31 Mars 2020
Le 16 mars dernier Le Scrutateur publiait un article sur le rôle éventuel de la Chine communiste dans la propagation du coronavirus (http://www.lescrutateur.com/2020/03/covid-19-mystere-sur-l-origine-du-virus.la-chine-dissimule-t-elle-la-verite.html )
Les jours ont passé. La maladie aurait reculé à Chungkuo (l'empire du milieu), mais il y a de fortes raisons de douter des affirmations du pays de XI Jinping.
Tout indique que l'épidémie est aujourd'hui un outil entre les mains des dirigeants communistes dans la lutte pour la domination mondiale.
Je reçois actuellement des informations effarantes sur cette questions, que je me refuse à publier pour l'instant, tant que je n'en aurai pas reçu des confirmations sures.
Je considère Le Figaro comme un journal sérieux et sûr.
C'est pourquoi je publie l'article ci-dessous.
Dans cet article se trouve une video qu'il faut écouter. Vous la verrez en cliquant sur le lien ci-dessous. (Le Scrutateur).
Le nombre de morts du coronavirus à Wuhan serait beaucoup plus élevé que les chiffres annoncés par le régime communiste, selon de nouvelles estimations et les témoignages récoltés sur place.
De notre correspondant à Séoul
LA QUESTION. À l’approche de la « Toussaint chinoise », des longues files d’attente de centaines voire de milliers de personnes s’étirent devant les funérariums de Wuhan pour retirer les urnes funéraires, selon des clichés postés sur les réseaux sociaux qui nourrissent la thèse d’un bien plus grand nombre de morts que celui annoncé par le régime communiste.
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Selon les chiffres officiels, le Covid-19 a fait 2535 morts dans la capitale de la province de Hubei, épicentre de l’épidémie, soit cinq fois moins qu’en Italie. Un bilan jugé bien en dessous de la réalité selon Radio Free Asia (RFA), qui avance un bilan de 42 000 morts en se fondant sur des estimations du nombre d’urnes délivrées par les sept crématoriums de la ville. Ces chiffres sont-ils crédibles ? Que peut-on vraiment en dire ?
VÉRIFIONS.
Les autorités chinoises ont interdit tout rassemblement en hommage aux morts dans la ville épicentre de l’épidémie de coronavirus, à la veille de Qing Ming, la fête des tombes, ce 4 avril. À l’approche de cette date sensible où les habitants du pays le plus peuplé du monde honorent leurs ancêtres défunts, le régime communiste serre la vis, attisant encore le doute grandissant sur la véracité du bilan officiel de la tragédie. Les « rassemblements » sur les tombes sont « suspendus » jusqu’au 30 avril au nom de la prévention contre le Covid-19, a décrété une circulaire du quartier général de la lutte contre l’épidémie de la ville de 11 millions d’habitants.
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Une nouvelle épreuve pour les familles qui ont perdu l’un des leurs durant la crise, et n’ont souvent pu lui dire adieu du fait des mesures de confinement drastiques, et du chaos d’alors. « Je suis choqué, la censure est même devant le funérarium. La mort, c'est la perte d'une vie, ça pèse! Mais toutes les infos sont sous contrôle » confie un habitant de 27 ans de Wuhan contacté par téléphone. La remise des cendres a lieu sous haute surveillance, et chaque individu doit être encadré par un membre du comité du quartier du Parti, ou de son entreprise, lors de ce moment intime. « Désolé, je déteste ce genre d’accompagnement obligatoire. C'est une affaire privée. Aller récupérer seul les cendres de mon père, c'est mon droit » dénonce un internaute sur Weibo, le Twitter chinois.
Le bilan officiel a seulement compté les défunts qui ont été testés. Selon cette norme rigide, beaucoup de morts ont été effacés. C'est tout simple.
Un fonctionnaire de Wuhan
Le nombre de 42.000 victimes évoqué par RFA, soit près de vingt fois plus élevé que ne l’affirme le pouvoir chinois, et jugé plausible par les habitants de la ville sous blocus, contactés par Le Figaro. « Je crois à cette estimation de 42000 morts. Le bilan officiel a seulement compté les défunts qui ont été testés. Selon cette norme rigide, beaucoup de morts ont été effacés. C'est tout simple », confie un fonctionnaire de Wuhan sous couvert d’anonymat. « Même mes parents, tous les deux fonctionnaires, ne croient plus aux chiffres du gouvernement », ajoute l’homme de 36 ans qui affirme ne plus se fier à la presse « à l’intérieur la grande muraille ».
