1 Mars 2020
Sur ce sujet, plus ou moins affriolant, l'actualité offre, depuis toujours, ample matière aux amateurs ( … trices). Le sujet amuse en général l'opinion publique, …. radieuse que les projecteurs de Gala, et des réseaux sociaux, se détournent des activités en la matière des larges masses si-toyennes ! Cette « discrétion » toute relative durera t-elle ? D'aucuns s'interrogent sur la durabilité et commencent à inquièter à un moment où l'on assiste à un retour en force d'une inquisition moralisante.
Le sujet nous vaut un article intéressant du site historique HERODOTE.
Je vous le livre sans autre commentaire.
(https://www.herodote.net/Vie_publique_vie_privee-synthese-640-382.php )
Bill Clinton, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, François Hollande, Donald Trump... Au tournant du IIIe millénaire, ces chefs d'État et de gouvernement occidentaux ont vu leur vie intime étalée dans les médias, le plus souvent à leur initiative. Leurs prédécesseurs ont eu plus de chance ou plus de retenue.
En marge de ces comportements licencieux mais légaux qui n'ont jamais vraiment affecté la popularité des intéressés, les affaires Strauss-Kahn et Weinstein ont montré que certains comportements de domination n'étaient par contre plus tolérés, au moins dans les pays occidentaux.
Sous l’Ancien Régime et plus loin encore au Moyen Âge, les souverains étaient en permanence en représentation et veillaient à donner une image idéalisée d'eux-mêmes. Il en allait du prestige et de la solidité de la monarchie, surtout en France où le roi était sanctifié par le sacre de Reims et sa légitimité reposait sur la règle de primogéniture masculine (la couronne va à l’héritier masculin le plus âgé). D’Hugues Capet à Charles X, cette règle ne connut qu'une anicroche à la succession de Charles IV le Bel, dernier Capétien direct.
Tous les faits et gestes du monarque étaient observés par les courtisans et enregistrés par les chroniqueurs. Ceux-ci y mettaient les formes, de même que les peintres et sculpteurs chargés de diffuser son image. Les écarts de conduite étaient tolérés et pudiquement cachés.
Au XVe siècle, Charles VII fut le premier à oser s'afficher à la cour avec sa maîtresse, Agnès Sorel. Personne ne lui en tint rigueur.
Il en allait autrement pour les épouses royales, astreintes à une absolue fidélité pour une raison politique impérieuse : ne pas laisser planer de doute sur la légitimité de l'héritier, au risque de déclencher une guerre civile. Les amants de la tour de Nesles allaient très chèrement payer leur transgression.
La confusion entre vie privée et vie publique du monarque atteignit son paroxysme avec Louis XIV. Soucieux du prestige de sa dynastie et de son royaume, le roi imposa à lui-même et à ses courtisans une « étiquette » très contraignante.
Cela ne l’empêchait pas d’agir à sa guise en matière sentimentale comme son grand-père Henri IV, allant jusqu’à officialiser ses principales maîtresses et légitimer ses enfants adultérins nés de la Montespan.
Son intimité était à peu près nulle. Chaque jour, au lever du Roi-Soleil, les courtisans étaient tenus informés de son devoir conjugal. S’il s’en était acquitté, Louis XIV les en avisait d’un claquement des deux mains. Cela dit, on ne lui en demandait pas autant concernant ses maîtresses !
La reine elle-même se devait d’accoucher en public, devant familiers et courtisans. Ce rituel avait une motivation politique : couper court à toute rumeur sur une éventuelle substitution de l’enfant. On s’en acquitta encore très consciencieusement le 29 septembre 1820 en faisant entrer des anonymes et des gardes dans la chambre où Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, veuve du duc de Berry, héritier de la couronne, donna le jour au futur duc de Bordeaux, l'« enfant du miracle ».
Avec les derniers rois de l’Ancien Régime, Louis XV et Louis XVI, l’étiquette demeure mais perd de son sens. Elle ne met plus en relief la majesté du souverain mais souligne au contraire son autoritarisme velléitaire.
L’opinion publique éprouve un sentiment d’insécurité devant un roi doté d’attributs quasi-divins mais qui se laisse balloter par les coteries de la cour et change de ministre au gré de celles-ci. Le pouvoir conféré à un seul homme convient tant que cet homme se montre à la hauteur de ses responsabilités.
Mais lorsque le monarque défaille, on ne se satisfait plus de l’image hiératique dessinée par les chroniqueurs et les peintres officiels ; on monte en épingle ses écarts de conduite et ses faiblesses réelles ou présumées. Tel un Berlusconi avant l’heure, Louis XV fut moqué et honni pour ses frasques sexuelles, dans la deuxième partie de son règne, quand il retrouvait de très jeunes filles dans sa maison de plaisirs du Parc-aux-Cerfs, à Versailles. Quant à son successeur, le jeune Louis XVI, il fut au contraire moqué pour son retard à l'allumage et pour la frivolité de son épouse Marie-Antoinette.
Dans les régimes précédents, le souverain est aussi le chef du gouvernement. D’une part, il représente la Nation ; d’autre part, il dirige les affaires courantes. On lui pardonne ses frasques et ses écarts de conduite pourvu qu'ils n'affectent pas sa capacité à gouverner.
Autres sont les monarchies constitutionnelles, qu’il s’agisse de la monarchie française sous Louis-Philippe (1830-1848) ou des monarchies actuelles, en premier lieu l’anglaise. On attend d'eux une forme d'exemplarité, un défi immense par les temps qui courent, entre la transparence médiatique et la promotion de l'individu.
Anne Laramé.