9 Avril 2020
Depuis un mois, le docteur Didier Raoult est devenu l'un des hommes les plus populaires du pays. On sait pourquoi, et le Scrutateur en a plus d'une fois parlé. Populaire pour de bonnes raisons : la nécessité de trouver à défaut d'un vaccin, d'une façon efficace de faire face à l'épidémie dont il est des acteurs les plus ardents, mais aussi sans aucun doute pour certains, parce qu'on le supposait en rapport d'hostilité avec le président de la République. Or voici que nous apprenons que Raoûlt et Macron se sont déjà vu à l'Elysée, que le président est en rapport fréquent avec le Marseillais, et qu'aujourd'hui M. Macron s'est rendu à Marseille pour une visite de quatre heures. Troubles dans la contestation ? C'est pourquoi j'ai dit que Macron aujourd'hui a marqué un point.
En écrivant qu'à Marseille Emmanuel Macron marque un point, je ne deviens pas pour autant macronien. J'ai voté contre Macron et son parti en 2017, j'ai refusé la philosophie politique mondialiste et le fédéralisme européen qui l'accompagnait. M. Macron était aussi un homme sans expérience politique, imprégné des pseudo valeurs de « l'élite » intellectuelle occupant nos universités et les milieux médiatiques les plus influents qui depuis mai 68 désarment axiologiquement les nouvelles classes d'âge nées entre 1968 et 2020. Il venait aussi de milieux d'affaires peu enclins à sacrifier leurs intérêts financiers à d'autres horizons que ceux qui leur agréaient en fonction de leurs intérêts matériels, et qui sont en partie les causes de la débandade de nos nations, notamment de la France.
Macron cependant n'était pas un « con » pour reprendre un vocabulaire qui dénote la prééminence chez ceux qui l'emploient de cette libre expression de leurs humeurs qui n'a jamais favorisé la réflexion et la recherche des solutions utiles en politique.
Je m'avance peut-être, mais il est possible (seulement possible) que les difficultés graves que nous avons à surmonter conduiront le président à sortir de son premier formatage pour s'ouvrir à une nouvelle « vision » des choses, et notamment des vrais intérêts de la France.
Et je déplore que cette possibilité ne soit pas entrevue par des opposants de droite, et d'extrême droite pour sortir du brouhaha qui leur tient lieu de « réflexion » depuis quelques semaines.
Ce brouhaha est commun à tous (ou presque) les commentateurs de la politique.
Les uns parlent de nécessaire changement de constitution et de passage à une sixième République, avec un président ramené aux dimensions de ceux des troisième et quatrième républiques qui avaient conduit aux désastres que l'on sait. D'autres regrettent que le pays soient corseté par des institutions comme le Conseil d'Etat. Cela je l'entendais ce matin même du 09 avril, sans doute à cause de l'annulation d'un arrêt du tribunal de Basse Terre qui n'agréait pas à ces messieurs de l'UGTG. En d'autres termes, la déconstruction de tout le travail d'organisation administrative de la France si difficilement mené à bien de Louis XIV à Charles de Gaulle, en passant par Napoléon 1er.
Je ne deviens donc pas macronien, mais j'essaye de réfléchir à la meilleure façon de ne ne pas enfoncer notre pays dans un désastre anarchique.
Et si E. Macron, puceau de la République en 2017, accédait au contact des réalités à une conception plus lucide des réalités des politiques intérieure et extérieure ?
Il est possible que je me trompe. Mais je ne crois pas que les oppositions en France aujourd'hui, par l'anarchie qui les caractérise, puissent apporter autres choses que des criailleries parfaitement stériles à la nécessité d'une reprise en main des affaires de la France. (Le Scrutateur).
(Lors d'une visite dans la cité phocéenne, ce jeudi après-midi, le chef de l’État s'est entretenu avec le directeur de l'IHU-Méditerranée, qui publie une étude sur l'usage de l'hydroxychloroquine.
