7 Août 2022
Je publie cet extrait d'un article de Causeur rédigé à la suite du récent voyage du président de la République en Afrique.
Ce continent, réveillé au XIXème siècle par la colonisation n'a pas de chance. Si les colonisations anglaise et surtout française connurent des aspects négatifs, les peuples colonisés , secoués par la modernité d'alors n'en commencèrent pas moins par s'ébrouer. Après les deux guerres mondiales les Etats Européens affaiblis se retirèrent peu à peu. Leurs anciènnes colonies n'étaient pas en mesure de continuer sur leur lancée, et sont en voie de recolonisations diverses, principalement par la Russie et par la Chine.
Peut-être pourraient-elles s'allier avec les Européens, surtout les Français. C'est la voie que devraient suivre les récents hôtes de Macron. Mais de quels poids pèsent les griots africains face à la Russie et à la Chine du gentil Xing-Ping.
L'histoire demeure fidèle à sa ligne : le tragique. (LS).
Au-delà du sujet sécuritaire et des hydrocarbures, la mémoire de la colonisation a été évoquée lors de ces déplacements. Sommes-nous encore considérés comme une puissance coloniale, ou comme un allié par ces pays ?
Il y a une instrumentalisation complète de la mémoire coloniale en Afrique. Mais elle est faite en réalité d’abord en France par des Français d’origine africaine, et souvent idéologisés par des Français d’origine non-africaine… mais assurément d’extrême gauche ! Cette propagande peut ensuite être reprise par des dirigeants africains à des fins électoralistes. On voit pourtant que tous ceux qui dénonçaient, lors des élections, le Franc CFA comme un symbole néocolonial, n’en sont jamais sortis ! J’ai écrit un petit livre à ce sujet. Le président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, est resté dix ans au pouvoir avec le Franc CFA. Lorsqu’il s’est retrouvé en difficulté, il a craché sur cette monnaie en disant que la France serait un nain financier sans le Franc CFA. Je rappelle juste que la zone franc, c’est 0,79% de notre commerce extérieur… Les Africains ont donc évidemment plus besoin de nous que nous d’eux économiquement. Et le Franc CFA reste la monnaie la plus stable du continent. C’est donc un argument démagogique qui permet soit de rassembler des foules, soit de faire pression sur des élites françaises ignares qui ont peur de passer pour des néo-colons !
Le sujet qu’il faut aborder avec les Africains, c’est la réalité des interdépendances. Nous avons une interdépendance sécuritaire avec le continent le plus proche du nôtre, et eux ont une interdépendance économique avec nous. Les problèmes socio-économiques des Africains sont exploités par la Russie et la Chine. Nous, Européennes, qui sommes leurs plus proches voisins, nous avons intérêt à ce qu’ils diversifient leur économie. Nous avons intérêt à ce que les économies primarisées des pays Africains sortent de la dépendance au pétrole, au gaz et aux matières premières comme le cacao, le coton, la bauxite ou les ressources halieutiques.
Comment la restitution d’œuvres artistiques culturelles au Bénin a-t-elle été accueillie ?
On a vu quelques commentateurs béninois qui étaient en désaccord avec cette idée, pour la simple raison qu’il faut des moyens matériels pour conserver les œuvres ! Si on est vraiment attaché à ces œuvres, il est en effet peut-être parfois plus prudent qu’elles ne soient pas sur le continent africain. Et si, dans une prochaine mandature, ces œuvres se perdaient, que dira-t-on alors ? Le pouvoir est si fragile. Évidemment, en attendant, seule une élite béninoise pourra aller les voir, mais c’est un autre sujet.