28 Juillet 2020
2022 approche, c'est-à-dire la prochaine élection présidentielle en France. Les Français sont nombreux, et j'en suis, à souhaiter le changement. Le quinquennat de Hollande fut calamiteux, particulièrement nuisible à l'image de la France dans le monde, et, ce qui est plus grave, corrosif pour l'identité nationale, d'ordre scatologique. Le quinquennat de Macron ne pouvait être pire, mais il est du même ordre. M. Macron n'a pas l'envergure d'un chef d'Etat, tout au plus celui d'un technocrate qui ne possède pas la moindre vision de la France historique qui fut un phare des nations, et de plus n'est pas un chef.
Le drame c'est que pour l'instant ne se profile pas, dans la confusion actuelle, la moindre figure d'espérance. Dans cette attente beaucoup à droite, et même à gauche, tentent d'investir dans un retour de Nicolas Sarkozy, qui, tout en se prétendant « désormais en dehors » du champ politique, a du mal à persuader de la sincérité de son « désir » de retraite des électeurs en attente de chef.
Quelqu'un qui fut, en 2007, un ardent Sarkoziste, M. Philippe Bilger , revenu de bien des choses, mais pas de toute espérance, nous donne sa vision de l'ancien président.
Je ne suis pas loin de partager sa vision. (Le Scrutateur).
(https://www.philippebilger.com/blog/2020/07/nicolas-sarkozy-encore-trop-pr%C3%A9sent-.html )
On n'en finira donc jamais avec lui et il fait tout pour que cela dure.
Je devine comme ce billet va encore m'attirer des foudres puisque, si NS a le droit de dire du bien de lui, le simple citoyen est voué aux gémonies s'il s'autorise la moindre critique.
Pourtant je trouve de plus en plus troublants, voire ambigus, le comportement, les postures de l'ancien président de la République qui, battu en 2012, opposant sous François Hollande, complice avec Emmanuel Macron, ne se lasse pas de faire de la politique tout en affirmant en être retiré, dénie se poser en recours mais laisse dire par d'autres qu'il pourrait l'être, s'occupe avec ennui des LR mais jouit bien davantage de ce qu'Emmanuel Macron lui offre avec son quinquennat : demeurer en pleine lumière, en totale utilité, en influence reconnue en même temps qu'il joue ostensiblement la discrétion et le raccommodeur d'affaires où l'argent coule à flots.
Avec ce président de la République dont la psychologie correspond à la sienne et qui éprouve la même détestation que lui pour François Hollande, il goûte à un pouvoir délicieux puisqu'il n'en a plus la responsabilité et est qualifié sans rire de "parrain de la droite" et d'homme sage, alors que son tempérament, hier comme aujourd'hui, l'a surtout prédisposé à des élans qui, pour n'être pas dénués de lucidité, visaient surtout à le promouvoir.
Emmanuel Macron a besoin de lui, la droite républicaine a besoin de lui, virtuellement la France a toujours besoin de lui et s'il a été remplacé, il se juge, j'en suis persuadé, par principe et affirmation de soi, irremplaçable.
Il faut dire qu'il a du talent. Une alacrité, une verve, une dialectique que j'ai pu apprécier dans "le Temps des tempêtes". Contrairement à tant d'autres, je l'ai immédiatement lu, d'abord parce que je suis systématiquement friand des essais politiques et historiques et que rien de ce qui concerne Nicolas Sarkozy ne me demeure étranger. Je n'ai pas envie de me défaire de cette curiosité passionnée et parfois critique. Le citoyen ne peut se priver de l'expansion d'une telle personnalité, par ses propos, son action ou son écriture.
J'espérais la richesse d'un ouvrage où un président omniprésent et s'en félicitant se pencherait sans trop de complaisance sur ses deux premières années de mandat. D'autant plus qu'il a eu le courage, dans les premières pages, de dévoiler sa fascination pour les orages et les tempêtes à un point tel, d'ailleurs, qu'on se demande, mauvais esprit, s'il ne les a pas suscités artificiellement pour se glorifier d'être un sauveur, une sorte de Zorro en politique.
Mais, en définitive, malgré un style alerte - aucune raison de douter qu'il l'ait écrit seul, confiné -, que de focalisation sur soi, d'éloges sur ce qu'il aurait voulu accomplir et qu'il n'a pas pu mener à bien à cause des autres, que d'hyperboles sur ses entreprises et leurs résultats, quelle image gratifiante de lui se dégage !
On comprend, à le voir aborder le judiciaire et le clan qu'il affectionne - Patrick Ouart et Vincent Lamanda notamment -, pourquoi l'insulte des "petits pois" n'a suscité aucune réaction et comment l'affaire Bettencourt a pu surgir plus tard.
Pour être honnête, si j'avais à évoquer aujourd'hui le bilan de son quinquennat, je continuerais à être sévère pour le dévoiement de l'état de droit mais par comparaison avec ses successeurs, je serais évidemment moins négatif pour tout le reste et attacherais sans doute moins d'importance à des attitudes caractérielles et peu décentes qui, pour avoir été avec lui ostensibles, n'étaient pas les plus choquantes : on a vu pire !
J'ai scrupule à faire preuve de cette objectivité à l'égard d'un homme dont on oublie l'échec en 2012, qui ne fait rien pour sortir la droite de son état de "grande malade" en récusant implicitement ou explicitement ceux qui pourraient tenter de la guérir, parce qu'il est essentiel qu'il continue à être perçu comme le seul à louer, dans la nostalgie comme dans l'espérance.
Cette apparente sérénité que j'affiche est d'autant moins nécessaire, au fond, que Nicolas Sarkozy sera toujours le meilleur avocat de lui-même et qu'il n'a cure d'être attaqué puisque rien ne peut véritablement l'affecter qu'une éventuelle et peu probable dépréciation de lui-même. Toujours très indulgent avec lui-même, il s'épargne beaucoup.
A sa décharge, il devrait être infiniment modeste pour résister à certains questionnements médiatiques qui n'ont pour ambition, semble-t-il, que d'ajouter une pierre de plus à son sentiment initial de supériorité.
Le ressort fondamental de ce post est venu moins de son livre que du paradoxal satisfecit qu'il octroie à Emmanuel Macron : "Il essaie de faire au mieux. Les décisions et les nominations récentes vont dans le bon sens". Qu'il veuille complaire à Gérald Darmanin qui ne l'oublie jamais dans ses hommages, on peut le comprendre, mais ce qui est proprement incompréhensible est l'absence de dénonciation de la catastrophique autorité régalienne d'avant (Le Figaro).
Il y a, chez Nicolas Sarkozy qui vante sa sincérité, son audace et l'exigence de la vérité même quand elle est provocatrice, quelque chose qui est équivoque, dans ses soutiens et ses attitudes, au moins depuis 2017.
Peu lui chaut puisqu'il est Nicolas Sarkozy et que cela lui suffit.
On n'a pas fini de parler de lui.