afin de commémorer la parution de L’Esprit des lois, le chef d’oeuvre de Montesquieu ?

(II) Haïti : Généalogie d'un malheur, par le Scrutateur.

http://www.lescrutateur.com/2014/05/haiti-genealogie-d-un-malheur-par-le-scrutateur.html