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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

LETTRE OUVERTE AU DIRECTEUR DE LA POSTE EN GUADELOUPE. Par René Bélénus.

1) Le timbre représentant "Solitude". 2) Autre représentation sculpturale aventurée de la même personne. 3) M. René Belénus.
1) Le timbre représentant "Solitude". 2) Autre représentation sculpturale aventurée de la même personne. 3) M. René Belénus.
1) Le timbre représentant "Solitude". 2) Autre représentation sculpturale aventurée de la même personne. 3) M. René Belénus.

1) Le timbre représentant "Solitude". 2) Autre représentation sculpturale aventurée de la même personne. 3) M. René Belénus.

La mulâtresse Solitude est connue en Guadeloupe. Mais a t-elle seulement existé ? Les raisons de la publicité qui est faite à celle qui n'est peut-être qu'un fantome ne sont pas très claires.

Pour s'en rendre compte il faut tenter de s'élever au dessus de la mare aux canards (boiteux de préférence) où barbottent des niais et aussi des requins pas très rassurants.

Toujours est-il que le directeur de la poste en Guadeloupe, dans ce qui n'est sans doute qu'un excès de zèle, a fait des pieds et des mains pour qu'il soit édité un timbre en l'honneur de Solitude.

En historien nôtre compatriote Réné Belénus lui adresse la Lettre Ouverte que nous publions ci-dessous. Je m'excuse des imperfections dues aux avatar de la transcription. Mais cette lettre mérite d'être lue.

A la suite, je réédite un article sur le même sujet concerant la même Solitude sur un chaine privée de TV, émission à laquelle participait aussi fort judicieusement le même René Bélénus.

Bonne lecture.

Le Scrutateur

 

 

  1. Lettre au directeur de la Poste en Guadeloupe.

 

 

LETTRE OUVERTE AU DIRECTEUR DE LA POSTE EN GUADELOUPE.
 

La Poste de Guadeloupe s’enorgueillit actuellement de la publication, par ses soins, d’un timbre
représentant une jeune femme enceinte , tenant en mains des chaînes et en hommage à une
dénommée Solitude.
Nous ignorons la motivation ou le degré d’inspiration qui ont pu susciter pareille production, mais
ce timbre nous interpelle à plus d’un titre par son caractère déshonorant eu égard à l’aspect
patrimonial qu’il prétend vouloir valoriser. Car, il paraît évident que l’objectif de ses promoteurs
semble être de rendre hommage au personnage mythique de la Mulâtresse Solitude dont

l’engagement dans la résistance aux forces Consulaires répressives dans la Guadeloupe de 1802
s’inscrit, parmi d’autres, en lettres de sang dans la mémoire collective de ce pays.
Malheureusement votre démarche triture fort maladroitement ce pan de notre histoire, sans doute
par méconnaissance, au point d’offenser nos Mémoires.
Car, voyez-vous, en intitulant votre timbre Solitude, sans préciser sa qualification légendaire de “La
Mulâtresse”, vous faites injure à sa personne en banalisant son personnage puisque des Solitude, il y
en a eu légion dans la population du XIXème siècle. Beaucoup plus grave, vous lui inventez une
année de naissance (1772) qui en fait donc une trentenaire, alors que la légende lui en attribue dix
de moins. Au risque de nous répéter, nous avons affaire à un personnage mythique et légendaire
dont nous ne connaissons l’existence que grâce à quelques brèves lignes à son propos de l’historien
Lacour, datant de 1855. Ainsi, il précise qu’au lendemain de son accouchement,elle fut
suppliciée”, c’est à dire torturée, mais pas forcément exécutée. Alors comment pouvez-vous
affirmer qu’elle meure en 1802, après lui avoir inventé une année de naissance?
Par ailleurs, à quoi riment ces chaînes qu’elle semble brandir comme une vulgaire marchandise à
vendre ? Si vous aviez pris le temps de vous instruire des tenants et des aboutissants de notre
Histoire, vous sauriez que l’esclavage a été aboli par la Convention le 16 pluviose an II (4 février
1794) et que, par conséquent, ce n’est qu’à la suite des exactions du général Richepance que le
gouverneur Ernouf le rétablit officiellement en avril 1803. Autrement dit, même au plus fort des
combats de 1802, l’usage des chaînes, au même titre que les coups de fouet, sont proscrits sur ce
territoire. Donc, briser des chaînes ne saurait être le combat de la Mulâtresse Solitude et de ses
compagnons, combien même avaient-ils la hantise d’un rétablissement de cet esclavage et donc des
dites chaînes !
Devons-nous préciser, enfin, que le personnage représenté sur votre timbre ne ressemble guère à
l’idée que l’on se fait d’une mulâtresse aux Antilles. En ce sens, La Poste est coutumière du fait
puisqu’en 2002 elle avait déjà émis un timbre représentant Louis Delgrès avec une couleur

