3 Juin 2022
J'aime cet article de Phjilippe Bilger, et j'en fais mien la substance à une réserve près. Je ne suis pas persuadé que cet honnête homme ait raison de croire que les Français soient opposés radicalement à l'intauration en France d'une monarchie où ce qu'il peut y avoir de fécond dans la modernité serait encadré et tempéré par la tradition. C'était le projet du général de Gaulle en créant la cinquième république, hélas contrecarré par Giscard d'Estaing, Hollande, Macron et la tourbe des Idéologues dits républicains. Et ces gens là les ripoux-blicains, s'acharnent à faire oublier, par les canaux de la propagande, (et jusque par la vassalisation de l'école) la vérité sur l'histoire de France qui fut d'abord catholique et royale pendant plus de huit siècles avant d'être tourneboulée par des idéologues qui ont tout fait pour transformer le pays en une sorte de cour des miracles dont Victor Hugo dans son roman Nôtre Dame de Paris nous offrit un portrait savoureux et terrible. Cela dit, et bien qu'un grand pays ne meurt pas, comme cela, par les incantations morbides d'aigrefins turpides, une restauration d'une forme de monarchieen France, sauf miracle improbable parait difficile.
Aussi nous contenterons-nous de psalmodier avec tant et tant de nos compatriotes : « vive la reine … d'Angleterre » !
Le Scrutateur.
L'herbe est toujours plus verte ailleurs, je le sais.
Je n'ignore pas ce que la royauté britannique a de différent d'avec la République française. Même si, malgré un mode de gouvernement qui semble l'exclure des prises de décision, la monarchie est beaucoup moins déconnectée qu'on ne le dit des grands enjeux de la politique du pays.
Je n'éprouve pas non plus une passion pour les monarchies même si je devine, sans m'en moquer, les raisons qui peuvent pousser certains à militer en faveur du retour (inconcevable) de la royauté en France. Par dérision je ne serais pas loin de penser que l'abus du nom République et de l'adjectif républicain mis à toutes les sauces, comme si l'Histoire de la France n'avait commencé qu'en 1789, n'a pas été sans conséquence sur une sorte de trouble nostalgie de siècles, jusqu'à la décapitation de Louis XVI, qui n'ont pas été à jeter tout entiers dans les poubelles de l'Histoire.
Cette attitude qui n'est sans doute pas majoritaire explique en tout cas pourquoi tant de Français considèrent avec infiniment de respect la reine Elisabeth II dont on va fêter durant quatre jours le jubilé pour ses 70 ans de règne.
Je relève avec quel soin et quelle profonde délicatesse collective les cérémonies ont été organisées. Avec d'abord l'apparition de la Reine le 2 juin sur le balcon de Buckingham Palace en compagnie de 17 membres de la famille royale (dont elle a su écarter les êtres indignes de cette représentation) jusqu'à par exemple une immense réception où ont été conviées 5 000 personnes dont les métiers ont été "essentiels" au cours de la lutte contre la pandémie.
On aurait aimé que le palais de l'Elysée abritât ceux qui ont honoré la France de la même manière au lieu d'être pour l'essentiel un lieu de manoeuvres et de stratégies politiciennes.
Aussi, quand le président de la République envoie un message de félicitations à la Reine au nom de tous les Français, donc au mien, je suis persuadé pourtant que nous n'admirons pas la Reine pour les mêmes motifs. Je doute de lui dans la manière dont il conçoit son rôle, notamment pour les manifestations qu'il organise, la qualité des fêtes que le couple présidentiel célèbre et le choix de ceux qu'il met en lumière et promeut.
J'aime précisément chez Elisabeth II le contraire de ce qui m'irrite dans la "monarchie républicaine" française. La majesté, l'allure, la tenue, la constance, le respect de principes, de valeurs qui ne se sont jamais laissés gangrener par une fausse modernité, un éclat délétère. Les rituels qui pour être emplis de classe et de majesté, n'ont jamais été privés d'émotion. Une incroyable rectitude a animé cette personnalité exceptionnelle n'ayant jamais commis la moindre erreur et dont les prétendues maladresses, voire indifférences - à la mort de la princesse Diana par exemple - n'ont été que de parfaites intuitions sur ce qu'il convenait de faire ou de ne pas faire dans le présent pour ménager le futur.
Ce n'est jamais un hasard quand une telle adhésion mondiale s'attache à une personnalité rien moins que progressiste. Elle est en effet respectée parce qu'elle tient, tel un roc, sur une pente intelligemment et dignement conservatrice. Son comportement au long des années, face au meilleur comme au pire, aux bonheurs comme aux infortunes, a été exemplaire, sans exhibitionnisme ni sécheresse.
Ce consensus qui fait qu'on se passionne pour un événement tellement éloigné de nos préoccupations quotidiennes, la stabilité impressionnante de cette royauté ayant résisté à tout, démontrent que nous avons tous, où que nous vivions, qui que nous soyons, besoin d'admirer. De nous plonger avec allégresse dans un destin qui devrait nous servir d'exemple, sur le plan humain et moral. Les différences entre les conditions sociales comptent pour rien dans notre familiarité admirative avec la Reine et ses 70 ans de règne.
Peu importe les ricanements, je persiste : j'admire la Reine. Et je doute du Président.
Philippe Bilger.