21 Novembre 2019
1) Le sujet de cet article. 2) pour ne pas déplaire aux féministes, j'ai ajouté l'autre versant du sujet, aussi ancien que le premier. lire Le satyricon de Pétrone. 3) Les nouveaux prêtres de lma société Bobo.
Je me suis toujours demandé pourquoi les dictionnaires du créole (même les meilleurs, par exemple le Dictionnaire pratique du créole de Guadeloupe de Maurice Barbotin, ou à défaut celui d'Hector Poulet et allii ) négligeaient cet attribut si important d'un dictionnaire, l'étymologie c'est-à-dire l'histoire de l'origine et de la filiation des mots.
Sur la cause cette carence on peut formuler diverses hypothèses :
1)Le volume du dictionnaire s'en trouverait très augmenté et son coût aussi.
2)La recherche étymologique exige un savoir scientifique très élaboré qui n'est pas à la portée de tout un chacun.
3)Les passions humaines sont présentes partout, même dans des recherches linguistiques, et si les étymologies devenaient gênantes pour l'accomplissement de recherches autres, par exemple politiques et identitaires alors des pans entiers des plans initiaux de la recherche pourraient être inconsciemment abandonnés avec profits et surtout pertes (pour le public).
Si j'étais le moins du monde (ce que je ne suis pas) grammairien, linguiste ou étymologiste) je me serais voué à cette tâche
A défaut, il m'arrive (et l'esprit taquin me titille en ces cas là sans répit. Qui est parfait chrétien?) de feuilleter un de ces dicos, en n'importe quelle langue qui m'est plus ou moins accessible, à méditer sur les origines.
Par exemple, ce n'est certainement pas par ignorance que l'on néglige l'origine des mots du créole, tant elle saute aux yeux les moins vigilants. Notre langue dérive en très grande partie (au moins 90%) de la langue française, et des patois régionaux des premiers colons qui débarquèrent un jour à partir de la moitié du XVII ème siècle, et les premiers sur une côte assez aride de Karukéra entre Sainte Rose et Deshaies : Le français, le normand, le picard, le … boulonais, etc.
Mais le français dérivant du grec et du latin, il arrive que l'on y trouve des mots d'ascendance gréco-latine. (Horresco referens!) Pas seulement dans le registre élégant et noble, mais dans le vocabulaire populaire et même un peu trivial.
Par exemple, depuis longtemps je m'interrogeais sur l'origine du mot « bòbò » cher aux ados un peu coquins, et soucieux de sous-entendre un savoir plus rêvé qu'acquis (du moins jadis, plus que naguère). Longtemps (et jusqu'en classe de 6 ème je supposai qu'il signifait « belle/belle ». Je ne suis plus très jeune.
Ou relisant ces jours-ci, après trente ans, le superbe roman de Marguerite Yourcenar : L'oeuvre au noir, (collection folio) et m'attardant dans les notes qui suivent le roman prorement dit (page 475) tout à coup, ébloui, je découvre l'expression (de Yourcenar elle-même) « Catherine est une Baubo », et une Baubo pour la grande artiste, et fine héléniste, c'est « la vieille femme obscène qui s'exhibait dans les processions d'Eleusis ».
Ainsi notre bòbò créole viendrait du grec antique. Marvelous Marvel !
Si je me garde de trop me manifester à moi-même, des transports incongrus pour ma découverte tardive, c'est que j'ai lu Molière, et le Bourgeois gentilhomme : « oh la belle chose que de savoir … quelque chose ». Merci Jean-Baptiste Pocquelin, dit Molière. Et parodiant ce même Molière dans sa comédie boufonne Le médecin malgré lui « Voici pourquoi pourquoi votre fille est muette » je serais tenté de m'écrier … « voici pourquoi les Dico sont muets ».
Mais le Scrutateur n'étant pas là, et ne voulant point le compromettre par mes spéculations hasardeuses, je ne dirai rien. Ou … presque rien !
Pour le Scrutateur absent, et par interim :
Iche Tingpooudè.