9 Novembre 2019
1) Le cri pathétique des Guadeloupéens. 2) Il n'y a pas que dans le Nord-Grande Terre que les robinets sont à sec. 3) La lecture de l'article explique (presque) tout.
(ttps://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/social/elus-et-syndicats-unis-contre-les-licenciements-des-agents-de-l-eau-558556.php?utm_source=newsletter&utm_medium=actus&utm_campaign=08112019 )
Vendredi 8 Novembre 2019 - 06h00
Les représentants des collectivités majeures et des EPCI ont rencontré les représentants du personnel du Siaeag.
Tous unis contre les licenciements secs. C'est un peu le message que les élus, réunis avec les syndicats des travailleurs de l'eau, ont voulu faire passer : aucun travailleur de l'eau ne doit être laissé sur le carreau. Quoiqu'en pense le préfet. Analyse.
Mardi soir, les présidents des collectivités membres du Siaeag se sont rencontrés avec les syndicats et le Département pour répondre aux inquiétudes des travailleurs de l'eau, dont près de 200 postes (sur 620) sont menacés par le projet de structure unique.
Les emplois en question
D'abord parce que, comme le rappellent les élus dans leur déclaration à l'issue de la réunion de mardi (lire ci-contre), « la seule instance décisionnaire dans ce dossier demeure la Conférence territoriale de l'action publique (CTAP) à laquelle les organisations syndicales et les associations d'usagers seront associées dès sa prochaine réunion sur l'eau et l'assainissement ». Autrement dit, une réunion informelle ne peut pas servir de base de décision. Surtout quand les avis ne sont pas communs : le point de discorde entre les acteurs publics, c'est l'avenir du personnel des régies des eaux, avec un leitmotiv partagé par les membres du Siaeag : « Pas de licenciements ».
Or, dans le projet présenté par le préfet, le licenciement d'une partie des salariés (environ 200) de l'eau est prévu, après dissolution de la régie. Et en devenant le réceptacle de l'activité des régies eaux, selon ledit projet proposé par les services de l’État, Cap excellence et son président se plaçaient dans l'ombre préfectorale, contre ses homologues élus, tous opposés au « plan de sauvegarde de l'emploi ».
Sauf qu'à l'heure des élections Municipales, il semble difficile pour un maire et président d'intercommunalité, d'annoncer son soutien à une telle mesure, aux côtés d'un préfet régulièrement taclé pour son interventionnisme. Dans un communiqué envoyé hier, Éric Jalton a donc annoncé qu'après sa rencontre avec les syndicats, il convient « dans l'intérêt général et afin de garantir la paix sociale et la sauvegarde de l'emploi, de ne valider aucun projet ou stratégie conduisant au licenciement de personnels au niveau des opérateurs de l'eau, notamment du Siaeag ».
Car, bien que le chômage d'un licenciement économique soit indemnisé — ce qui a le mérite de ne pas laisser les gens sans ressources — la mesure, nécessaire ou non, pourrait coûter cher dans les urnes. Voire dans la rue en cas de menace de grève générale. « Élection ou pas , ce qui compte c'est la préservation de l'emploi », rappelle Christian Baptiste, premier vice-président de la Riviera du Levant. Reste que pendant qu'on parle d'emploi et d'alliance politiques, on parle un peu moins d'eau.
Toujours est-il que si la carotte du préfet pour faire avancer les dossiers c'est les subventions, sa marotte c'est la coopération des élus. Déjà, en 2015, François Hollande prévenait : « l’État n'accompagnera [...] que si une gouvernance responsable est mise définitivement en place ici, en Guadeloupe ». Et si l'émergence d'une structure solide et opérationnelle au 1er janvier 2020 semble donc bien accrochée aux enjeux électoraux, l'histoire reste ironique : en coalisant contre ses solutions les élus, l'État pourrait, malgré lui, avoir créé une entente commune pour générer l'intérêt général. Reste à savoir si l'entente sera cordiale, et quel sera son degré de responsabilités.
Une déclaration signée
À l’issue de 2h30 d'échanges avec les syndicats, les élus des collectivités et des communautés d’agglomération membres du Siaeag, ont signé une déclaration dans laquelle ils ont rappelé leur opposition aux licenciements. Ils ont demandé de surseoir à toute dissolution du Siaeag avant la création du futur syndicat. Les membres du Siaeag délibéreront sur leur projet commun de structure unique de gestion de l’eau et de l’assainissement (SPEA) avec une phase de préfiguration de 6 mois respectant la réglementation relative aux transferts des personnels affectés au SPEA, et prévoyant un dispositif d’accompagnement aux départs volontaires.
Willy Noyon, délégué syndical UNSA :
« Nous sommes rassurés sans l'être. Ce n'est pas la première fois que l'on écrit des choses et qu'on ne respecte pas ce qui est acté. Ils ont tous réaffirmé qu'ils n'étaient pas d'accord avec le préfet. Ils ont dit et écrit qu'ils veulent transférer tous les salariés et qu'il y aura un plan pour les départs volontaires. Nous attendons que ce soit clair et définitif. Il a été décidé de travailler de concert avec les syndicats et les EPCI. Mais nous, on ne sait pas quelle surprise le préfet nous réserve ! Ils nous ont promis de nous intégrer à toutes les CTAP avant de prendre des décisions. Ils sont prêts à nous écouter et nous faire participer à tous les travaux. La mise en place de la nouvelle structure demandera plus de temps et nous pourrions aller au delà du 31 décembre. Tous les syndicats sont unanimes : nous ne voulons pas de licenciements et nous nous battrons pour le maintien des emplois et des acquis. Nous restons vigilants et surtout mobilisés. »