21 Novembre 2020
Ce qui me frappe, sans m'étonner, c'est l'extrême confusion qui caractérise actuellement le monde politique, et le monde médiatique français. Confusion qui est le fruit d'un long travail idéologique de la gauche soixantuitarde, à l'école notamment, qui porte actuellement ses fruits vénéneux.
C'est par la tête que le poisson pourrit dit le proverbe dont la véracité est actuellement d'une aveuglante clarté.
Aujourd'hui comme hier je place mon action journalistique dans le cadre d'un recentrement des esprits. Dans cette perspective j'appelle à recentrer la pensée et l'action. A ceux qui, à droite, partagent mon analyse je conseille de n'avoir pas peur, de réfléchir et d'analyser, de partager leurs analyses avec ceux qui paraissent désemparés, dans le calme et la préférence pour l'analyse, au détriment de l'excitation d'une polémique exclusive et des invectives contre l'adversaire, lesquelles ne servent à rien sauf à renforcer celui-ci qui a beau jeu de se poser en victime « d'excités » disent-ils … monsieur le commissaire. C'est la raison pour laquelle je publie assez souvent le magistrat Philippe Bilger (avec lequel je ne suis pourtant pas toujours d'accord) qui préfère l'argument à l'insulte, le partage intellectuel au massacre idéologique.
Le premier article de M. Bilger, que je retiens dans ce dossier, commente l'action d'Emmanuel Macron. Il s'agit d'un appel à réfléchir, pas d'une attaque de gladiateur.
Le deuxième article du dossier montre, avec preuve, la grande maladie de la presse française, gangrenée par le sida mental dénoncé jadis par Louis Pauwells.
Cet article, tout comme le premier m'érite d'être lu. Si vous le faites, vous me récompenserez du travail de recherche que j'effectue au service de ceux qui ont moins de temps que moi pour l'effectuer toujours par eux-mêmes. (Le Scrutateur).
(https://www.philippebilger.com/blog/2020/11/emmanuel-macron-rattrape-t-il-son-retard-.html )
La langue régalienne a longtemps été une langue étrangère pour le président de la République. Mais depuis quelque temps, notamment à cause de l'effroyable terrorisme islamiste, il met les bouchées doubles et cherche à se rattraper.
Au point de déstabiliser sa majorité qui voulait bien être en marche mais dans le mauvais sens : celui de la naïveté compassionnelle résistant à tous les assauts du réel ne permettant plus de se payer de mots.
Il est paradoxal, voire ironique, de sentir cette défiance au moment même où au contraire Emmanuel Macron ne devrait plus la subir puisqu'une majorité de citoyens n'a cessé, depuis 2017, de réclamer une lucidité, une autorité et une rigueur dans l'appréhension de ces fléaux qui minent notre société : insécurité, immigration clandestine, séparatisme, délinquance, droit d'asile, menaces terroristes importées ou cultivées dans l'espace national. Comment être encore Français avec tout ce que cet honneur implique en devoirs et donne de droits ? Comment convaincre la France qu'elle est encore chez elle ?
Si rien n'est simple pour le président de la République, il est possible que les difficultés de perception qu'on a de son comportement métamorphosé, tiennent à un doute sur le caractère sincère ou non, réaliste ou seulement cynique de son évolution. A-t-il enfin saisi l'enseignement d'un réel qui pourtant n'économisait pas ses leçons, ou accomplit-il une embardée, presque une volte-face, pour continuer à priver la droite classique de ses ultimes munitions ? Il n'empêche que, quelle que soit la réponse, il y a un effet objectivement bienfaisant de ce bouleversement. On a l'impression que notre destin et notre sauvegarde sont pris en main.
Mais, dans notre pays infiniment réfractaire, ce qu'on attend et qui survient est, par ce fait même, discuté, contesté et rien n'est plus voluptueux, pour nos dissensions, que de détourner le sens de dispositions pourtant un temps acceptées dans leur principe.
Ainsi, on a constaté qu'en quinze ans, les agressions visant les policiers ont doublé et que donc il convenait de les protéger, autant que faire ce peut, contre les atteintes périphériques mais parfois gravissimes portées au coeur de leur mission essentielle de maintien de l'ordre et de tranquillité publique.
Pour la proposition de loi sur la sécurité globale, alors que son article 24 interdisait toute diffusion d'image permettant d'identifier un fonctionnaire des forces de l'ordre quand elle est dévoilée "dans le but de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique", il a fallu que la discussion dévie et qu'on passe de la nécessaire protection de la police à celle des journalistes.
