26 Novembre 2019
J'ai hésité à publier cet article, plusieurs mois après la mort de Vincent Lambert « qu'on a laissé mourir » disent ses parents considèrant que cette « solution » apportée au drame s'apparente à une euthanasie pure et simple.
J'ai hésité disais-je parce que je n'ignore pas que 70% des français selon un sondage du Figaro ( voir l'article, plus bas) sont dans cet état d'esprit : « on en a assez parlé ».
Vraiment ?
Peut-être. Mais peut-être pas.
Car le problème de la vie, et celui de l'évacuation d'un cas tragique, parce qu'il nous fait peur posent de redoutables questions.
Les participants au débat qu'on pourra consulter en fin d'articles (pour cela il faut cliquer sur le lien de l'article, voir ci-dessus, puis cliquer sur le lien du débat) est très intéressant. Plusieurs attitudes s'y opposent, qui méritent d'être analysées sérieusement.
L'un des intervenants insiste sur le désir d'évacuation de la mort, dans la vie quotidienne, sur le désir sous-jacent de l'élimination des problèmes qui font souffrir, et donc sur l'aspiration largement inconsciente à une neutralisation de la vie, de la perte du SENS de l'existence humaine.
La famille se dissout, l'individualisme croît, et l'égoisme aussi en conséquence.
Chaque année des dizaines de milliers de Français abandonnent leurs animaux domestiques sur les bords des routes parce qu'ils sont devenus des obstacles à l'accomplissement de plaisirs estivaux souvent d'ailleurs médiocres à la mesure desdits estivants.
Cette attitude médiocre, et tellement égoiste, n'est heureusement pas le fait de tout le monde.
Par exemple lorsque nos petits compagnons animaux sont devenus ou très vieux ou malades, et qu'ils souffrent beaucoup, je connais des maîtres qui hésitent longuement à en venir à une euthanasie pourtant en train de devenir inévitable.
Mais combien parmi ces « bons maîtres » se situent dans la tranche des 70% qui ont dit « amen ! » à la décision finale concernant Vincent Lambert. Peut-être parce que euthanasier notre chien ou notre chat leur cause du désagrément une souffrance, et c'est, si l'on y réfléchit, notre égoïsme plutôt que la générosité qui nous fait hésiter à euthanasier notre bon vieux Médor.
Qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce que la mort ? Adolphe Hitler était pour une politique nataliste (pour les aryens), parce qu'il avait besoin de soldats et de gardiennes de camps. Mais il était partisan de l'euthanasie pour les juifs, et pour les blessés irrécupérables.
Sans nous en rendre compte, nous assistons à une perte du sens des problèmes fondamentaux qui ont fait la civilisation. Nous voulons évacuer ce qui a caractérisé le fond de la civilisation chrétienne.
Le christianisme est, dans nos médias et même dans nos universités, considéré comme un « tas de vieilleries » dépassées, alors qu'il représente, sauf pour les incultes, une conception les plus élaborées intellectuellement et spirituellement.
Ou nous résiterons à ce nihilisme croissant, ou nous créverons comme des chiens.
Voici pourquoi, j'ai surmonté mes hésitations et décidé de publier l'article de Stéphane Kovacs dans le Figaro.
Lisez, et écoutez. (LS).
À Reims, le médecin de Vincent Lambert assigné pour «non-assistance à personne en danger»
Quatre mois après la mort du jeune homme, le Dr Sanchez, qui avait mis fin à son alimentation et à son hydratation, comparaissait mardi devant la justice, poursuivi par les parents.
Par Stéphane Kovacs
(….. ) « C’est au matin du 20 mai, premier jour d’une tentative d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, que le tribunal avait été saisi de cette plainte, rappelle Me Triomphe. Dans la soirée, la cour d’appel de Paris ordonnait le rétablissement des traitements, pour donner le temps au Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies (CDPH) de se prononcer. «Quelle était l’urgence pour vous de ne pas respecter les mesures conservatoires de l’ONU, alors que les experts avaient écrit que Vincent Lambert n’était pas en situation d’obstination déraisonnable?», demande l’avocat. «À mon sens, il y avait quelque urgence à accorder au patient ce que je pensais qu’il voulait», répond le chef de service, ajoutant que les mesures étaient «non contraignantes».
Ce qui fait bondir Me Triomphe: «Vous reconnaissez donc que les mesures conservatoires sont obligatoires mais que l’ONU ne va pas vous envoyer les casques bleus pour vous contraindre!, s’offusque-t-il. C’est un aveu terrifiant qui signe la non-assistance à personne en danger». Le 28 juin, la Cour de cassation jugeait que la Cour d’appel n’était pas compétente et cassait sa décision. Malgré les menaces de poursuites pour «meurtre avec préméditation» des parents Lambert, le médecin mettra en oeuvre, le 2 juillet, un arrêt des traitements. «Neuf jours à suffoquer, à râler, à gémir, tout en ouvrant les yeux!, termine Me Triomphe. Le Dr Sanchez avait les moyens de lui sauver la vie ; il a préféré qu’il meure chez lui plutôt qu’il soit pris en charge ailleurs. Vincent Lambert est mort seul, comme on n’accepterait pas que meure un chien».