22 Octobre 2021
Chaque époque a ses héros. Ceux qu'elle mérite ? Peut-être. Mais je ne suis pas certain que la nôtre (d'époque) en France soit déjà tombée si bas comme la Rome de la décadence qui récompensait des gladiateurs à mesure de leur férocité dans l'arène, en millions de sesterces, devant des foules délirantes et enchainées par l'ambiance.
Karim Benzema, Français de papier, défie ses compatriotes d'adoption en crachant pendant l'exécution de la Marseillaise.
Un temps sanctioné par exclusion de l'équipe nationale, le voici réintégré, en dépit de la lucidité de l'entraineur.
Et voici le moment venu de se rendre à convocation au moment du procès pour chantage dans une affire de sextape. Il s'abstient de répondre à l'invitation. A un moment où l'ancien président de la République reçoit (manu militari) l'ordre de répondre pour témoigner à propos d'autres politiciens mis en examen, on peut se demander si Karim recevra la même injonction.
« Rentre en toi-même Scrutateur, et cesse de rêver ».
L’époque ne génère jamais que des héros à sa mesure. Ainsi de Karim Benzema, l’un des meilleurs buteur de l’histoire de l’équipe de France, citoyen français mais semblant mépriser cette nationalité. Il est aujourd’hui, après son miraculeux repêchage par Didier Deschamps, porté aux nues par un public qui a, décidément, la mémoire bien courte.
Il se trouve que son procès se tenait justement ces jours-ci. Il faut vous dire que le prodigieux Karim Benzema est accusé de chantage sur son coéquipier Mathieu Valbuena. Un chantage qui concerne ce que l’on appelle une « sextape ». Benzema aurait approché Valbuena en tant qu’intermédiaire afin de lui proposer les services d’un de ses amis, connu depuis l’enfance dans un quartier « sensible » ou « de reconquête républicaine », afin que, contre rémunération, la vidéo des ébats de Valbuena disparaisse.
Tout cela n’aurait aucun intérêt si plusieurs facteurs ne s’ajoutaient à l’affaire. D’abord, au sein d’une équipe nationale, des pressions sordides auraient lieu et il faut des années pour les judiciariser. Ensuite, Benzema n’a cessé de clamer, jusque récemment, son mépris (à tout le moins) pour le pays dont il détient la carte d’identité. Enfin et surtout, Benzema ne s’est pas rendu à son procès. Manière de montrer, sans doute, quelle considération il a pour la justice.
Chaque époque, décidément, génère des héros à sa mesure. Ainsi de Karim Benzema qui remplace, au panthéon des enfants, les héros de l’Aéropostale, du Tour de France ou même de l’équipe championne du monde de 1998. Vous vous en souvenez peut-être. L’époque de la France black blanc beur et des farces antiracistes. Quand on faisait semblant de vivre côte à côte. Benzema est-il devenu l’icône du face-à-face, pour reprendre les mots de Gérard Collomb ? L’avenir nous le dira.
Ce jeudi 21 octobre, dix mois de prison avec sursis et 75.000 euros d’amende ont été requis par le parquet contre Karim Benzema.
Déclaration de K. Benzema et crachat :
https://www.lepoint.fr/video/karim-benzema-s-en-prend-a-la-marseillaise-17-04-2018-2211417_738.php