10 Mai 2021
Cet article publié aujourd'hui par France-Antilles est intéressant en ce qu'il suggère que la réalité est plus complexe que cherchent à le faire croire des exploteurs de la mémoire à des fins politiciennes. La réalité est plus complexe que leur récit (LS).
Depuis ce vendredi 7 mai, une base de données collaborative mise en ligne par le CNRS répertorie les bénéficiaires de l’indemnité coloniale, versée par l’État français après l’abolition de l’esclavage en 1848. Elle recense aussi les bénéficiaires de l’indemnité payée en Haïti après 1825.
Qui a bénéficié des indemnités coloniales après l’abolition de l’esclavage ? Un fichier inédit et gratuit, mis en ligne ce vendredi 7 mai, établit une liste des propriétaires d’esclaves qui ont bénéficié de l’argent de l’abolition.
Plus exactement, deux listes : une qui s’intéresse aux indemnités versées en Haïti après 1825 aux propriétaires fonciers et une autre, aux indemnités versées après 1848 aux anciens propriétaires d’esclaves dans les ex-colonies de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, au Sénégal et à Nosy Bé et Sainte-Marie de Madagascar.
Lors de l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848, près de 250 000 personnes sont sorties de la servitude. Une indemnité de 126 millions de francs or (27 milliards d’euros aujourd’hui) a ainsi été versée aux anciens propriétaires d’esclaves.
Une liste évolutive
Pendant deux ans, une équipe du Centre international de recherche sur les esclavages et les post-esclavages du CNRS a retracé l’attribution et la circulation des titres d’indemnités au 19e siècle dans les anciennes colonies esclavagistes françaises, informations aujourd’hui publiées sous forme d’une base de données, la première du genre.
« À travers cette mesure controversée », indique le CNRS, l’objectif de l'État était « de préserver ses intérêts économiques dans les colonies dont la possession était en péril, les colons menaçant de quitter ces territoires ». L’argent de l’abolition a été versé de différentes façon et selon des montants différents pour chaque colonie mais représente une part importante des dépenses publiques.
« Ce travail a permis de montrer que les indemnités n’étaient pas réservées seulement aux grands propriétaires : plus de 30 % des bénéficiaires étaient des personnes de couleur, qui possédaient quelques esclaves (dans ces sociétés, le salariat n’existait pas) ».
Parmi les bénéficiaires apparaissent aussi un nombre significatif de femmes, veuves de colons ou célibataires qui possédaient des esclaves. Les registres mentionnent également la présence d’abolitionnistes et de « libres de couleur » (affranchis ou leurs descendants).
La base de données du CNRS se veut « évolutive et collaborative : elle est amenée à être complétée au cours de futures recherches, ou par des utilisateurs qui souhaiteraient enrichir les données biographiques et généalogiques, en fournissant des sources ».