2 Décembre 2021
Cet article publié par une universitaire que je connais, et qui a enseigné plus de six ans à la Martinique, peur être considéré comme un remède efficace contre certaines formes de cécité et de surdité inexplicables quand on connait le profil de ceux qui en sont atteints (Le Scrutateur).
Publié il y a 47 minutes, Mis à jour il y a 31 minutes
«Ce n’est tout de même pas la faute de Paris ni du préfet si une grande partie de la population insulaire refuse de se faire vacciner», estime Anne-Marie Le Pourhiet. FC
TRIBUNE - La professeur de droit public à l’université de Rennes-I Anne-Marie Le Pourhiet, qui a enseigné à l’université des Antilles et de la Guyane pendant six ans, porte un regard sans concession sur la situation de la Guadeloupe et de la Martinique.
Anne-Marie Le Pourhiet est vice-présidente de l’Association française de droit constitutionnel.
Le dimanche
Ivan Rioufol vous propose une analyse percutante des détails de l'actualité de la semaine écoulée, les coulisses de son célèbre Bloc-Notes.
Le 27 mars 2020, sur recours en référé de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), le président du tribunal administratif de Basse-Terre avait rendu une bien étrange ordonnance enjoignant l’ARS et le CHU de l’île de «passer commande des doses nécessaires au traitement de l’épidémie de Covid-19 par l’hydroxychloroquine et l’azithromycine comme défini par l’IHU Méditerranée infection», le tout en nombre suffisant pour «couvrir les besoins présents et à venir de la population» de l’archipel guadeloupéen! L’ordonnance s’appuyait explicitement sur les déclarations du professeur Raoult et se basait sur le «droit à la vie» de la population insulaire. Cette décision loufoque, heureusement annulée en appel par le Conseil d’État, résume la tyrannie et le chantage qu’exerce de longue date sur les pouvoirs publics, y compris judiciaires, un syndicalisme insulaire irrationnel et infantile, dont on ne trouve l’équivalent qu’en Corse.
Les statuts de l’UGTG lui assignent de «prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre les intérêts des travailleurs, de défendre la liberté syndicale et les libertés démocratiques, de réaliser l’unité de tous les travailleurs de la Guadeloupe et de lutter pour la suppression des rapports d’exploitation coloniale, des rapports de production (sic)». L’étendue et l’esprit de cette «raison sociale», étrangement conçue pour une organisation prétendument professionnelle, permettent de comprendre pourquoi la situation insulaire, plus encore en Guadeloupe qu’en Martinique, se caractérise par des comportements syndicaux extrémistes et violents, accompagnés d’un clientélisme aux méthodes douteuses, dont les conséquences, notamment au CHU de Pointe-à-Pitre, ont parfois tourné au drame.
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Cela fait des décennies que ce syndicalisme calamiteux ruine les maigres chances de développement économique de territoires insulaires privés de toute réelle compétitivité par un système social extravagant et une fonction publique surrémunérée et pléthorique. Prétendument indépendantistes, ces syndicats n’ont jamais rien fait d’autre, à coups de revendications irresponsables, que d’enfoncer ces territoires dans toujours plus d’assistanat et de dépendance. Chaque crise déclenchée n’a pour but et pour effet que d’ouvrir davantage le robinet de la perfusion publique.
La mauvaise foi que traduit l’incrimination permanente de l’État atteint des sommets quand il s’agit de compétences appartenant notoirement aux collectivités ultramarines
Cette fois-ci, l’on commence par favoriser dans la partie de la population prompte à croire les remèdes de guérisseurs et de quimboiseurs un mouvement de colère anarchique, et l’on met ensuite en cause l’État «colonialiste», responsable de tous les maux. Mais ce n’est tout de même pas la faute de Paris ni du préfet si une grande partie de la population insulaire refuse de se faire vacciner et provoque ainsi une accélération des contaminations à fort potentiel toxique chez ceux des habitants qui sont diabétiques ou en surpoids. Imagine-t-on les critiques acerbes des médias nationaux si une partie de la population de deux départements métropolitains refusait de se faire vacciner et recourait à la violence pour faire plier l’État?