21 Décembre 2022
Je n'ai pas de haine à l'encontre du président Macron, ni de mépris. Mais je m'oppose à sa « politique », à son style calamiteux pour un chef d'Etat. Surtout dans un pays comme la France formé, entre autres par des chefs comme St-Louis, Louis XIV, Napoléon 1er, Clémenceau, et Charles de Gaulle. Ces hommes là firent don de leurs personnes au pays qu'ils constituaient peu à peu. Or « l'idole » de la France (idole ici selon l'expression de Ronsard, c'est à dire l'image de la France) s'est peu à peu détériorée pendant la révolution de 1789, puis sous la troisième République (surtout sur sa fin) et la quatrième. Peu à peu la mystique nationale s'est effritée sous la montée des idéologies consuméristes et politiciennes. En 1946, les survivants de la troisième République, renvoyèrent le général à Colombey-les-deux-églises jusqu'au jour où, guerre d'Algérie aidant, ils allèrent chez de Gaulle pour le supplier de revenir au pouvoir.
Ce que fit le général en instituant la Vème République. Je ne suis pas un gaulliste inconditionnel, et je ne donne pas à sa politique une approbation sans réserves.
Mais force est de constater qu'il a rétabli l’Etat, et arraché la France à un déclin qui en 1968 apparaissait définitif.
Mais les enragés de cette idéologie du déclin n'avaient pas remisés leurs poignards et leur « idéal » a relevé la tête, et se trouve depuis François Hollande et Emmanuel Macron à des sommets inquiétants.
L'autorité ne va pas sans prestige que de Gaulle définissait ainsi dans son livre « Le fil de l'épée » :
… « Tout d’abord, le prestige ne peut aller sans mystère. Car on révère peu ce qu’on connaît trop bien. Il faut donc que dans les projets demeure un élément que les autres ne puissent saisir, et qui les intrigue, les émeuve, les tienne en haleine ;
Non que l’on doive s’enfermer dans une tour d’ivoire, ignorer ses subordonnés, leur demeurer inaccessible, bien au contraire. Mais à la condition qu’on joigne un système à ne point livrer, quelque secret de surprise. Une pareille réserve de l’âme ne va point sans celle des gestes, et des mots. L’importance de l’attitude (a conduit) les grands à ménager avec soin leurs interventions : César mesurait ces gestes publics. Napoléon avait le souci de se montrer toujours dans des conditions telles que lesLisons ce texte e »prits en fussent frappés. La sobriété du discours accentue le relief de l’attitude. Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles, prudence des sages et esprit des sots. Il y a, du silence à l’ordre, comme une correspondance Nécessaire. Le chef crée le calme et l’attention pourvu qu’il se taise. Aussi l’instinct des hommes désapprouve le maître qui prodigue les phrases. Imperatoria brevitas. L’autorité se ronge elle-même dans la vague des papiers et le flot des discours. Aucun de ceux qui accomplirent de grandes actions ne les ont dirigées dans le bavardage ».
Relisons ce texte magistral et nous comprendrons que Macron n'est pas digne du pouvoir qu'il exerce.
J'achève ici ces quelques lignes d'introduction à un texte que j'approuve de l'ancien magistrat Philippe Bilger, homme pourtant connu pous sa modération.
Il dit de Macron ce qu'il convient de dire.
Le Scrutateur.
Pour tout dire, il y avait presque quelque chose d'obscène dans cette représentation inopportune à cet endroit et à ce moment. Sa présence occultait l'essentiel qui était KM à cet instant, son désir de solitude, le courage de retenir son émotion - dans les bras de son père plus tard il l'a libérée -, la frustration d'avoir été exceptionnel en donnant d'abord le signal du sursaut puis en marquant trois buts plus un tir au but et d'avoir cependant échoué de si peu avec son équipe.
Que venait donc faire le président de la République, indiscret, vibrionesque, dans cette épreuve ? Il n'avait rien, en tout cas, d'un roi thaumaturge - lui - se penchant sur Achille - Mbappé- selon la comparaison ridicule faite dans un tweet par BHL égaré par un excès de culture !
On avait bien compris que la victoire l'aurait exalté au point de se croire le héros du stade. Il fallait bien que la défaite lui servît à quelque chose : à se montrer compatissant dans un exhibitionnisme de mauvais aloi.
Dans les vestiaires, ce fut pire ou autre chose.
Est-il vrai que Didier Deschamps aurait demandé l'intervention du président ? Toujours est-il qu'Emmanuel Macron, s'étant imposé ou non, s'est lancé dans un propos aux banalités volontaristes, comme s'il était non pas président mais entraîneur après la défaite de son équipe ! Propos par ailleurs étrange, superficiellement sportif mais profondément politique voire partisan puisque toutes les phrases roboratives, laissant espérer autre chose après cet amer passé immédiat, étaient à double sens. Sans forcer le trait, elles pouvaient aussi bien le concerner lui, que les joueurs abattus mais à l'écoute.
De l'ensemble de ces prestations en ressort l'impression que le président, après avoir averti quelques jours avant qu'il ne fallait pas politiser la Coupe du monde, n'a pas hésité à le faire, en s'invitant dans l'univers des sportifs plus qu'il n'avait été invité à le faire et en politisant lui-même, à sa manière narcissique et extravertie, KM et l'équipe de France.