Par Marcelo Wesfreid
Redonner un brin d'espérance. Instiller une dose d'optimisme alors que le confinement n'en finit plus, obligeant les Français à prendre leur mal en patience, alors que les températures sont clémentes. C'est l'objectif du déplacement surprise d'Emmanuel Macron, jeudi après-midi, à l'Institut Hospitalier Universitaire de Marseille. Muni d'un masque, il a visité les installations, découvert la plate-forme haut débit qui permet jusqu'à 3500 tests par jour et y a rencontré le fameux professeur Didier Raoult, l'infectiologue persuadé d'avoir trouvé la formule contre le Covid-19, grâce au recours à l'hydroxychloroquine. Un chercheur iconoclaste, aussi sûr de ses méthodes que friand de coups d'éclats, qui suscite un engouement dans l'opinion publique mais divise la communauté scientifique. « Il ne s'agit pas d'un signal envoyé à l'opinion », assure-t-on dans l'entourage du chef de l'État.
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« C'est dingue que le président soit parti voir Raoult », lâche, estomaqué, un ministre du premier cercle, en découvrant l'information comme tout le monde. Il faut dire que la visite a été préparée par l'Élysée dans le plus grand secret. « Aucun ministre n'accompagne le chef de l'État, car ils doivent rester à leur tâche », glisse-t-on dans l'entourage présidentiel. Aucun journaliste n'assiste au déplacement. S'agit-il d'éviter les déconvenues de la visite de la veille, à Pantin (Seine-Saint-Denis), où un attroupement de badauds s'était formé autour du chef de l'État ? Les images, rapportées par les médias, avaient suscité la polémique.
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Dissuadé d'écouter le savant à la chevelure de druide par une grande partie de la majorité, Emmanuel Macron refuse toutefois, depuis le début de la crise, d'écarter la piste défendue par l'ancien grand prix de l'Inserm 2010. Les deux hommes se sont rencontrés une première fois à l'Élysée, le 5 mars, et entretiennent depuis des échanges réguliers. Le professeur Raoult, qui a tissé des relations politiques à droite comme à gauche, a par ailleurs appelé Brigitte Macron, quand l'une de ses amies a été admise pour des soins à l'IHU. « Avant son allocution de lundi, le chef de l'État est venu se rendre compte personnellement, sur place, de ce qu'est cet institut. Le professeur Raoult n'est pas un charlatan coincé au fond d'un labo obscur. Il dirige un institut de renommée mondiale », souligne le président LR de la région PACA, Renaud Muselier.
Pendant la visite présidentielle à Marseille, le professeur Raoult a remis au chef de l'État une étude scientifique fraîchement terminée sur 1061 patients, menée sur place. Les résultats étaient encore en cours de traitement le matin même. Selon Les Echos, cette recherche conclurait à un taux d'efficacité de 91 %. Un résultat sur lequel l'Élysée s'est refusé à communiquer, mais qui peut expliquer le calendrier de la visite surprise d'Emmanuel Macron à l'Institut Hospitalier Universitaire. Même si l'Élysée balaie cette hypothèse d'un revers de main.
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« Le chef de l'État n'est pas venu à Marseille pour dire s'il croit ou non en telle ou telle méthode mais pour faire un point sur l'état de la recherche française et internationale et savoir si on peut aussi aider les malades qui ont des formes moins graves de la maladie, démine un conseiller de l'Élysée. On travaille avec l'ensemble de la communauté scientifique, avec toutes les sensibilités. Le rôle du président n'est pas de trancher entre des sensibilités scientifiques ». Une dizaine d'études sont actuellement autorisées dans les laboratoires et les instituts français.
Le matin, Emmanuel Macron avait fait un saut au CHU du Kremlin-Bicêtre, près de Paris, pour rencontrer des équipes menant des enquêtes thérapeutiques, menées notamment dans le cadre du programme de recherche européen Discovery. « Il y a onze études thérapeutiques autorisées en ce moment en France », insiste-t-on à l'Élysée. Une sorte de « en même temps » médical, puisque ces études, même celles qui portent sur la chloroquine, ne testent pas le protocole vanté par le professeur Raoult, qui se concentre sur des patients à un stade plus précoce de la maladie.
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