12 Mai 2022
Hélas ! La célébration (Les célébrations) de l'abolition de l'esclavage, en Europe, et pas ailleurs, parfois jusqu'au jour d'aujourd'hui (hélas ! notamment en Afrique), est prétexte à une prolifération de pseudo manifestations marquées par la volonté le plus souvent de triches hystériquement haineuses parfois (mais parfois seulement!) destinées à exaspérer des complexes, notamment d'infériorité (justifiés ou non).
L'une des missions du Scrutateur est d'apporter des informationsexactes, et … bonnes pour la santé.
L'article qui suit est l'oeuvre de Frédéric Régent, historien guadeloupéen et professeur à la Sorbonne. Article publié par la revue d'histoire Hérodote. (Hérodote, un grand Grec, et l'un des fondateurs de la science historique).
Le Scrutateur.
(https://www.herodote.net/Honte_ou_fierte_-synthese-3168-123.php)
La France a aboli deux fois l’esclavage dans ses « vieilles colonies » héritées du premier empire colonial. La première fois, ce fut le 4 février 1794, de façon partielle et éphémère, et la seconde, de façon générale et définitive, le 27 avril 1848. À la suite de cette dernière, un patronyme a été attribué à tous les esclaves sur des bases généralement arbitraires.
Ce patronyme s’est perpétué ensuite, de génération en génération, et aujourd’hui encore, plus d’un siècle et demi après, les descendants des anciens esclaves se demandent quoi penser de ces noms de famille chargés de lourds souvenirs (le mot « patronyme » est délaissé depuis la loi Gouzes du 4 mars 2002).
Avant l'abolition, les esclaves étaient seulement désignés par leur prénom, tout comme d’ailleurs les habitants de la métropole et de l’Europe en général aux premiers siècles du Moyen Âge.
En France, les noms de famille ou patronymes, légués de génération en génération, sont apparus seulement au XIIe siècle. Comme tout un chacun, les esclaves recevaient donc un prénom au moment du baptême. Ces prénoms étaient simples et courts. Les diminutifs comme Annette, Toinette, Mariette, Thérésine étaient couramment utilisés.
En Guadeloupe, avant 1848, les prénoms les plus répandus étaient les mêmes que ceux employés par exemple dans le Beauvaisis au XVlIIe siècle : Pierre, Marie, Joseph, Françoise, Jean-Baptiste, Catherine, Jacques, Marguerite, Louis, etc.
Cependant, nous constatons une bien plus grande variété des prénoms en Guadeloupe que dans la province citée. En Guadeloupe, les dix prénoms les plus répandus concernaient au total 19,5% des hommes et 14,7% pour les femmes, contre pas mois de 73,6% des hommes et 69,7% des femmes dans le Beauvaisis.
Les prénoms étaient incomparablement plus variés aux Antilles qu’en France. Cela peut s'expliquer par l'absence de patronyme qui obligeait les maîtres à puiser dans un stock de prénoms plus large pour mieux identifier leurs esclaves.
Lorsque plusieurs esclaves portaient le même prénom sur une « habitation » (plantation), une précision d'ordre physique (petit, grand, gros), d'âge (jeune, vieux) ou d’origine (ibo, congo) leur était ajoutée : « Jeune Pierre », « Vieux Pierre », « Pierre Ibo », « Pierre Congo ». C’est, notons-le encore, un principe similaire qui a présidé à l’attribution des patronymes au Moyen Âge.
Le choix du prénom différait selon que les esclaves sont nés en Guadeloupe ou en Afrique, avec plus d'originalité pour les nègres nouveaux que pour les créoles ou natifs. Certains baptisés venus d'Afrique s'appelaient ainsi Passiphique, Ustache, Tranquille, Charlaude, Adeleson ou encore Sarprise.
Cette plus grande variété peut s'expliquer par le fait que, baptisés à l'âge adulte, ces esclaves présentaient des traits de caractère ou physiques à l'origine de leur dénomination comme Abandonnée, Africain, Bagatelle, Balaou, Bijou, Bonnaventure, Bon prix, Carnaval, Ébène, Égyptienne, Jolicœur, Laconstance, Ladouceur, Lafortune, Manioc, Musique, Soleil, Sosie, Tardive ou Trahison.
Ces sobriquets n’étaient pas forcément leur prénom de baptême et d'ailleurs, l'utilisation de surnoms est très répandue. L'origine de certains prénoms ou surnoms semble proprement africaine ou musulmane comme Acoye, Calamba, Fara, Fatime, Fouloubangou, Kouachi, Macoya, Malik, Mahomet, Maquimbé, Mansinga, Ouanoua, Quinola, Sambas, etc. La possibilité de conserver son prénom d'origine pouvait résulter de la magnanimité du maître ou de la volonté de l'esclave de conserver son identité.
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