27 Avril 2020
Coronavirus : la région Caraïbe sera-t-elle prochainement confrontée à une dépression économique synchronisée ? Les nuages d'une dépression non pas cyclonique mais économique et sociale s'amoncellent dans le ciel de la région Caraïbe. Pour cette région de notre proche environnement géographique , et dans le cas du Covid-19, la question économique est inextricablement liée à la crise sanitaire. La performance dans la gestion de crise sanitaire est ce qui va déterminer l’intensité de la crise économique et sociale. Pour le moment, l'on estime les pertes financières consécutives à cette crise sanitaire du Covid 19 à 3,7 milliards de dollars pour l'ensemble de la zone Caraïbe. Dans ce même contexte les pertes estimées pour la Guadeloupe et la Martinique s'élèveraient à environ 600 millions d'euros. De nombreux pays de la région doivent ainsi affronter la crise avec des marges de manœuvre budgétaire désormais limitées. L’importance du secteur informel complique la donne, l’accompagnement de tous les ménages en difficulté financière du fait du chômage actuel, et la protection de toutes les sources d’emploi inhérents au tourisme étant difficiles à concrétiser. Dans quasiment toutes les îles, quantité de familles vivent au jour le jour et n’ont pas les moyens de tenir pendant les périodes de confinement et de quarantaine, indispensables pour enrayer la propagation du virus. Beaucoup sont également tributaires des envois de fonds de leurs proches qui ont émigré, actuellement en chute libre. Les analystes de la Banque mondiale énumèrent la conjugaison des facteurs responsables de ce recul économique dramatique : « Désorganisation des échanges et des chaînes de valeur, qui pénalise les exportateurs de produits agricoles de base et les pays fortement intégrés dans les filières touristiques mondiales ; réduction des flux de financement étrangers (transferts de fonds des migrants, recettes touristiques, investissements directs étrangers, aide étrangère) et fuite des investisseurs, impact direct de la pandémie sur les systèmes de santé ; Les autorités de ces petits pays de la Caraïbe redoutent les cas de contamination, dommageables pour leur population et pour l'image de destinations très touristiques. C’est à peu près l’inverse qui se passe pour de nombreux pays de la Caraïbe . Le problème d’un Etat n’est pas tant le montant de sa dette rapporté au PIB que sa capacité à se financer. Or les Etats de la Caraïbe ont un accès réduit aux marchés financiers et ils en auront besoin au moment où l’Occident sera sans doute lui-même confronté à une crise des financements . Le moratoire sur le paiement des intérêts et du capital jusqu’à la fin de l’année annoncé récemment par les vingt pays les plus riches du monde ne saurait être suffisant. Pour de nombreux spécialistes de la région Caraïbe , la somme de toutes les contributions annoncées – FMI, Banque mondiale – ne répond pas, non plus, aux besoins de la crise. Récemment dans ce mois d'avril , une étude des Nations Unies estimait entre 2 et 4% la perte globale de PIB pour la région. Une étude de la Banque mondiale publiée aujourd'hui prévoit, elle, une chute comprise entre 5,2 et 6,6%. Et selon le FMI, la Caraïbe pourrait même être une des régions du monde la plus affectée par les conséquences économiques de la pandémie. Jean marie Nol |