8 Février 2022
Au XIXème siècle, siécle de l'enthousiasme pour la science (comme on le vérifie dans l'oeuvre de Jules Verne) Victor Hugo n'y allait pas avec le dos de la cuillère, affirmant qu'avec la science l'humanité se dirigeait vers un avenir de prospérité, de paix universelle et d'amour.
Ces divagations n'enlèvent rien au génie LITTERAIRE de Victor Hugo mais incite à tempérer l'enthousiasme de ceux qui le voyaient en Aristote des temps modernes.
Il faut donc travailler à réveiller l'intelligence d'un public qui continue à croire au progrès universel, inféodé qu'il est au groupes de pression qui financent les faiseurs d'opinion. Sur l'ambiguité fondamentale de la notion d'un progrès irrésistible engendré par la science et la technique il y a des livres très remarquables qui ont été publiés : Le meilleur des mondes,d'A. Huxley, La 25ème heure, de Virgil Gorghiu (de tout premier ordre), et tout récemment sur un plan plus philosophique : La révolution tranhumaniste, de Luc Ferry.
Ce sont là les problèmes qui devaient être étudiés dans les classes terminales de lycées, et même, de façon adaptée à l'âge des élèves dans le premier cycle des études secondaires. (Hélas ! Il paraît qu'actuellement près de 50% des élèves ne savent pratiquement ni lire, ni écrire à l'entrée en sixème. De profundis).
Sur la question que je viens d'évoquer j'ai sélectionné pour vous, amis, l'artyicle ci-dessous de Michel Janva.
Le Scrutateur.
(https://www.lesalonbeige.fr/un-implant-cerebral-sur-des-humains/ ).
Un projet d’Elon Musk prévoit, avec son entreprise Neuralink, l’implantation de puces dans le cerveau d’humains dès 2022. Cette puce, déjà testée sur des singes, permet d’enregistrer et de stimuler l’activité cérébrale. Dans un premier temps, elle devrait permettre à des personnes atteintes de handicaps physiques de récupérer leur capacité de mouvement :
Une interface neuronale directe, voilà la promesse d’Elon Musk pour aider les personnes handicapées. Alors que sa société Neuralink se prépare aux premiers essais humains (après des tests sur des cochons et des singes), The Daily Beast a interviewé des scientifiques qui ont exprimé leurs inquiétudes concernant un tel projet.
Laura Cabrera, spécialisée dans la neuroéthique à l’Université d’État de Pennsylvanie, se demande s’il sera possible de retirer les implants sans endommager le cerveau. « Si ça tourne mal, nous n’avons vraiment pas la technologie pour les “explanter” ». Et quelle est la durée de vie d’un implant ? Est-ce que Neuralink offrira des mises à niveau par la suite aux participants ?
Pour Karola Keritmair, professeur adjoint en histoire médicale et bioéthique à l’Université du Wisconsin à Madison, les retombées commerciales futures posent problème. « Je m’inquiète d’un mariage inconfortable entre une entreprise à but lucratif… et ces interventions médicales qui sont, espérons-le, là pour aider les gens. » Neuralink déclare développer son implant pour aider les personnes handicapées, mais le marché est assez petit, ce qui risque de poser des problèmes de rentabilité.
Une interface neuronale directe pourrait intéresser le grand public afin de commander des appareils avec le cerveau, par exemple conduire sa Tesla avec la pensée. « Mais alors tous ces sujets humains – des gens avec des besoins réels – sont exploités et utilisés dans des recherches risquées pour le profit commercial de quelqu’un d’autre », s’inquiète L. Syd Johnson du Center for Bioethics and Humanities de l’Université médicale Suny Upstate.
Elle émet également des doutes sur les objectifs annoncés par la firme. « Si Neuralink prétend qu’ils pourront utiliser leur appareil à des fins thérapeutiques pour aider les personnes handicapées, ils font des promesses irréalistes car ils sont loin d’en avoir la capacité. »
Les scientifiques s’inquiètent également de l’utilisation des informations collectées par l’implant. Qui y aura accès, et que deviendront les données en cas de rachat de Neuralink ? Se pose aussi la question de la sécurité de l’appareil, à savoir les risques de piratage et les conséquences dévastatrices pour la victime si un individu mal intentionné prend le contrôle de son implant. Si ce genre de technologie devait se généraliser, quid du détournement par les gouvernements ou corporations pour la surveillance de masse ?
Les scientifiques interrogés ne sont pas nécessairement opposés à la technologie, mais se méfient surtout des nombreuses dérives possibles et espèrent que la notoriété du projet obligera Neuralink à faire très attention à tout faire dans les règles. L’implant a le potentiel de changer la vie des personnes paralysées, et la firme d’Elon Musk n’est pas la seule à travailler sur les interfaces neuronales.
Michel Janva.