29 Septembre 2019
Il faut distiguer plusieurs hommages rendus à l'ancien président de la République. Et selon moi au moins deux doivent être retenus : (1) l'hommage populaire, et (2) l'hommage du monde politico-médiatique, bien différents l'un de l'autre.
L'hommage populaire expliqué par Alexandre Dumas.
Dans le premier volume d'une saga romanesque consacrée à la Révolution française, intitulée Joseph Balsamo, nôtre grand Dumas comme il l'avait fait pour d'autres périodes de l'histoire de France (dans Les trois mousquetaires ou La reine Margot) entremêle l'histoire et la fantaisie, en y entrelardant quantité de commentaires souvent pleins de bon sens.
Joseph Balsamo est le premier volume de la série et conte à la façon de l'auteur, pleine de mouvements, des évènements et des remarques d'une grande sagacité. Nous sommes à la veille de la révolution. Des sociétés de pensée, où la franc-maçonnerie joue un rôle majeur, préparent le grand soir, profitant de la grande impopularité du roi Louis XV en sa fin de règne.
Une nuit, un petit groupe s'apprête à mettre en œuvre l'action, en un coin de campagne, qui déclenchera dans l'esprit des comploteurs, la désintégration du régime.
Soudain surgit un messager à cheval qui porte au chef de l'escadron une nouvelle qui change tout. « Le roi est mort » !
Il faut tout arrêter dit le chef du mouvement. « Mais pourquoi, lui demande t'on ? ». « Parce que le roi est mort et que toute la France va l'aimer. Le roi est mort, vive le roi ! Mais ce n'est que partie remise. C'est à nous de désespérer le peuple, et de déconsidérer mainteant le jeune Louis XVI ».
Ces francs-macs s'y connaissaient en action psychologique, et ils réussirent leur coup. 14 ans plus tard c'était la prise de la Bastille.
J'écoute les informations, je regarde la télévision, je vois le peuple ému, sincèrement désolé de la mort de Jacques. Il fut pourtant longtemps rétif à voter pour lui, ce qui faisait dire à Bernadette « les Français n'aiment pas mon mari ». Ce dernier pour être élu la première fois en 1995, dut bénéficier de la rouerie de Mitterrand qui le préférait encore à Jospin qui lui avait manqué de respect. En 2002, la conjoncture encore vient au secours du corrézien quand Jospin fut éliminé du second tour par … Jean-Marie Le Pen. Dès lors, le « cordon sanitaire » selon la délicate formule de ces messieurs et dames, joua encore en faveur de Chirac.
Mais les deux mandats n'en furent pas moins difficiles. Le peuple, toujours le peuple, le même qui aujourd'hui pleure, et célèbre. Comme dirait l' »oncle Eusèbe : « c'est la démocratie ». On peut sourire, comme moi. Mais à l'égard du peuple, j'ai dit pourquoi, c'est sans méchanceté.
L'hommage des « élites ».
Il n'en est pas de même pour ce qu'on appelle les « élites », qui, actuellement ne constituent guère qu'une camarilla.
Ces gens, politiciens, chefs d'entreprises, journalistes de TV n'ont guère ménagé Chirac, surtout à ses débuts, avant qu'il ne comprenne que pour « arriver »il fallait passer par leurs fourches caudines, et se « normaliser ». Que d'entousiasme, que de lyrisme dans leurs bouches à l'égard de cet homme, « près du peuple », « jovial », « bon enfant », etc, etc (comme si ces qualités réelles étaient les qualités majeures d'un homme d'Etat!) ;
Mais que d'amnésie chez ces gens là, et d'hypocrisie, après l'avoir tant combattu à l'instar d'un Dominique Strauss-Khan qui en 2002, (contre Le Pen) avait voté pour lui « en se bouchant le nez » comme il avait dit publiquement. Nul doute que DSK s'il ne s'était pas disqualifié lui-même de la façon que l'on sait, aurait joué aujourd'hui le chef de choeur des pleureurs (ses) télévisuels.
Faut-il perdre l'espoir en la France devant un tel spectacle ?
Je ne le crois pas. D'abord nous n'avons pas le monopole de la vilennie. Piètre consolation, mais c'est un fait.
Et puis il ne faut pas avoir la tête trop dans le guidon. Il faut voir les choses de plus haut, du point de vue de l'histoire.
Toute cette écume assez sale brassée par les margoulins va s'envoler au gré des vents de l'actualité.
Selon les plus récents sondages quels sont les qualités les plus reconnues par les Français à Chirac ?
78 % : la chaleur humaine. (c'est bien) ;
80% : La spontanéité (ooh mais c'est bien çà!).
18% : ses capacités de chef de l'Etat ( Là il y a quelque chose qui cloche. NOOOOON??).
Mais un autre sondage nous dit que les deux meilleurs présidents de la république ont été, à égalité, 30 % chacun Charles de Gaulle et … Jacques le joyeux vivant.
Cela nous renvoie à ce que dirait tonton. Je précise, car il pourrait y avoir confusion : l'oncle Eusèbe.
Le Scrutateur.