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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

L Amour ! Zéphyr ou tourbillon ? Êtes vous d' accord avec Michel Zamacoïs ?

L Amour ! Zéphyr ou tourbillon ? Êtes vous d' accord avec Michel Zamacoïs ?
L Amour ! Zéphyr ou tourbillon ? Êtes vous d' accord avec Michel Zamacoïs ?
L Amour ! Zéphyr ou tourbillon ? Êtes vous d' accord avec Michel Zamacoïs ?

La légende du Zéphyr.

Il y a quelques années , j'étais à Paris, sur la fin de mes vacances de Pâques.
Je déjeunai, avec un vieil ami, guadeloupéen de la "diaspora", dans un excellent petit restaurant, tenu par un couple de jeunes arabes, très sympathiques, et plus soucieux de s'intégrer à la France par le travail, que par les multiples allocations de l'assistanat.
La viande (non halal) était excellente, et le petit vin aussi, même si sur ce plan nous n'avons pas trop poussé, puisque sur la fin du repas, au moment du café, mon ami, dont la mémoire est riche, me récita d'une traite le merveilleux poème que je ne résiste pas au plaisir de livrer à la lecture des amis du Scrutateur.
Sur un seul point l'ami défaillit. Il ne retrouva pas, et moi non plus, le nom de l'auteur.
Peut-être l'un d'entre vous chers amis, suppléra-t-il à notre carence, et, véritable Hercule Poirot de la poésie, nous le communiquera-t-il un jour prochain?
Il ne recevrait, il est vrai, comme récompence, ni un voyage en Chine, ni une épaisse liasse d'euros, comme dans les trop communs jeux télévisés, mais nos remerciements.


Le Scrutateur.


LA LÉGENDE DU ZÉPHYR

 


Le souffle qui remue imperceptiblement
Cette jeune glycine autour du vieux sarment
C'est l'âme d'un zéphyr dont je connais l'histoire
Pour l'avoir déchiffrée un jour dans un grimoire
Donc, jadis un zéphyr flânant, musant, rêvant
Entra dans un très vieux castel en coup de vent
Et léger, étourdi, frôla de son haleine
Une enfant de seize ans qui filait de la laine.
Ses yeux étaient du bleu de ce lac languissant
Dont il avait ridé la surface en passant.
L'enfant, pour rétablir la coquette harmonie
De l'ondulé repli d'une boucle fournie
Eut un geste du bras, de la main et des doigts
Si triste, si troublant et si chaste à la fois
Que le petit zéphyr, faiseur de pirouettes
Qui comptait ses amours au saut des girouettes
Coutumier du mensonge et gaspilleur d'aveux
Pour l'avoir vu passer ses doigts dans ses cheveux
Sentit qu'il n'aurait plus désormais d'autre reine
Que l'enfant de seize ans qui filait de la laine
Et dès lors, la fillette entraîna sur ses pas
Un amant éperdu qu'elle ne voyait pas.
Et lui fut tout heureux de pouvoir être encore
L'amoureux inconnu qui passe et qu'on ignore.
Dès qu'il apercevait ses beaux yeux rembrunis
Il courait lui chercher des chansons dans les nids.
Ne pouvant apporter toutes les fleurs en gerbe
Il allait lui cueillir des papillons dans l'herbe
Tous ceux des bois, des prés, des jardins, des bosquets
Et quand il avait fait doucement des bouquets
De rubis palpitant, de nacre, d'or ou d'ambre
Son souffle doucement les jetait dans la chambre.
Parfois jusqu'en Provence il allait voyager
Pour revenir plus lourd des parfums d'oranger.
A chacun de ses maux il avait un remède
Si la nuit était froide il se faisait plus tiède.
Si l'air était brûlant et le ciel orageux
Il rapportait du frais des grands sommets neigeux.
Quand elle avait un livre, effronté, comme un page
Il soufflait à propos pour lui tourner la page.
Puis, quand elle dormait dans son petit dodo
Le zéphyr doucement écartait les rideaux.
Il mêlait, pour avoir de son corps quelque chose
Son souffle au souffle pur de la bouche mi-close
Longtemps il contemplait l'harmonieux dessin
Des petits doigts dormant sur la rondeur du sein
Et tout énamouré, pour apaiser sa fièvre
Sans qu'elle eût à rougir la baisait sur les lèvres.


Hélas, un jour, vêtu d'un somptueux pourpoint
Un seigneur arriva que l'on n'attendait point :
Il était jeune et fier et venait d'Aquitaine
Pour épouser l'enfant qui filait de la laine.
Sa grâce, sa beauté, quelques riches présents
Sans peine eurent raison de ce cœur de seize ans.
Après de grands saluts et des compliments vagues
On parla mariage, on échangea des bagues.
Si parfumés qu'ils soient, que peuvent les zéphyrs
Contre les cavaliers qui donnent des saphirs
Des perles, des colliers ? En souffle de tempête
Le zéphyr se rua sur le castel en fête.
Pendant des jours, des nuits on l'entendit hurler
Secouant les vieux murs pour les faire écrouler
Et le jour où l'on fut en cortège à l'église
Tour à tour aquilon, bourrasque, orage ou bise
Pour qu'on n'en jetât pas en chemin par monceaux
Il effeuilla d'un coup les roses des berceaux.
Enfin, suprême espoir, pendant le Saint Office
Il tenta de sécher le vin dans le calice.
Et malgré les efforts du vieux sonneur très las
Força la grosse cloche à ne sonner qu'un glas.
Et puis, il entreprit une effroyable ronde
Pour aller se grossir des tempêtes du monde
Et, terrible, fauchant les pays traversés
Revint au vieux castel après deux ans passés.
Il allait l'emporter comme un fétu de paille
Quand, dans les flancs joyeux de la frêle muraille
Plus facile à briser qu'un tout petit rosier
Il vit un nouveau né dans un berceau d'osier.
Dans les yeux de la mère il lut tant d'espérance
Qu'il frémit au penser des possibles souffrances.
Et, vaincu, terrassé par l'amour triomphant
Rendit l'âme en soufflant sur un moulin d'enfant
Exhalant à la fois et sa vie et sa haine
Aux pieds de la maman qui filait de la laine.


 

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