18 Septembre 2019
Ce livre d'Orwell est capital pour comprendre les possibilités d'un asservissement complet de l'humanité par le moyen d'un langage dénaturé, par la volonté de dictateurs impitoyables (Staline fut le modèle qui servit à l'auteur ancien communiste de la mouvance trotskyste pour camper le personnage de Big Brother), et les possibilités offertes par le progrès technique qui n'a cessé de se développer depuis lors.
Je vous propose un dossier en trois parties qui illustre mon propos.
Le premier est l'analyse de la novlangue pazr le jeune professeur dont parle titre. Beau travail, bien pédagogique.
Le deuxième est un extrait significatif du film tiré du roman d'Orwell. Ambiance étouffante qu'ont connu ceux qui ont vécu en régime totalitaire (URSS, Allemagne nazie, Chine populaire).
La troisième partie est un article que je publiai sur le Scrutateur il y a quelques années.
Depuis la chute de l'URSS les ambitions totalitaires ont pris d'autres formes moins terrifiantes en apparence. Mais nous autres en occident sommes concernés, grâce aux progrès techniques constants ( Internet, les réseaux sociaux, etc) par ce projet d'asservissement. (Le Scrutateur)
Un jeune prof de philo, nous explique, comme il parlerait à ses élèves (d'un bon niveau, ces élèves ! ), ce qu'est la novlangue, l'intrument capital de Big Brother pour bétifier l'espèce humaine et la réduire en esclavage volontaire.
Un extrait significatif du film 1984, d'après le roman de Georges Orwell :
https://www.dailymotion.com/video/xatl4l
III) C'est par la tête que le poisson pourrit.
La plupart d'entre nous préfèrent la facilité à l'effort. Et sur Internet nous préférons, trop souvent, les « p'tites blagues », et les faits divers, à la lecture lente, assimilatrice, et bientôt payante et gouleyante, des plus grandes oeuvres, quand nous nous sommes donnés, par l'entraînement quotidien, les moyens d'accéder à leur substantifique moelle.
Aussi n'est-il pas certain que tous, immédiatement saisissent ( et c'est un des dadas du Scrutateur ) le sens du proverbe « c'est par la tête que le poisson pourrit », ou cette formule d'un grand linguiste : « La pensée fait la langage, en se faisant par le langage » ( il s'agit d'Henri Delacroix ). De la même façon que le corps a besoin de nourriture terrestre pour croître et se développer, mais s'étiole et meurt sous l'effet d'une alimentation trop pauvre et déséquilibrée, de même l'esprit se développe en fonction de la langue qui lui est offerte, et tantôt plane dans les marécages puants de la vulgarité ou/et de la platitude, tantôt s'élève, mais c'est plus rare, aux confins de l'esprit, « par delà le soleil, par delà les éthers, par delà les confins des sphères étoilées, où l'esprit se meut avec agilité » comme disait Baudelaire.
Longtemps, du moins en France, une certaine élite culturelle, - dont, à mes yeux, Charles Péguy est un exemplaire rare, - se donna l'éducation pour finalité suprême, l'exhaussement des enfants à ces hauteurs baudelairiennes, sans tendre pour autant, - à l'impossible nul n'est tenu, - à faire de tous, des agrégés des lettres.
C'était le temps des belles lettres et des humanités.
Cet heureux temps n'est plus. Le temps des margoulins est venu, et celui des dirigeants porcins ( comme dans le délicieux et si profond "conte pour enfants" d'Orwell : La ferme des animaux. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferme_des_animaux ).
Les dirigeants de trop de peuples, y compris la France, prônent, en protestant du contraire, l'anémie du langage, corrélatif de la perte de l'esprit critique, si nécessaire à la liberté, à l'amour du beau et du vrai.
Orwell, encore lui, dans son chef d'oeuvre : 1984, ( http://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(roman) ), entre dans les détails des techniques de la soumission la plus totale des humains à l'esclavage sous la domination de quelques-uns.
Il décrit, dans le détail, et de façon extraordinairement suggestive la création par les hommes du Pouvoir de la newspeak, ( la nouvelle langue ) cette langue décharnée qui maintiendra tout un chacun dans l'enfer de l'ignorance et de la servilité satisfaites.
Dans la magistrale étude qu'il a consacrée au grand écrivain britannique, Alain Besançon ( in La falsification du bien. Editions Julliard ) décrit ainsi le terrible outil du décervellement, et de l'abrutissement collectif : « Le newspeak couvre les opérations d'une pensée pure, et se développe axiomatiquement. La langue est désincarnée. Les mots n'ont plus de chair. Ils n'ont plus d'affinités entre eux. Ni la poésie ni la moindre métaphore ne sont concevables. La langue de bois est l'expression sonore d'une pensée transcendante dans des gosiers impersonnels et interchangeables ».
L'apprentissage du grec ancien ou du latin, le goût de la philosophie, de la poésie, de la vraie musique, ou des oeuvres de l'art universel nous sont de plus en plus présentés comme de vaines nostalgies de gens inadaptés au Brave new world si bien décrit par Aldous Huxley.
« A quoi ça sert », dira-t-on au jeune qui voudrait étudier les langues orientales. Sauf, toutefois, sous l'angle du commerce. De même que l'apprentissage de l'anglais ou de l'allemand ignore, dans ses finalités actuelles, la lecture de Shakespeare ou de Dickens, ou de Goethe, pour s'en tenir au langage basique du commerce, des hôtesses de l'air ou d'accueil.
Il faut être attentif à ces évolutions, qui, bien entendu, nous sont présentées comme relevant de l'évolution historique nécessaire et de je ne sais quel « sens de l'histoire ».
Est-ce être excessif, en se penchant sur les idéologies de l'abrutissement, de considérer que celle dite du Gender est dans la ligne de l'OAM ( Objet : Abrutissement Mondial )? (Le Scrutateur)