clairement noire, alors que ce métis, fils d’un Blanc-France et d’une mère mulâtresse, était on ne
peut plus blanc de peau.
De toute évidence, ce type de broderies émane du fait que l’artiste qui a réalisé ce timbre a eu
recours, comme source d’inspiration, au roman d’André Schwartz-Bart intitulé précisément “La
Mulâtresse Solitude”, paru en 1961. Ce roman, avouons-le, a largement contribué à populariser le
mythe, mais il n’en reste pas moins un roman, enjolivant et le personnage et la lutte des “Rebelles”
de 1802. Dans le même registre, un autre romancier, Gustave Aymard, avait aussi, à sa façon et dès
1877, exploité à mauvais escient le personnage de la Mulâtresse Solitude en en faisant, ni plus ni
moins, la maîtresse du général Richepance, une “collabo” en quelque sorte, à l’image de la
Malintzin qui trahit jadis son peuple en favorisant ainsi le succès du Conquistador Hernan Cortez au
Mexique.

Par vos multiples approximations, vous gênez le travail des Historiens, déjà malmené par les
élucubrations des réseaux sociaux. Nous pouvons comprendre votre souci de “Faire Peuple” en
épousant les causes héroïques de notre douloureux passé, mais pas au prix de malmener ces brûlures
de notre Histoire dont la maîtrise nous aide à nous construire. A l’avenir, veillez à approfondir vos
investigations ou, à défaut, à vous adresser à des spécialistes crédibles, car fort soucieux d’être les
gardiens de cette Mémoire.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de notre plus profond respect

 

 

  1. Statufiée à Paris, cette mulâtresse Solitude qui n'a peut-être même pas existé, par Le Scrutateur.

 

Complément, utile à lire, de la lettre ci-dessus de M. Bélénus

 

http://www.lescrutateur.com/2020/09/statufiee-a-paris-cette-mulatresse-solitude-qui-n-a-peut-etre-meme-pas-existe-par-le-scrutateur.html

 

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C
Comment mythe et business font bon ménage, avec le soutien des nunuches françaises : Gorée<br /> <br /> Un historien américain, Philipp Curtin, rappela, en 1980, que les soi-disant 20 millions de victimes parties de Gorée, étaient le chiffre de l'ensemble de la traite partie de toute la côte d'Afrique, de la Mauritanie à l'Angola. Curtin indiqua aussi que de Gorée partirent entre 900 à 1500 personnes et que le Sénégal représentait 5% de la traite.<br /> <br /> Puis ce fut le tour d'Abdoulaye Camara, enseignant l' histoire à l'Université de Dakar, de dénoncer l'affaire de la maison des esclaves ,à un journaliste du Monde<br /> qui la publia alors. Mais l'article fut étouffé car la bande du Gorée Business comptait alors de puissantes relations amicales en France : Laurence Attali (sœur de Jacques), Catherine Clément (romancière) et la Fondation Danièle Miterrand (tiens, tiens ? Ah ces femmes de gauche ! Héroïnes de l’Histoire avec un grand H… )<br /> <br /> Enfin, une « fausse note » d’un historien franco-sénégalais, J-L Angrand, dans le beau concert des âmes indignées, démontrait l’arnaque de la « maison des esclaves » à partir d'archives : cette étude indiquait qu'il y avait, non pas une mais deux captiveries ; toutes deux démolies mais parfaitement repérables grâce aux plans de cadastres du XVIIIe siècle, conservés aux archives BNF Richelieu à Paris. Cette dissonance précise encore que les principaux points de départs des victimes furent Saint Louis au Sénégal et la Gambie. <br /> <br /> Ironie du sort, la population "créole" du XVIIIe siècle, comme démontré par cette étude, constitua le principal frein à la traite des esclaves avec celle de Dakar ; cela explique le faible nombre de victimes parties de Gorée. Encore plus "amusant" la femme métisse/créole qui a construit cette maison, Anna Colas Pépin, fut une résistante à la traite comme ses "consœurs" qui dirigeaient l'île de Gorée du XVIIIe au XIXe siècle, car ils s'agissait d'une micro-civilisation matriarcale métisse/créole..<br /> <br /> Au secours, Olympe de Gouges !<br /> <br /> Rassurons-nous, aucune discipline n'est épargnée, telle la paléontologie humaine où la falsification d'un squelette fabriqua le " chainon manquant" homme-singe, chimère idéale pour les théories de l'évolution que nos savants réalisent aujourd'hui dès l'embryon. <br /> Lorsque le réel ne se plie pas à nos idées, il faut l'y contraindre .
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