30 Octobre 2019
Le lecteur régulier du Scrutateur connait mon admiration pour Eric Zemmour, et mon attachement critique pour l'ancien magistrat Philippe Bilger.
Zemmour, Don Quichotte, le « chevalier à la triste figure », ou ce chevalier de Pardaillan, tant admiré par des générations d'adolescents de naguère, (et pas seulement d'adolescents, sauf pour des imbéciles) épris d'héroïsme et de générosité non dépourvus de naïveté parfois.
Philippe Bilger, magistrat que je crois intègre que je cite assez souvent, honnête et n'hésitant pas, chose aussi rare que précieuse, à reconnaître loyalement une erreur quand il s'est trompé.
Bilger, Sancho Pança ? On sait que Sancho, n'est pas téméraire. Je n'ai pas dit « lâche ». Car Sancho est plein de bon sens, mais dans la peur même, il reste fidèle, cette vertu si rare dans le monde politique, et pas seulement politique. Et Sancho est prudent, et la prudence au sens d'Aritote, et même de Descartes, est une vertu capitale (force, énergie, courage). Ecrivant, me revient en mémoire cette réplique de la sœur Angélique de St-Jean dans le superbe Port-Royal d'Henry de Montherlant : « Je serai fidèle. Je serai fidèle au temps des petites filles ».
Donc je nuance ce qu'il peut y avoir d'approximatif dans la représentation des deux compères, Quichotte juché sur un fier destrier. Pança sur un pitoyable canasson.
Revenant au sujet du jour, ma comparaison, purement littéraire, ne cherche pas identifier Zemmour à ce vieux formidable mais un peu ridicule de cavalier assez fou, ni Bilger à un couard, façon Sancho.
Nos deux lascars sont deux hommes intelligents, courageux, souvent d'accord, pas toujours.
Pas toujours parce que capables de penser, personnellement avec rigueur dans un esprit de liberté, choses éminemment rares dans la mauvaise passe que traverse actuellement la société française avilie dans le conformisme le plus plat imposé de haut par le monde politique et dans l'expression médiatique.
Voici ces deux hommes qui, ne s'affrontent pas mais confrontent leurs pensées.
C'est aussi l'une des traditions de la France, de la seule France, dirait de Gaulle.
La confrontation non pour tuer le partenaire, mais, même quand le débat n'a pas abouti à un clair accord, pour le retrouver dans l'estime et l'espoir de la poursuite d'un débat qui ne saurait être confondu avec une corrida.
Ecoutons les. D'accord avec l'un ou l'autre, ou pas d'accord du tout mais heureux d'avoir assisté à une confrontaion d'hommes intelligents, à qui, selon l'expression du duc de Guiche dans Cyrano, « on serrerait bien volontiers la main ».
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