2 Avril 2020
Je n'ai pas le temps de maintenir régulièrement la petite chronique du propos matinal inaugurée il y a des années, car cela est très astreignant, même pour un scrutateur têtu.
Ce matin j'y reviens, car étant occupé à déguster un excellent café tout en dépouillant mon courrier, je tombe sur une photo de monsieur le président de la République (plus connu sous le nom de Manu), et là je ne peux m'empêcher de pécher par la pensée. Pensée peu charitable, et association de pensée. Je regarde la photo de Manu, son clin d'oeil suscite en moi une pensée peu charitable, et la réminiscence d'une lecture du Zarathoustra de Nietzsche. Je vous communique un extrait de ce beau texte qui donne à réfléchir, par delà la personne du malheureux Manu, sur la nature du cloaque qui sert de référence à la « morale » de nos pseudos intellectuels actuels.
On le voit, j'évite d'accabler ce pauvre Manu. Comme dirait l'héroine antique « le mal vient de plus loin ». M. Macron, tant d'autres, et tant d'entre nous, sont des victimes d'une pollution déjà ancienne, d'ordre intellectuel et spirituel. (LS)
Texte de Nietzsche. (dans le prologue d'Ainsi parlait Zarathoustra, traduction d'Henri Albert).
« Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ? » — Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil.
La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps.
« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.
Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui : car on a besoin de chaleur.
Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !
Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.
On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.
On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles.
Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous.
« Autrefois tout le monde était fou, » — disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil.
On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé : c’est ainsi que l’on peut railler sans fin. On se dispute encore,