15 Septembre 2021
TEMOIGNAGE - Marjolaine Bénard, une aide-soignante de Fécamp (Seine-Maritime) nous raconte sa mission d'un mois au CHU de Guadeloupe où elle a été envoyée en renfort pour aider ses confrères face à la quatrième vague du Covid. Madeleine Bénard faisait parti de ces secouristes reçus en Martinique, par qui nous savons par des exaltés criant « nou pas vlé zot. Rentrez a kaz à zot ».
"C'était une _immersion totale dans une situation de chaos" raconte Marjolaine Bénard. Et pourtant l'aide -soignante de 38 ans repartirait "sans hésiter" si on le lui demandait à nouveau.
Pour elle, partir en renfort à près de 7 000km de "son confort" c'était "juste normal" dit-elle. C'était faire preuve de solidarité vis-à-vis de ses confrères et consœurs d'Outre-Mer. D'ailleurs, quand on l'a appelée le samedi 7 août au matin, elle a "dit oui" tout de suite. Et dès le mardi, elle a pris le train pour Paris puis l'avion direction Point-Pitre.
Marjolaine Bénard n'a pas été appelée au hasard. Elle exerce son métier d'aide-soignante depuis 13 ans. Elle a passé quatre ans en service de réanimation. A son arrivée, au CHU de Guadeloupe, elle a été affectée aux urgences Covid.
La situation était "catastrophique" se souvient-elle. L'afflux de patients était très important, "le travail très intense. Il n'y avait pas assez de place. Les gens étaient les uns à côtés des autres en attendant d'être pris en charge et certains pouvaient rester plus de 48h dans les couloirs des urgences".
Des moments difficiles mais auxquels la soignante s'était préparée. "On savait que si on faisait appel à nous, c'est que la situation était grave. Et elle était chaotique".
Marjolaine Bénard compare cette situation à celle qui a été connue en métropole lors de la première vague début 2020. "Les collègues nous l'on dit clairement. On a bien eu des cas de Covid la première fois, la deuxième fois mais pas ce point là. Ils disent que c'est leur grosse première vague".
C'est ce qui l'a décidée à prolonger sa mission. Au départ, elle était partie pour quinze jours mais comme elle dit, elle "pouvait encore donner d'elle-même" et si elle était partie à ce moment-là, elle aurait eu un sentiment de ne pas achever sa mission car il restait beaucoup de travail.
Au bout de ce mois intense, l'aide-soignante a le sentiment d'avoir été utile, "heureuse d'avoir prêté main forte".
Elle refuse le mot de "dévouement" mais veut retenir la "cohésion" des équipes soignantes face à l'urgence et à une situation très compliquée. "Cela a su faire notre force. Cela restera une aventure humaine et une expérience professionnelle inoubliables", conclut celle qui a repris son poste au CHI de Fécamp il y a seulement quelques jours avec un sentiment "un peu étrange" même si ce sont bien ses collègues et son service qu'elle a retrouvée.