31 Décembre 2020
La TV m'ennuie. Comme, jadis pour Zorro qui quelle que soit la chaine TV que prenait Henri Salvador, c'était toujours Zorro le justicier masqué qui arrivait ... ait... ait, aujourd'hui c'est le (ou la) Covid qui s'impose avec sa cohorte de médecins qui plastronnent, s'esbignent, se contredisent, et s'empoignent nous abandonnant pantelants et à demi morts d'ennui.
A demi seulement en ce qui concerne le Scrutateur. Dans ma maison on ne baisse jamais le pavillon, tel Athos, le vaillant mousquetaire.
Or nous sommes le 31 janvier,à l'orée de cette nuit de la saint Sylvestre qui laissera place à l'an nouveau 2021.
Donc, cher amis, bonne année.
Pour nourrir quelques minutes de ce jour-ci, j'ai choisi deux textes. Le premier qui date des débuts de nôtre blog, sous la signature d'un autre mousquetaire Aramis, très très lié à Athos, qui assimilait, non sans raisons le politiquement correct à l'ignoble Tartuffe. ( Mais parlant de lui même, lucidement, Aramis, mezzo voce disait oujours « qui est sans péché » ?)
Le deuxième texte m'est adressé par un lecteur adorateur sans limites de Jean d'Ormesson.
C'est ce texte idolâtre que je vous propose en deuxième lecture.
Le Neuillyssois n'est tout de même pas JC.
Sa lecture est toutefois de bon ton et d'excellent conseiL
Le Scrutateur.
Et Tartuffe ?
Hier soir, coup de fil de Samuel, 22 ans, constant adepte du « carpe diem », et cependant brillant étudiant de science Po à Paris, titulaire d’un Master et bientôt candidat à l’ENA.
Nous parlons de choses et d’autres, et notamment des limites de l’enseignement dispensé à l’école des sciences politiques, peut-être un peu trop « technique », trop axé sur les moyens aux dépens des fins de l’action. Pas assez de culture générale et de philosophie.
Samuel en convient, et nous parlons des moyens de pallier à ces insuffisances.
Il me parle à cet égard de sa découverte récente, à la suite d’une émission de télévision de l’écrivain Jean d’Ormesson.
Il a dans la foulée fait l’acquisition du dernier livre de l’académicien, un recueil de chroniques « Odeur du temps, Chroniques du temps qui passe » (éditions Héloïse d’Ormesson). Je suis moi-même en train de lire cet ouvrage.
Il y a certes du meilleur « Jean ». Mais, je l’encourage dans cette voie.
Sans être un très grand penseur, monsieur d’Ormesson est un homme de très grande culture, pétillant de malice, doté de ce qui manque trop souvent à tant d’intellectuels, l’humour, la distance par rapport à soi, une humilité réelle, le sens du tragique et de la fragilité des choses et surtout des êtres.
Nous nous quittons, et j’ouvre mon exemplaire de l’ « odeur du temps qui passe ». Je tombe sur le chapitre intitulé « Relire tartuffe », tellement d’actualité.
On sait que, dans cette pièce, qui valut à son auteur quelques sérieux ennuis (il ne dut son salut qu’à la protection de l’homme éclairé que fut Louis XIV), Molière s’en prend à l’hypocrisie, plus particulièrement à l’hypocrisie de groupes de pression soi-disant religieux, que symbolise Tartuffe, devenu un nom commun de la langue française.
Cette hypocrisie est toujours présente dans notre société. C’est, entre autre le fameux « politiquement correct », si redoutable.
C’est ce qu’écrit d’Ormesson en conclusion de son chapitre : « L’époque où vivait Molière exigeait que les dévots en ce temps-là tout puissants, fissent les frais de l’affaire. Mais c’est moins les dévots que les hypocrites et les imposteurs de toujours que visaient l’audace le talent de l’auteur du Tartuffe.
Parce que Molière est un génie de tous les temps, il faut imaginer Tartuffe, de nos jours, en train de se dissimuler, non plus, bien entendu, derrière les valeurs traditionnelles, mais derrière le sacré d’aujourd’hui : la pieuse démagogie, l’égalitarisme cagot, l’affectation hypocrite d’une passion pour les droits de l’homme. Voilà les vrais héritiers de la fausse charité affichée de Mgr Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris, de l’abbé Roquette, bientôt évêque d’Autun, et de cette Compagnie du Saint-Sacrement, tous gens de poids et de haut rang, de grande réputation et de conscience ostentatoire- qui étaient les cibles et les ennemis de Molière ».
Bien vu ! Mais nous manquons aujourd’hui, me semble-t-il d’un homme du courage et du génie de Molière.
Aramis.
http://www.lescrutateur.com/article-12516483.html
Jean d'Ormesson :
A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents.
Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train,
nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe,
d’autres personnes montent dans le train.
Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants,
même l’amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même l’amour de notre vie)
et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets
qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,
de bonjours, d’au-revoir et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers
pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons.
Donc vivons heureux, aimons et pardonnons !
Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train,
nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage…
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station,
je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !
Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. »
Jean D’Ormesson