Il s'est servi de lui et d'elle : on n'a vu que lui.
Revenons, pour conclure, place de la Concorde le 19 décembre au soir. Rappelons-nous aussi Jacques Chirac exultant en 1998 alors qu'il ne connaissait rien au foot, avec une apparence et une sincérité qui montraient que seul l'orgueil de la France lui importait et non la vanité présidentielle.
Pourquoi l'omniprésence du président de la République, le soir de la finale perdue par les Bleus au Qatar, a-t-elle exaspéré plus d'un Français ?
Je préfère laisser de côté le coût incroyablement dispendieux à tous points de vue de ce dernier voyage au Qatar: rien n'est trop beau ni trop cher pour la façade d'une présidence éprise de l'international, sous tous ses registres, comme autant de distractions de l'essentiel : une France qui va mal.
Pour répondre à mon interrogation initiale, et par comparaison, il suffit de se reporter à la liesse populaire place de la Concorde. Au moins 50 000 personnes acclamant Didier Deschamps et l'équipe de France, titulaires et remplaçants, comme s'ils avaient gagné... au point de les étonner, et bien sûr de les ravir ! Le propre de cette ferveur collective est que, quasiment improvisée, elle était exclusivement consacrée à rendre hommage à ceux auxquels elle était dédiée.
Cette multitude dans le froid et l'enthousiasme était tout entière tournée vers ces footballeurs au sein desquels Kylian Mbappé (KM) était présent, avec presque une gêne et une timidité touchantes. Ces Bleus ne se rengorgeaient pas face à cette allégresse, elle les surprenait. Pas une once de comédie, de la sincérité brute et de la fidélité admirative transmises par leurs supporters.
Ce qu'on a entendu dans les vestiaires de l'équipe de France, ce qu'on a vu sur le terrain le 18 décembre était aux antipodes de cette simplicité et de ce bonheur collectif. Le narcissisme présidentiel a joué à plein.
Emmanuel Macron, d'une manière au fond condescendante et en tout cas ostentatoire, cherchait à consoler KM tout entier dans sa tristesse et qui a semblé attacher plus d'importance à la tape amicale du goal argentin qu'aux démonstrations surjouées du président. À l'évidence celui-ci cherchait à s'incorporer tout ce qu'il y avait eu de magique dans le comportement de notre sportif d'exception. Il se regardait le tenant, il s'écoutait lui parlant, il jouait au président de la République. Parce que sa place n'était pas là, il créait un malaise ; sa passion authentique du foot ne justifiait pas ces débordements de subjectivité seulement voués à l'illustrer, lui, dans ce rôle de consolateur.
Pour tout dire, il y avait presque quelque chose d'obscène dans cette représentation inopportune à cet endroit et à ce moment. Sa présence occultait l'essentiel qui était KM à cet instant, son désir de solitude, le courage de retenir son émotion - dans les bras de son père plus tard il l'a libérée -, la frustration d'avoir été exceptionnel en donnant d'abord le signal du sursaut puis en marquant trois buts plus un tir au but et d'avoir cependant échoué de si peu avec son équipe.
Que venait donc faire le président de la République, indiscret, vibrionesque, dans cette épreuve ? Il n'avait rien, en tout cas, d'un roi thaumaturge - lui - se penchant sur Achille - Mbappé- selon la comparaison ridicule faite dans un tweet par BHL égaré par un excès de culture !
On avait bien compris que la victoire l'aurait exalté au point de se croire le héros du stade. Il fallait bien que la défaite lui servît à quelque chose : à se montrer compatissant dans un exhibitionnisme de mauvais aloi.
Dans les vestiaires, ce fut pire ou autre chose.
Est-il vrai que Didier Deschamps aurait demandé l'intervention du président ? Toujours est-il qu'Emmanuel Macron, s'étant imposé ou non, s'est lancé dans un propos aux banalités volontaristes, comme s'il était non pas président mais entraîneur après la défaite de son équipe ! Propos par ailleurs étrange, superficiellement sportif mais profondément politique voire partisan puisque toutes les phrases roboratives, laissant espérer autre chose après cet amer passé immédiat, étaient à double sens. Sans forcer le trait, elles pouvaient aussi bien le concerner lui, que les joueurs abattus mais à l'écoute.
De l'ensemble de ces prestations en ressort l'impression que le président, après avoir averti quelques jours avant qu'il ne fallait pas politiser la Coupe du monde, n'a pas hésité à le faire, en s'invitant dans l'univers des sportifs plus qu'il n'avait été invité à le faire et en politisant lui-même, à sa manière narcissique et extravertie, KM et l'équipe de France.
Il s'est servi de lui et d'elle : on n'a vu que lui.
Revenons, pour conclure, place de la Concorde le 19 décembre au soir. Rappelons-nous aussi Jacques Chirac exultant en 1998 alors qu'il ne connaissait rien au foot, avec une apparence et une sincérité qui montraient que seul l'orgueil de la France lui importait et non la vanité présidentielle.