15 Septembre 2020
Cet ami guadeloupéen et artiste, m'envoie de Paris cette conférence d'Aurélien Barrau qui ici me comble, là me titille, et parfois m'agace, au bord des transes.
N'exagérons rien, ni transes, ni titillements, mais de l'intérêt et de la curiosité, tellement rares en cette période d'intense ressassement des banalités les plus creuses, dans tous les domaines.
Barrau retient mon attention, par ce qu'il dit et à quoi je ne souscris pas toujours, par son look aussi, assez biblique il me semble, et ce choix de son apparence, et de son éloquence, paraît s'accorder à son discours, rigoureux comme « il convient » à un prof d'université, mais aussi, désaccordé de la rigueur ce ton, qui nous éveille, quelque peu prophétique à l'imitation subconsciente d'un Jérémie, ou d'un Isaïe. Et le « look » aussi, qu'on peut croire inspiré par le soupçon de narcissisme qui convient à tout enfant d'ancien soixante-huitard. Aurélien Barraud énonce avec une verve sympathique nombre de « vérités » que nous avons oubliées dans la paresse d'un progressisme hérité du stupide XIXème siècle selon la formule de Léon Daudet. Il faut, là, le suivre attentivement, en ce à quoi nôtre devin pourrait se réclamer, même inconsciemment, mais sans malhonnêteté, du prophétisme judéo-chrétien.
Mais le propre de nombreux prophètes est de se laisser emporter par les forces obscures, - provenant du monde extérieur, mais aussi des tourbillons cachés à lui-même en son inconscient – et dès lors de tomber dans les errances des vaticinateurs.
L'écoutant attentivement, ici et là je suis tenté de lui trouver l'air de qui, n'étant pas Jésus au désert résistant aux trois propositions du Tentateur par excellence, s'expose à l'échec face à l'Adversaire, tant est vrai ce qu'écrivait le sociologue Gaston Bouthoul dans son Traité de sociologie : que « la prévision en politique exprime souvent soit un prophétisme déguisé, soit une forme indirecte de la suggestion et de la propagande ».
Alors, Aurélien prophète, ou vaticinateur ?
Peut-être, inconsciemment, un peu des deux, et aussi assez rationel et réfléchi, il faut être juste. Utile à nos consciences ? Certainement, du moins pour des consciences réfléchies, denrées qui se font rares.
Maniaquement, selon une vieille habitude de prof qui ne peut s'empêcher de « noter » je donnerais volontiers un 14/20 à notre astrophysicien.
On ne se refait pas. Et après tout ce n'est pas si mal.
Le Scrutateur.
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