Et qu'au lieu d'approuver une disposition mettant des policiers à l'abri de violences scandaleuses et de révélations dangereuses pour eux et leurs proches, on s'obsède sur un tout autre sujet qui concerne les rares violences illégitimes de la police et la crainte qu'elles soient occultées.
Ce n'est pas nier l'existence de ces dernières que de soutenir qu'entre le doigt montrant la lune et la lune elle-même il faut choisir la lune, l'essentiel au détriment du résiduel, et ne pas confondre l'usage de la force légitime avec les violences illégitimes que tel ou tel fonctionnaire a pu commettre et qui sont réprimées.
Cette controverse "corporatiste" a payé puisque le Premier ministre a éprouvé le besoin d'infléchir la position du ministre, de complaire aux journalistes avec un rappel inutile sur la liberté de la presse et un adverbe démagogique.
On en arrive même au point de vue radical de la défenseure des droits qui ne propose rien de moins que la suppression de cet article 24.
Il est impossible dans notre démocratie, dès lors qu'elle s'assigne des ambitions plus musclées avec la volonté de les mettre en oeuvre, de parvenir à surmonter le lassant et immanquable débat qui surgit, quand la sécurité est mieux assurée, sur la liberté qui serait battue en brèche comme si chacun ne devait pas se féliciter de se dépouiller d'un peu de son autonomie pour la sauvegarde de tous.
Et d'abord de ceux qui sont nos gardiens républicains, la police, les instances régaliennes, celles sans lesquelles nous n'aurions même plus le loisir de discuter sur l'arbitrage entre libertés et sécurité.
Maintenant que le président de la République - l'échéance de 2022 n'y est pas pour rien, de même que l'état d'inquiétude d'une population qui n'attend que d'être libérée de la menace du Covid et du risque terroriste - a pris la mesure d'un obligatoire changement de cap, il est évidemment critiqué.
Par une part de ceux qui déploraient hier pourtant sa mansuétude d'Etat.
Il est aussi caricaturé par exemple par le député LREM Guillaume Chiche imputant à Emmanuel Macron de "se complaire dans une dérive autoritaire...et de trahir ses engagements de 2017" comme si rien d'important ni de tragique ne s'était déroulé depuis son élection.
Cette réaction d'un élu, pour aberrante qu'elle soit, montre bien que les jeux ne sont pas faits. Nous avons eu une parole présidentielle changeante et des coups de menton ont succédé à une molle acceptation. Les frontières deviennent floues et les appartenances ambiguës. A peine les assassinats ont-ils diffusé leurs sombres leçons que le consensus de l'indignation collective s'effrite et que la République n'a qu'une envie : retrouver ses aises, ses attitudes confortables d'opposition, ses contrastes si faciles et ridicules en cette période, entre une exigence de sûreté qui serait mortifère et une passion de la liberté qui serait noble mais suicidaire.
Ce billet avait pour point de départ les agressions contre la police qui ont doublé. Dans l'effervescence de ces derniers jours, elles ont été oubliées. Il faudra bien qu'un jour on paie notre indifférence pour enfin nous mobiliser pour et avec elle.
Philippe Bilger.
Le journaliste Yann Lalande va quitter ses fonctions, début décembre, en partie à cause d’un éditorial au sujet de l’assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste. (…)
… « De la « rétention d’information »
Yann Lalande est finalement revenu sur les faits dans un nouvel éditorial publié dans le JSD jeudi 12 novembre. Il parle de « désaccord de fond sur un sujet fondamental » et de « différence profonde de perception de la société française (...) [s'étant] déjà fait jour à plusieurs reprises au sein de la rédaction du JSD ». En effet, il évoque à Marianne que de jeunes collègues avaient dès le départ « décrété ne pas vouloir aborder certains sujets », notamment ceux concernant la laïcité et le fondamentalisme religieux. D’ailleurs, certains journalistes n’auraient pas hésité à faire de la « rétention d’information ». En effet, le 29 octobre dernier, un commerçant de Saint-Denis avait reçu des menaces pour avoir affiché des unes de Charlie Hebdo. Après avoir parlé au commerçant, Yann Lalande a découvert que l’un de ses journalistes était au courant depuis plusieurs jours mais avait délibérément choisi de ne pas en parler. Les opposants à l’éditorial n’ont pas souhaité s’exprimer auprès de Marianne. Le reste de la rédaction s’est dit inquiet pour la suite, sans Yann Lalande »
Un article à lire dans sa totalité, ci-dessous :