21 Décembre 2019
Combien de Guadeloupéens ont-ils suivi l'interminable retransmission par Guadeloupe 1 ère de l'interminable débat d'hier des élus réunis en Congrès pour déterminer l'avenit institutionnel de la Guadeloupe ?
Pas beaucoup, probablement, tant l'ennui exsude de ces prétentieuses homélies politiciennes.
Moi-même, généralement préposé (volontairement) au sacrifice de mon temps pour donner un point de vue que je veux honnête sur l'actualité, moi-même donc hier, j'ai failli.
Allumant mon téléviseur en retard d'une demi-heure (à 9h30) sur l'horaire prévu je tombai sur un président Chalus, un peu contrit, excusant le retard par le fait que les élus lui avaient demandé de surseoir au début des « hostilités » pour leur permettre de prendre leur petit déjeuner.
Dès lors je décidai de vaquer à mes activités.
Mon retour sur le champ de bataille fut à midi jusqu'à 13 heures.
Là se succédèrent une série de courtes interventions de deux minutes chacune. Et je fus confirmé dans mon sentiment que nos élus sont décidément « impayables » (enfin … d'une certaine manière).
De ces interventions j'en retiendrai trois.
La première vise le maire de la Désirade. Sympathique déclaration d'un bon maire ( à ce que me disent des Désiradiens) et qui plus est sympathique, point hâbleur ni prétentieux, chose rare dans le vivier politicien.
La deuxième concerne le maire de Grand-Bourg de Marie-Galante, madame Maryse Etzol, qui se ralliant aux thème d'autonomie pour la Guadeloupe, signale Marie-Galante comme ayant ses propres spécificités par rapport à la Guadeloupe, et qui donc réclamerait ( à la Guadeloupe dans le cas du fameux changement) sa propre autonomie. Comme le dit Jean-Marie NOL dans France-Antilles de ce 21 décembre (voir plus bas) : « gare aux désillusions ». Mais pour les bas parleurs, il y a de l'espoir, c-à-d : beaucoup de congrès à venir ! Nos politiciens sont, sans doute, des homos sapiens, mais sûrement aussi des homines loquaces.
La troisième intervention que j'ai sélectionnée est celle de l'indépendantiste historique Jean-Marie HUBERT. S'exprimant avec l'assurance arrogante des gens de cette secte, il niait que rien n'ait été accompli de bon en Guadeloupe depuis la départementalisation en 1946.
Son Argument ? Un mot de Nelson Mandela dans un tout autre contexte « Tout ce que l'on fait pour nous, sans nous, est contre nous ». Et Kyrié éleison !
Oui, gare ! Gare aux désillusions !
(Le Scrutateur).
Le 20 décembre 2019 se tiendra le congrès des élus en Guadeloupe afin de se prononcer sur l’évolution institutionnelle ou statutaire de la Guadeloupe. À lire certains partisans de la différenciation ou de l’autonomie, les Guadeloupéens et Martiniquais peuvent croire que le changement de statut pourrait solutionner tous les problèmes de la Guadeloupe et de la Martinique. Certes, l'idée de plus de responsabilités semble au premier abord alléchante, alors prenons en l’augure, car à mon sens, le changement institutionnel est déjà acquis pour la Guadeloupe et le congrès des élus n’aura d’autre choix que d'entériner ce projet de différenciation ou quelque chose qui lui ressemble comme l'autonomie. Le statu quo n’étant pas possible et encore moins envisageable tant la quête identitaire est forte de nos jours aux Antilles. Ce constat est incontournable et point besoin d’en rajouter ! Et pourtant ce changement institutionnel ou statutaire pourrait se révéler être à l’avenir une grande supercherie parce qu'il ne prend pas en compte la situation actuelle très difficile de la France hexagonale et qu'il occulte le temps long du changement de paradigme en économie. C’est dans le contexte économique et social extrêmement préoccupant de la France, que les hommes politiques dela Martinique demandent à l’État plus de pouvoir de gestion et des compétences plus larges pour gérer au mieux le pays Martinique.
À notre sens, c’est là une vue de l’esprit que de croire que la différenciation permettra non seulement un réel développement économique, mais également une réponse durable aux problèmes qui assaillent actuellement nos territoires d'Outre-mer. Plus que jamais en pareille situation, l’argent reste le nerf de la guerre.
On dépense l’argent qu’on n’a pas
On assiste à un grand revirement de la part d’Emmanuel Macron,qui passe d’un coup d’une politique économique de l’offre clairement assumée jusqu’à présent à une politique de la demande qui l’est moins. On ouvre les vannes de l’argent public et on dépense l’argent qu’on n’a pas. La réforme des retraites est encore venue compliquerles relations déjà tendues de l’équilibre de la politique budgétaire. Mais aujourd’hui, le président Macron veut absolument tenir sur sa réforme, donc il est prêt à lâcher du lest. Après 17 milliards d’euros pour lesgilets jaunes, on envisage de débourser 450 millions d’euros pourl’hôpital et 500 millions d’euros annuels annoncés pour les enseignants. De fait, le déficit budgétaire va exploser en 2020 : chut… le gouvernement utilise le déficit public pour satisfaire le pouvoir d’achat de certaines catégories de Français, mais ne veut pas le dire ! Maisla réalité du budget de l’État fait apparaître des dépenses du budget général de l’État qui passent de 329,3 milliards d’euros en 2019 à 337 milliards d’euros en 2020, soit une augmentation de 2,33 %. Le déficit de l’État était de 67,7 milliards d’euros en 2017, 76 milliards d’euros en 2018, prévu à 96,3 milliards d’euros en 2019 et à près de 120 milliards d’euros en 2020. Dans ce contexte délétère de déficit budgétaire et de dette publique abyssale (environ 2 500 milliards d’euros en 2019), comment peut-on encore croire que le chef de l’État, pourtant très favorable à la différenciation pour l'Outre-mer, abonderaencore plus au budget de la Collectivité Territoriale de la Martinique ?
Jean-Marie Nol, économiste