9 Mai 2022
Photo ciblée lors de l'intronisation de Macron pour son deuxième quinquenat : à gauche Groland égal à lui-même, puis Nicola Sarkozy menton d'autant plus mussolinien qu'il fait acte de soumission à son nouveau maître, et enfin "à l'extrême droite, horresco referens! la grosse de la culture, innomable. Il n'aurait pas fallu s'il vivait encore, inviter Charles Trénet. Vous voyez le gus interpréter "y a d'la joie"?
Oui, il finira par comprendre. D'ailleurs il est sur le bon chemin. J'ai failli écrire « en marche », mais j'aime bien monsieur Philippe Bilger, cet ancien magistrat honnête et intelligent, mes lecteurs le savent, dont j'attends le retour à la droite. Cet homme de ma génération a longtemps voté « à droite » c'est-à-dire pour le RPR (airepéaire comme disait Charles Pasqua). Il a continué jusqu'à Sarkozy qui avait donné quelques illusions, qui pour moi s'évanouirent très vite. Sarko très vite, en effet, avait levé ces illusions, ce qui lui valu l'échec face (et ça il fallait le faire!) à Grosland le dérisoire, dont on connait la mise aux oubliettes par ses propes militants et au petit Macron. Petit, mais soutenu par de grosses pointures internationales et … financières.
Micron qui n'a de français que le fait qu'il est né en France.
Aujourd'hui le « gamin » (appellation non controlée) a pris du plomb, il a passé de justesse grâce à … l'assistance internationale, les gens du G7 et d'abord les Américains et leur « leader l'ineffable Biden.
Bilger a beau être intelligent, et honnête, je crois, il commence des années après son ami scrutateur, a comprendre. Il est écoeuré et ses paupières se dessillent semble-t-il.
L'article est de lui, que je publie ci-dessous. Il n'y transcrit pas son chemin de Damas, pas encore. Mais il est sur la voie.
Il ne faut jamais désespérer.
(Le Scrutateur).
(https://www.philippebilger.com/blog/2022/05/et-la-france-en-peine-o%C3%B9-est-elle-.html ).
Que ce billet soit considéré comme populiste, voire démagogique est tout à fait possible et je l'assume.
Depuis la réélection d'Emmanuel Macron le 24 avril et cette forme de subtil sadisme présidentiel qui fait patienter le Premier ministre, les ministres, les forces politiques du pays comme la communauté nationale, on ne peut pas dire que l'esprit républicain ne soit pas respecté mais pourtant je m'interroge : où est la France en peine ?
On a été les témoins, heureux ou indignés selon nos convictions, de la domination de LFI inspirée par un Jean-Luc Mélenchon prenant sa revanche après tant de frustrations. Les autres partis de gauche se soumettant peu ou prou aux diktats d'un programme d'extrême gauche pour sauver les meubles avant les élections législatives du mois de juin, en oubliant la pureté de leurs principes socialistes, écologiques et communistes. Pourquoi pas après tout ? Il ne faut pas se moquer d'un Créon qui ne pouvait plus se permettre d'être Antigone mais cependant je m'interroge : où est la France en peine ?
La République en marche est devenue Renaissance, on a vu un trio feignant une parfaite concorde : Richard Ferrand, François Bayrou et Edouard Philippe, apparemment heureux d'avoir sauvegardé leur autonomie dans une structure globale qui, paraît-il, ne les ligotera pas. Le président de la République, qui n'a pas eu le temps de débattre avant le premier tour, se penche attentivement sur la liste de "ses" candidats pour les législatives à venir et il donnera son aval. Il n'y a rien, dans cette emprise et cette vigilance, de particulièrement choquant mais j'ai le droit de m'interroger : où est la France en peine ?
On continue d'annoncer la mort de LR. Nicolas Sarkozy a déserté, il a rejoint le camp d'Emmanuel Macron et Valérie Pécresse a a bien fait de refuser son don humiliant. Il y a des personnalités qui dans la tourmente tiennent bon et portent haut et fort l'honneur d'une identité qui n'a pas sombré au prétexte qu'elle a été mal défendue durant la campagne présidentielle. D'autres ont trahi en simulant une compatibilité entre le macronisme victorieux et la droite républicaine. Rien de dramatique dans tout cela, il y a des combats apparemment désespérés qui sont les plus beaux parce qu'ils ne peuvent que faire gagner demain mais je suis enclin à m'interroger : où est la France en peine ?
La cérémonie d'investiture pour, selon Emmanuel Macron, "un président nouveau et un mandat nouveau", a eu lieu le 7 mai et le formalisme républicain, dans son rituel, sa solennité à la fois civile et militaire, a battu son plein face à une assistance hétérogène où se mêlaient des personnalités à la présence évidente et des artistes et people dont on pouvait se demander ce qu'ils faisaient là, probablement des choix du couple présidentiel. Des salutations longues, familières, affectueuses du président, des embrassades avec Alexis Kohler et François Bayrou, avec ses parents, les enfants et la famille de son épouse, rien que de très doux et sympathique mais me lancinait cette interrogation : où est la France en peine ?
Le sourire et l'émotion du Premier ministre qui probablement sera remplacé, le visage des ministres, cette multitude politique questionnant de quoi demain sera fait, les ambitions et les inconditionnalités mélangées, deux anciens présidents de la République, l'un tout heureux de sa complicité délétère avec Emmanuel Macron, l'autre parvenant à sembler cordial face à celui qui l'avait trahi, rien que de très usuel dans l'univers de la monarchie républicaine, de ses grandeurs et de ses coups fourrés mais je continue à m'interroger : où est la France en peine ?
J'ai entendu le discours d'une dizaine de minutes du président réélu après l'annonce des résultats par le président du Conseil constitutionnel s'étant trompé dans les chiffres ! On a eu droit de la part d'Emmanuel Macron à ce qu'on attendait, une dénonciation du repli et de la France qui n'avait pas voté pour lui tout en prônant l'exigence du rassemblement. Tout sera nouveau, il y aura de l'action, mais j'ai eu beau chercher, écouter avec intérêt et impatience, rien ne m'est apparu qui mette le peuple au centre, rien n'a fait surgir cette France en peine qui n'en peut plus d'avoir été oubliée durant cinq ans et qui craint de le rester.
Et ce n'est pas cette brillante et disparate péripétie démocratique d'avant, enfin, l'empoignade avec le réel multiforme qui de partout fait peur, qui nous rassurera.
Je sais, ma conclusion va faire mauvais genre, mais au milieu de tant de pompe, de grâces républicaines, des hommages qu'un pouvoir renouvelé se rendait à lui-même, considérant le garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur, je ne suis pas parvenu à oublier qu'à Nancy, un homme qui avait poignardé à 82 reprises sa victime avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et que bénéficiant d'une libération conditionnelle au bout de 11 ans, il avait été mis en examen tout récemment pour viol. J'ai conscience que ce scandale judiciaire et pénitentiaire ne va indigner que la France profonde, celle que la cérémonie d'investiture a veillé à ne pas inviter. On préfère rester entre soi. Mais je ressasse mon angoisse.
La France en peine, où est-elle ?
Philipp Bilger.