1 Mai 2020
La misérable idéologie platement matérialiste qui annihile la vie spirituelle dans la civilisation européenne actuelle, et notamment en France l'un des ses plus beaux fleurons, n'est pas encore triomphante.
Mais la transformation de nôtre grande Europe en un espace neutralisé juste destinée à la consommation matérielle et à l'abrutissement dans le tourbillon des divertissements de masse n'est pas encore assurée d'un éventuel triomphe. Nos nations ne sont pas encore les choses sans âmes du Meilleur des mondes décrit avec tant de profondeur par Aldous Huxley.
Les raisons du pessimisme n'ont pas disparu, il s'en faut de beaucoup. Il n'est que de considérer les catastrophes engendrées par les provocations de l'art prétendument moderne pour en être persuadé.
L'âme ne vit que de beauté, de création, et de ce qui permet de voir le beau et l'admirable, c'est-à-dire la conscience de ce qui nous dépasse, et le désir de se créer soi-même en s'insérant dans le courant spirituel, comme disait le philosophe Henri Bergson.
Trop souvent les niais, (ces epsilons du « Meilleur des mondes », ce bas de gamme de l'humanité) prétendent nous rassurer en évoquant le nombre considérable des touristes qui visitent le Louvre chaque année, ou récemment encore Nôtre Dame de Paris, pour nous en tenir à ces deux symboles.
Mais « faire le Louvre », en une matinée, ou « faire Versailles, ou Nôtre Dame », en quelques heures, c'est tout le contraire de la prétention culturelle du troupeau mené à la baguette d'un snobisme étranger à toute vraie culture.
Or, ce qui nous différencie aujourd'hui de l'homme primitif est la culture c'est-à-dire l'assimilation méthodique et volontaire de la substance des œuvres (littéraires, architecturales, musicales, etc) dont le patrimoine est la conservation en vue de l'anoblissement des personnes par assimilation et appropriation des œuvres de nos pères.
Vienne la disparition du sens de cette continuité une génération y suffit parfois, et c'est l'effondrement. « Nous autres, civilisations, nous savons désormais que nous sommes mortelles », disait Paul Valéry en 1918.
Je viens de relire, quarante ans après la première lecture, le roman de Balzac César Birotteau. Ce parfumeur connu dans le Paris des années 1820, parfait honnête homme, d'une probité scrupuleuse, est happé par un certain monde dénué de scrupules, intéressé seulement par l'ARGENT, qui le saisit, le dépouille et tente de le déshonorer.
Birotteau sera cependant sauvé par quelques amis et parents à l'issu d'un long calvaire social. L'un de ces parents observant son neveu a cette réflexion sur les causes véritables qui ont permis au parfumeur de se tenir à flots, moralement : «Aussi quand il n’y a plus non pas de religion mais de croyance chez un peuple, quand l’éducation première y a relâché tous les liens conservateurs en habituant l’enfant à une impitoyable analyse, une nation est-elle dissoute ; elle ne fait plus corps que par les ignobles soudures de l’intérêt matériel par les commandements du culte que crée l’Egoïsme »
Tel est le sens et la valeur de ce que l'on appelle le conservatisme, faute duquel l'individu meurt, n'étant plus que fils de personne, et le centre purement nerveux de toutes les sollicitations, et influences du milieu où il navigue sans les boussoles fournies par l'éducation et la tradition.
Je pensais à ces choses en regardant passionnément l'émission sur Nôtre Dame.
Les touristes « font » Nôtre Dame à la vitesse d'un Usain Bolt. Pur et vulgaire snobisme des moutons de Panurge de l'industrie touristique.
Mais observez les acteurs ouvriers du sauvetage, choisis pour leurs hautes qualifications nécessaires pour activer un tel chantier. Quelques anciens : hommes de haute culture et de foi profonde. Et beaucoup de jeunes artisans, eux-aussi issus de grandes écoles d'artisanat.
L'un d'entre eux résume le sentiment de ses camarades du même âge : « jusqu'à présent j'avais acquis un métier. Mais désormais, je sens que travailler à sauver Nôtre Dame, va me fournir le moyen de donner un sens à ma vie ».
C'est beau.
Or la France est un pays extraordinairement riche en matière culturelle. Le cours des choses tend à estomper le milieu culturel ( c-à-d spirituel) au profit des effluves du commerce. Cette émission et ce qu'elle révèle nous indique sur quelles voies il faudrait que s'activent les éminences gouvernementales et politiques.
Je ne crois pas, sauf conversion improbable, mais qui sait, sur un chemin de Damas que M. Macron (ce qu'il symbolise, car j'épargnerai sa personne ne supportant pas la recherche de boucs émissaires) nous conduise jamais sur ces chemins de crête. (Le Scrutateur).
Au lendemain de l'incendie qui a frappé Notre-Dame de Paris en 2019, la cathédrale menace de s'effondrer. Commence alors une véritable course contre la montre pour une centaine d'hommes et de femmes qui vont affronter le danger, l'inconnu et les poussières toxique de plomb pendant un an pour sauver ce patrimoine mondial. Architectes, tailleurs de pierre, charpentiers, grutiers, échafaudeurs, cordistes, archéologues : ce chantier unique rassemble de rares savoir-faire. Dans un élan et une cohésion rare, ils vont réaliser de nombreuses prouresses techniques et humaines. Ce film raconte l'aventure spectaculaire et émouvante des ces bâtisseurs qui se battent pour sauver Notre-Dame.
réalisé par : Charlène Gravel, Quentin Domart
https://www.france.tv/documentaires/voyages/1370921-sauver-notre-dame.html