27 Août 2019
Nous vivons une époque où, grâce au progrès des techniques médiatiques, la mise en condition de populations entières sur les sujets les plus divers, est une évidence aveuglante dès lors qu'elles concourent aux intérêts des puissances qui prétendent au gouvernement mondial.
C'est ainsi qu'il faut considérer la campagne d'information sur les incendies ravageurs de l'Amazonie brésilienne, dont nul ne peut légitiment me semble-t-il contester la gravité pour l'équilibre de notre planète.
Toutefois, pour l'équilibre et la lucidité de l'esprit, il importe de s'interroger non seulement sur le tumulte et le vacarme médiatique, mais aussi, surtout, sur les voix du silence des mêmes quand il s'agit de voiler les catastrophes tout à fait analogues, mais subies, et quelquefois causées, par d'autres auteurs, et souvent victimes des mêmes nuisances dans le même temps, mais en d'autres lieux.
S'interroger sur ces disparités dans la focalisation est peut-être un bon exercice pour la santé mentale.
Le Scrutateur.
Le nombre des incendies a augmenté de 1130 dans tout le Brésil en 24 heures, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE). Les derniers chiffres arrêtés samedi soir font état de 79'513 feux de forêt depuis le début de l'année dans ce pays, dont un peu plus de la moitié en Amazonie. Sous la pression internationale, le Brésil a fini par entrer en action dimanche en Amazonie. Deux avions C-130 Hercules ont largué les premières dizaines de milliers de litres d'eau au-dessus de la forêt tropicale.
Grâce à ses sondes et satellites, la Nasa parvient à réunir des données précieuses, qu'elle utilise notamment pour sa «Fire Maps». Comme l'explique la RTBF, cette carte des incendies en temps réel permet à tout un chacun de mesurer l'ampleur des feux ravageant actuellement l'Amazonie. Or, ce document permet également de se rendre compte qu'en ce moment, une région du monde souffre d'incendies encore plus nombreux: l'Afrique subsaharienne
À y regarder de plus près, on constate que l'Angola, la Zambie, la Tanzanie et la République démocratique du Congo sont particulièrement touchés. Toutefois, ni les médias locaux ni la presse internationale n'évoquent ces incendies ravageurs. Il s'agit en effet d'un phénomène habituel et chronique, qu'il ne faut cependant pas sous-estimer. Comme l'expliquait la Nasa au début de l'été, les feux de forêt sont monnaie courante en Afrique subsaharienne en cette période.
Ces incendies ne sont pas provoqués par la sécheresse, ni par la pollution, mais par les pratiques agricoles. Plus précisément par la «culture du brûlis», cette technique qui consiste à mettre le feu à du bois coupé, puis à laisser reposer les cendres sur le sol pour le rendre plus fertile. Si une partie de ces feux est par conséquent maîtrisée, nombreux sont ceux qui finissent par échapper à tout contrôle.
Selon l'Agence spatiale européenne (ESA), les incendies représentent actuellement 25 à 35% des émissions annuelles totales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Par ailleurs, d'après les bases de données satellitaires mondiales, environ 70% de la superficie brûlée dans le monde se trouve en Afrique subsaharienne.
(joc/afp)