Le magazine Caixin, l’un des rares médias chinois d’investigation à défier la censure, remet ouvertement en cause les chiffres du pouvoir en se basant sur le nombre d’urnes délivrées par camions à la veille de Qing Ming. Ainsi, 5000 unités ont été livrées en une seule journée au funérarium de Hankou, un quartier de l’agglomération, affirme le site d’investigation.
Ces calculs sont difficiles à vérifier, tant ils sont basés sur des données incertaines, tel le rythme de production des crématoriums, et le nombre exact d’urnes qui en sort, maintenus sous le boisseau par le pouvoir. Ainsi certains avancent le chiffre de 46 800 morts, en assumant que les 84 fourneaux funéraires de la ville tournent à plein, produisant 1560 urnes toutes les 24 heures, selon RFA. Ces estimations sont en tout cas largement en dessus du nombre de 14.700 crémations, répertoriées au 1er trimestre 2019, à Wuhan, qui offre un ordre de comparaison, un an avant l’épidémie.
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Le nombre de morts du coronavirus dans le Hubei dépasse très certainement les chiffres présentés par le pouvoir, pour plusieurs raisons. D’abord, pendant plusieurs longues semaines, le pouvoir a nié l’existence du nouveau virus dont les premiers cas de malades sont apparus dès la mi-novembre dans la ville. Avant de sonner l’alarme le 20 janvier, l’épidémie a progressé en silence, sans que les morts ne soient recensées comme tel durant plusieurs semaines. Puis, alors que le nombre de cas explosait fin janvier, et que le chaos s’installait, de nombreux malades sont refusés par les hôpitaux, faute de place, et meurent chez eux, selon les témoignages. Et ceux qui décèdent même dans un lit d’hôpital ne sont souvent pas comptabilisés comme victime du covid-19 faute de moyen de dépistage, ou de test post-mortem. « Au début de l'épidémie, il n'y avait aucune possibilité de tester les patients. Les morts ont été incinérés très vite, et il n’a donc pas été possible de tester après leur mort » confirme le fonctionnaire anonyme.
Ce n’est que courant février que le pouvoir central reprend en main la gestion de la crise au Hubei, imposant un nouveau système de comptage sous la houlette des cadres officiels dépêchés en urgence par le président Xi Jinping, dont le nouveau secrétaire du Parti de la province Wang Zhonglin. Ces modifications successives de la définition des cas accentuent encore la difficulté d’évaluer l’ampleur réelle de l’épidémie dans son berceau chinois. Le pouvoir central a notamment exclu les patients asymptomatiques du bilan et qui représentent un tiers des personnes testées positives, selon le South China Morning Post.
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Cette polémique est une bombe à retardement pour le régime, à l’heure où il vante à sa population, et aux chancelleries du monde entier sa gestion « efficace » de l’épidémie, avec la bénédiction de l’OMS. Le décalage entre les chiffres officiels chinois, et le nombre de morts en Europe, notamment en Italie interroge jusque chez les dirigeants occidentaux. La Chine affirme avoir 81 470 malades, soit deux fois moins que les États-Unis, et quatre fois moins de morts que l’Italie. Le premier ministre britannique Boris Johnson a exprimé sa « fureur » à l’encontre de Pékin, qui aurait minimisé de « 15 à 40 fois » l’ampleur de l’épidémie, rapporte le journal The Mail. Les autorités de Wuhan affirment qu’elles ne dévoileront les chiffres de mortalité du premier trimestre qu’en juin.
À Wuhan certains perdent patience, et leur colère s’étale en ligne avant d’être rapidement nettoyé par l’armée des censeurs. « De quoi vous avez peur? Que les familles réclament la peau des assassins ? », lance sur Weibo un internaute qui a perdu son père, décédé du coronavirus le 1er février, à l’hôpital général de Wuhan. Le vétéran a contracté le virus à l’hôpital général de Wuhan, où il avait été interné pour une fracture, le 17 janvier. Contacté par téléphone, son fils affirme « être sous surveillance », et préfère se murer dans le silence.