30 Janvier 2022
En 1954, j'avais douze ans (je glisserai sur ce détail, pour éviter le sourire narquois de ceux qui ont aujourd'hui cet âge), et j'ignorais qui était l'abbé Pierre. Jusqu'à ce mois de février, où une vague d'un froid glaçant fondit sur la France, et particulièrement sur Paris.
J'étais alors abonné à un journal pour les jeunes : yard ».
Ce journal publia sous forme de bande dessinée, le rôle capital de l'abbé (notamment comme collecteur de fonds) dans le sauvetage de tant et tant de nécessiteux. Je devins un admirateur de ce prêtre.
Les années passèrent, et peu à peu l'abbé tomba dans un injuste oubli. Puis nous entrâmes dans une période, la guerre froide et les prémisses de « l'esprit » soixante-huitard. Le monde changeait et l'abbé Pierre aussi. Effet de l'âge peut-être (« la vieillesse est un naufrage » disait de Gaulle. Là encore permettez moi de glisser!!!), l'abbé sans renier son glorieux passé, s'engagea sur sur les sentiers nouveaux et …. retrouva toute la sympathie médiatique qu'il avait perdue.
Je ne reniai pas mes anciens sentiments, mais de là à accepter que mon ancienne idole apporte son fervent soutien à Roger Garaudy alors presqu'au faîte de sa gloire au sein du parti communiste français, il y avait une faille béante que ne franchis pas.
Compte tenu du passé, je restai modéré dans ma critique. Je publiai dans le journal Guadeloupe 2000 dont j'étais le principal animateur un article. J'en confiai l'illustration à un très jeune ami, bourré de talent satirique. Il s'agissait de caricaturer l'abbé, et le jeune homme y réussit me semble-t-il au-delà de mes espérances. C'est ce portrait que je publie d'abord en tête de cet article.
Et puis, le temps lui encore passa (fugit irreparabile tempus!). Ma colère monta encore d'un cran quand l'abbé Pierre, devenu presque cacochyme engagea pour le seconder un certain Martin Hirsch, qui est l'image de presque tout ce je déteste intellectuellement et politiquement.
Je n'en dirai pas davantage, l'article qui suit vous l'expliquera parfaitement.
Le Scrutateur.
(https://www.bvoltaire.fr/martin-hirsch-veut-faire-payer-les-soins-aux-non-vaccines/ ).
Martin Hirsch, ça vous dit quelque chose ? Non, je ne parle pas du comédien. Celui-là s’appelait Robert et avait du talent. Non, je parle du monsieur qui est directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (l’AP-HP) depuis le 13 novembre 2013. Un monsieur qu’on voyait enfiler la blouse blanche pour pérorer devant les caméras et qui a passé le costume cravate et les lunettes d’écaille depuis qu’il est devenu « président de l’Institut de l’engagement ». Ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’en sais rien, mais c’est sûrement un machin qui vaut à son président une rémunération coquette, une voiture avec chauffeur et des bureaux douillets.
C’est à ce titre que le bonhomme a publié, dans Le Monde, une tribune pour pourfendre l’égoïsme de ses concitoyens, indifférents au bien commun. Des affreux qui ont sombré dans l’individualisme le plus odieux qui « trouve son débouché dans les réponses populistes ». Suivez mon regard vers ces plus affreux encore, spécialistes de « la dénonciation du système » et qui « rejettent aussi les thèmes collectifs dont ils nient la réalité : le système aurait inventé (ou exagéré) la pandémie et le réchauffement climatique », etc.
En fin sociologue, Martin Hirsch a trouvé où se niche le mal : « Le mouvement des “gilets jaunes” est l’exemple d’un “collectif individualiste”, ce qui explique son incapacité à se doter de représentants et même à faire émerger de réelles figures charismatiques », dit-il. C’est sûr, se révolter contre le litre d’essence à 2 euros, l’énergie au prix du platine et les découverts qui commencent le 15 du mois est le signe d’affreux individualistes qui ne comprennent rien au bien commun.
Reste le plus grave : les antivax. Ces gens-là, il ne suffit pas de les emmerder pour répondre aux envies du Président Macron, il faut les punir. Les frapper au portefeuille. Hirsch l’écrit dans sa tribune : « Est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres, en pouvant les contaminer et en pouvant prendre une place en soins intensifs nécessaire pour un autre patient ? » Comme il craignait d’être mal compris, il a renouvelé sa proposition, mercredi soir, sur le plateau de « C à vous » (France 5) : « Il n’y a aucune raison pour qu’il n’y ait pas de conséquence [au refus de la vaccination] alors qu’il y aura des conséquences sur les autres patients qu’on aura du mal à soigner et qui, eux, n’y peuvent rien. »
« Est-ce qu’on ne risque pas d’aller trop loin ? Pourquoi, après, est-ce qu’un fumeur ne paierait pas ses frais en cas de cancer du poumon ? » demande son interlocutrice. Ça n’a strictement rien à voir, répond M. Hirsch. « Je trouve qu’il y a une très très grande différence et qu’on ne peut pas blâmer quelqu’un sur un comportement, une addiction », dit-il. Ben oui, un Florent Pagny qui récolte un cancer du poumon après avoir, de son propre aveu, passé sa vie à fumer tout et n’importe quoi n’y est absolument pour rien : c’était une addiction.
Et puis, il a une riche idée, le patron de l’AP-HP : « S’il y a un système de dépistage et qu’on doit tous les cinq ans le fairAnti vaccie, est-ce qu’on doit avoir le même système de protection et de remboursement, si on le néglige, que quelqu’un qui le néglige pas ? » Vous avez compris ? Après le vaccin obligatoire, ça va être le dépistage obligatoire : par en haut, par en bas, devant, derrière… le petit doigt sur la couture du pantalon. Et gare à celui qui n’ira pas se faire sonder en temps et en heure. Sauf s’il souffre d’addiction, car là, on ne peut pas le blâmer…
« Vu l'état d'incurie et de délabrement dans lequel sont les services de l'AP-HP », cet auditeur a interpelé Martin Hirsch pour le mettre face à ses responsabilités et lui demander de démissionner.