2 Juin 2019
Michel Serres, philosophe est mort, à l'âge de 90 ans. Je ne m'appesantirerai pas sur sa biographie dont les éléments traînent partout. Notons qu'il avait envisagé de devenir marin au long court, comme Maurras (et c'est un de rares point communs entre ces deux penseurs), et c'est la raison pour laquelle il s'intégra, avec succès à l'Ecole navale (comme St-Exupéry). L'enseignement scientifique qu'il y reçut le poussa ensuite à approfondir ce domaine, et celui de la philosophie, d'où sa thèse de doctorat sur Le système de Leibniz, et ses modèles mathématiques. S'il se fut limité à ce domaine, on n'en parlerait pas aujourd'hui sur tous les petits écrans de France, de Navarre, et d'ailleurs.
Philosophe intéressant, il ne fait pas cependant parti de mon petit panthéon des très grands philosophes. Ce qui lui vaut malgré tout ma sympathie c'est son humour, présent partout et surtout dans ses interventions orales.
Un point commun avec Socrate à une différence près : de son discours humoristique Socrate mourut, condamné à mort par les puissances politiciennes de son temps, et but la cigüe en parfaite sérénité, au milieu des rares disciples qui ne l'avaient pas abandonné et qui loin de fustiger leur maître se réunirent autour de lui, dans sa prison d'Athènes, pour en revevoir un dernier message. En revanche, l'humour de Michel Serres lui vaut la reconnaissance officielle du tout Paris, et de l’académie des petits écrans.
Je ne m'appesantirai pas sur cette différence ayant médité ce mot de Baudelaire : « les morts, les pauvres morts ont d'étranges douleurs ».
Et puis, à défaut d'être héroïque, l'humour de M. Serres est réel, il existe, même dans ses ouvrages les plus sérieux, et parfois dès les titres desdits ouvrages. Ainsi dans Le mal propre où l'on peut lire : « Les tigres pissent pour délimiter leur niche. Ainsi font les sangliers et chamois. Mimons-nous ces animaux ? Je le crains, je le vois, je le sens. Quiconque crache dans la soupe, ou la salade s'en assure la proprité. L'éthologie, science des conduites animales, comme les pratiques hospitalières-mais aussi l'histoire des religions, les techniques agricoles, même la sexologie … montrent le rapport étrange et répulsif entre le sale et la propriété. Ce livre dit que les pollueurs salissent le monde pour se l'approprier. Rien n'est changé depuis les chiens et les tigres ! Comment pollue-t-on ? Nous commençons à le comprendre. Mais pourquoi polluer ? Ce livre répond à la question ».
J'ai une autre raison de ne point mettre l'accent sur nos désaccords accidentels à M. Michel. Serres et moi.
C'est que, chose rarement avouée par les professeurs d'Université (gens très sérieux) c'est son amour pour le grand rival international du général de Gaulle le reporter Tintin (de Gaulle dixit).
Or Serres n'a pas pissé sur Tintin (voir photo n° 2 de cet article).
J'en déduis qu'il n'a pas voulu se l'approprier à mes dépens.
Ce dont je le remercie de toutes mes forces. (Le Scrutateur).