1 Août 2019
Cela commence mal pour mes vacances, mais je ne peux rester insensible, pour ceux qui ne lisent pas le quotidien France-Antilles (31 juillet), à cette prise de position si conforme à celle de notre blog - sur la question du CHU, - de notre représentante au Sénat de la République, madame Victorine Jasmin.(Le Scrutateur).
CHU DE POINTE-A-PITRE : Stop à l'excès, par Victorine Jasmin
Ce sont toutes mes expériences et surtout ma grande implication dans le domaine de la santé qui me permettent de m’exprimer. Si nous devons pointer du doigt la situation critique dans laquelle se trouve l'hôpital, nous n'avons pas le droit d'avoir des comportements et de tenir des propos qui ne nous grandissent pas mais qui pourraient nous conduire à un suicide collectif.
Le CHU est en très grande difficulté financière, comme beaucoup d’autres, et il est important que nous puissions tous nous mobiliser pour le sauver, et surtout pour la santé de nos concitoyens, notre santé. Notre engagement est très important et démontre à quel point nous pouvons encore faire ensemble. Toutefois, je m’insurge contre tous les propos malveillants et malhonnêtes qui font croire que rien n’a été fait depuis l’incendie du CHU, ni même avant.
Je dénonce la cruauté des propos qui font très mal, notamment ceux qui font croire que dans notre CHU, on tue les patients. C’est vraiment très grave. Malgré les difficultés qui existent, un soignant quel qu’il soit fera tout pour tenter de sauver un patient, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus.
Dans cet hôpital, il manque du matériel et autres, certains fournisseurs ne sont pas payés et ne livrent pas. Ce n’est pas normal mais c’est une réalité. La direction manque de moyens parce qu’il y a un véritable écart entre les recettes et les dépenses. Et ce, malgré ce qui a été réellement fait. J'espère que les dernières annonces du gouvernement seront effectives.
Est-ce une raison pour faire peur et inciter les gens à ne pas avoir confiance en notre système ? Au point de ne plus aller voir leur médecin traitant, les médecins des maisons médicales de garde et de fuir les urgences ? Les conséquences sont graves.
Beaucoup de gens qui souffrent de pathologies, qui pourraient être prises en charge, arrivent trop tard. Ce qui tue, ce sont tous ces messages illégitimes venant de personnes qui tiennent des propos répréhensibles.
J’ai été une des personnes qui a très fortement contribué à la démarche d’amélioration continue de la qualité au pôle laboratoire du CHU. Je sais que depuis l’incendie, plus rien n’est comme avant. Cependant, pour connaître toutes les démarches entreprises pour l’accréditation et la certification, on n'a pas le droit de décourager ceux qui ont travaillé jusqu'à aujourd'hui et régulièrement. Et ce, malgré les critiques et les pressions venues de toute part.
Ces professionnels ont peur de ce que certains d’entre nous sont capables de dire et de faire. Certaines personnes sont capables de saboter pour prouver que rien ne se fait et qu’elles ont raison. Ces usurpateurs de titres qui s’expriment avec violence font effectivement très peur et c’est devenu stressant. Certains sont capables des pires manœuvres et dénonciations calomnieuses pour nous discréditer. Ils se comportent en véritables pyromanes et fossoyeurs.
Je sais que ce qui se fait est insuffisant, le directeur général et son équipe ont besoin de chacun de nous pour les aider dans leur mission et c’est vrai que des moyens financiers manquent. C’est vrai aussi que l’absentéisme gangrène notre CHU. Avoir autant de personnels absents payés et à remplacer, c’est catastrophique. Il est vrai également que les surcoûts liés à l’insularité sont à prendre en compte, d’où ma demande d’une ligne budgétaire sous forme de Mig (mission d’intérêt général) lors de l’examen du texte relatif à l’organisation de la santé. Certains ont l’impression que rien ne se fait parce que la communication n’est pas suffisante pour informer de ce qui a été réalisé par la direction du CHU et l’Agence régionale de santé (ARS).
Certes, vu l’ampleur des besoins, des efforts supplémentaires doivent être consentis. Toutefois, nous n’avons pas le droit de dire que rien n’est fait. Le GIP Raspeg avec la CGSS (la Caisse générale de sécurité sociale) et les URPS (Union régionale des professionnels de santé représentant les infirmiers libéraux) ont aussi fait beaucoup en simplifiant, notamment, les procédures.
L’hôpital doit aussi se faire rembourser. Beaucoup de ceux qui critiquent ne payent pas après avoir reçu des soins. Nous devons payer nos dettes au CHU. Certaines mutuelles traînent des pieds et ne remboursent plus le CHU dans les délais. Chaque citoyen doit payer le reste à charge quand sa situation le nécessite. L’hôpital est un bien commun, ne cherchons pas à déstabiliser notre société et notre économie qui est très fragile et instable. Ne soyons pas toujours dans des postures qui nous dévalorisent alors que beaucoup de nos jeunes ont besoin d’être rassurés par nos actions. Nous devons changer de mentalité et cesser de faire croire que rien n’est bon chez nous.
Le modèle de prise en charge change : il s’agira de soigner en ambulatoire avec efficacité. Nous devons déjà nous impliquer dans cette démarche et cette dynamique pour faire mieux en maîtrisant les dépenses. Nous devons tous redonner confiance à la direction du CHU, contribuer à l’amélioration continue de la qualité des soins, aider à la mise en conformité des démarches et cesser de croire en des fake news alarmantes et contre productives.
Je continue à agir, je me suis engagée à le faire et cela ne date pas d’aujourd’hui. Ensemble, nous serons tous plus forts et certainement meilleurs. Ne soyons pas des réducteurs de conscience, soyons sérieux et restons humains.
Victoire Jasmin
Sénatrice de la Guadeloupe et cadre médico-technique responsable du laboratoire de microbiologie : bactériologie parasitologie mycologie microbiologie environnementale et biologie moléculaire, à la retraite