11 Avril 2022
J'ai voté pour Eric Zemmour, et au second tour, je voterai pour Marine Le Pen.
J'ai donc voté pour Zemmour. Pourquoi ? Parce que lecteur de ses livres, auditeur de ses prestations télévisées, contre forte-partie souvent, j'ai apprécié sa culture et sa lucidité sur les causes de la lente dégradation de la France sur les plans culturel, politique et social.
Dès qu'il se fut déclaré candidat à la présidence de la République je craignis, - et l'écrivis ici même, - qu'il ne s'ensuivit des oppositions destructrices, peut-être irréparables pour les idées du camp dont, comme madame Le Pen Zemmour se réclamait.
Et de fait il y eut des escarmouches qui auraient pu être irréparables si au second tour, sur la clairvoyance n'avait prévalue sur la rancune et la jalousie.
Grâce à sa claivoyance ; et à son honnêteté, Zemmour a fait prévaloir sur l'amour propre blessé, le sens de l'intérêt national. Je voterai donc pour Marine Le Pen. Je l'aurais fait de toute façon.
Sur l'échec, relatif de Zemmour (mais il faut être honnête, il devance tous les autres concurrents - à l'exception de Mélenchon – y compris la malheureuse candidate des LR, parti qui n'a pas même recueilli 5% de l'électorat).
Et nost'homme, va sans doute fonder le parti politique de vraie droite , différent, mais complémentaire du RN, dont la France a besoin, avec l'enrichissement de l'expérience qu'il vient de faire. Car une campagne électorale exige d'autres qualités pour être entendue de l'électorat dans son ensemble, que celles qui sont exigées d'un conférencier dans un amphithéâtre universitaire.
Il y a quelques jours, une dame que je connais, électrice « de droite », me téléphonait pour savoir ce que pensais de tout ça. Comme je lui disais ma détermination de voter pour Zemmour au premier tour, elle m'interrompit « voter pour Zemmour, cet homme qui fait un doigt d'honneur à une femme qui lui en avait fait un, vous n'y pensez pas » !
Eh oui, je ne sais si la politique est une science, je crois plutôt qu'elle est un art, et un art difficile, façilement transmutable en démagogie !
Je cite ci-dessous un article fort juste que je vous incite, chers amis, à lire.
Le Scrutateur.
Après une campagne tonitruante, le candidat de la remigration réalise un score décevant, qui cependant était prévisible. Analyse.
(https://lincorrect.org/la-chute-du-z/ )
Il n’y avait pas de « vote caché ». Eric Zemmour n’a recueilli qu’autour de 7 % des voix, conformément à la prévision de Jacques de Guillebon, le directeur de la rédaction de l’Incorrect, dans l’éditorial du numéro d’avril. Comme quoi un intellectuel assis, à qui l’on reprochait de se contenter de jouer les commentateurs désabusés, peut avoir raison sur les plus fins stratèges autoproclamés. Fin de la parenthèse.
Éric Zemmour n’a pas seulement pâti de l’invasion russe de l’Ukraine et de ses prises de position passées et présentes – le refus honteux en même temps que politiquement suicidaire d’accueillir les réfugiés ukrainiens –, mais aussi de sa constante dé-présidentialisation au fur et à mesure que la campagne avançait. Autant, dès le meeting de Villepinte, début décembre, il avait réussi, et avec quelle maestria, à endosser le costume de l’homme d’État que les Français de droite attendaient, autant, le mois de février étant venu, il apparut évident qu’il ne parvenait pas à tenir le rôle sur la durée. Le commentateur avait repris le dessus sur l’acteur de l’histoire, avec ses tics, ses mimiques, ses démonstrations certes pertinentes mais beaucoup trop longues, finalement perçues comme confuses parce que bien trop développées pour une époque qui ne s’y prête pas.
Lire aussi : Un président de pacotille
Ironie du sort, Éric Zemmour aura été puni par où il avait péché : le pouvoir des études d’opinion. C’est par les sondages, qui le montraient en ascension constante avant même qu’il n’ait déclaré sa candidature à l’Élysée, que le journaliste a assis dans les médias, donc dans l’opinion, la crédibilité de sa candidature. C’est par eux aussi qu’il s’est convaincu – ou a été convaincu par son entourage – qu’il lui fallait, et même qu’il devait, pour la droite, pour la France, se porter candidat à la fonction suprême. Des sondages le donnant possiblement qualifié pour le second tour – dont celui, commandé par l’Incorrect à l’Ifop, mesurant en septembre dernier son potentiel électoral à 18 % –, comment aurait-il pu ne pas y aller ? Comme aurait-il ne pas être convaincu qu’il avait un destin ?
Or ensuite, de regain en ressac, est arrivé le moment où les sondages ont indiqué qu’à force de vouloir tuer le Rassemblement national, qu’à force d’attirer à lui un nombre d’électeurs du RN suffisant pour affaiblir fortement Marine Le Pen mais sans jamais parvenir à la tuer, il risquait bien de n’y avoir à ce jeu fratricide qu’un seul vainqueur : Jean-Luc Mélenchon. Alors les sondages, qui avaient fait le candidat Zemmour, l’ont défait. Puisqu’ils montraient qu’il ne pourrait pas se qualifier pour le second tour, nombre de ses électeurs potentiels ont pensé qu’il valait mieux assurer celle de Marine Le Pen, plutôt que de se rendre responsable de l’anomalie historique qui aurait consisté à voir la principale force politique française – Marine Le Pen + Zemmour = un tiers du corps électoral – laisser place à un candidat d’extrême gauche. Quand il s’est avéré que Marine Le Pen était en mesure de battre Emmanuel Macron, c’en était fini, si tant est que ce ne fut pas fini il y a déjà bien longtemps.
Pour Éric Zemmour, comme pour tous ceux qui, l’ayant rejoint, ont fait naître l’espoir de voir une droite française renaître, le plus dur commence
Éric Zemmour, pourtant observateur avisé des campagnes présidentielles depuis celle de 1981, a oublié, peut-être grisé par la force militante phénoménale qui s’est mobilisée pour lui, que les thématiques de pré-campagne ne sont jamais celles de la campagne, et encore moins celles de la fin de campagne ; que penser le tragique de l’histoire implique de penser sa totale imprévisibilité ; que la mobilisation militante n’induit pas forcément des résultats électoraux de même ampleur ; et, plus prosaïquement, qu’il n’y avait pas de raison que la « règle des trois L. » théorisée par Jean-François Kahn l’épargne, lui, plus qu’un autre. Léché à l’automne, lâché en plein hiver, lynché au printemps : la règle ne pouvait que s’appliquer à un candidat tel que lui.
Et maintenant ? Pour Éric Zemmour, comme pour tous ceux qui, l’ayant rejoint, ont fait naître l’espoir de voir une droite française renaître, le plus dur commence. Avec cette priorité immédiate : ne pas obérer les chances de Marine Le Pen, aussi minces soient-elles, d’accéder à la présidence de la République.