2 Septembre 2021
(…) « Vous n’y allez pas de main morte dans cette tribune. Le courant nationaliste auquel vous-même faite partie, est écorché. Vous évoquez le « manque de courage » des leaders des manifestations anti-pass sanitaire. Pouvez-vous expliciter votre pensée ?
Je suis une nationaliste qui vit de la vie. Pas de la mort. Beaucoup de ces leaders, pas que les nationalistes, ont sciemment surfé sur la vague de la peur du vaccin pour faire ouvertement une campagne antivax, anti pass, alors qu’ils savaient pertinemment que l’on peut être vacciné et anti pass sanitaire. Les discours mettant en doute le vaccin, parlant du vaccin comme « vaksen a yo », ou encore « on vaksen pon moun pa sav ka ki adan » ont porté leurs fruits pour ceux qui utilisaient ce ressort comme levier pour la mobilisation. À aucun moment, ils n’ont eu un discours clair pour mettre les personnes en garde eu égard aux réalités de santé et d’établissements médicaux de notre pays, pour leur expliquer qu’ils étaient libres de choisir de se faire vacciner ou pas mais qu’il ne fallait pas confondre anti vaccin, anti vaccination obligatoire et anti pass sanitaire. Dans un pays comme le nôtre, la conscientisation, le discours éclairé doivent guider toutes nos actions. Nous devons cela à notre peuple et à notre pays. C’est ce qui fait la différence entre les politiciens qui sont si stigmatisés et les personnes qui veulent aider notre peuple à s’émanciper et à grandir en Hommes et Femmes debout.
Vous allez encore plus loin en évoquant « an gran remplacement a yo menm »…
Quand on sait que les Blancs, les Blancs pays, les békés se sont massivement vaccinés et que les Noirs font de la résistance au vaccin, à l’État, à l’éta kolonyalis fwansé et que ce sont eux qui finissent en réanimation et à la morgue, c’est quoi sinon un autogénocide parfaitement orchestré par ceux qui ont instrumentalisé cette problématique de santé pour en faire une arme de lutte contre tous les pouvoirs en place, contre Macron, contre léta kolonyalis fwansé ? Ki moun ka mò ? Ce n’est ni l’État, ni léta kolonyalis fwansé, ni Macron. Ce sont des Guadeloupéens nèg et personne d’autre. Quand vous écoutez les avis d’obsèques, il n’y a aucun doute sur l’identité des morts. Quand vous avez 154 morts de Covid en trois semaines et que vous écoutez les avis de décès vous savez parfaitement qui meurt. Sé nèg ki ka mò.
Vous êtes connue pour votre franc-parler, ne craignez vous pas de vous créer de nombreuses inimitiés avec une telle tribune?
Je n’ai jamais écrit pour être aimée et je n’ai absolument pas besoin d’être aimée et encore moins quand mon peuple est manipulé, berné et que des gens vivent et existent sur une crise sanitaire aussi assassine. Si seulement celles et ceux qui me détestent pouvaient mettre cette énergie au service d’une bonne prévention et d’une bonne action pour que plus aucun Guadeloupéen ou Guadeloupéenne ne meurt de la Covid-19 alors je leur demanderais de me détester aussi fort qu’ils et elles le peuvent.
Et puis enfin, en tant que docteure en sciences sociales, quelles sont selon vous les grandes transformations qu’opère cette crise sanitaire inédite sur la société Guadeloupéenne ?
Pour le moment j’ai du mal à appréhender ces transformations parce que nous sommes à l’heure de la mort, du deuil, des condoléances, des souffrances dans les familles. J’ai beaucoup de mal à prendre de la hauteur pour analyser les conséquences de cette situation. Il m’est difficile de faire un travail intellectuel, scientifique et cohérent dans une situation aussi chaotique car c’est mon pays qui me donne de la force pour tout ça et pour l’heure mon pays souffre. »
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