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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Valérie Denux fait le point sur la situation du CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes .

Valérie Denux.

Valérie Denux.

Nous publions cet article paru hier sur France-Antilles à l'intention de ceux qui ne l'auraient pas lu, en Guadeloupe ou en métropole. (LS)

 

« Nous devons récupérer l'argent dû au CHU »

 

(https://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/sante/nous-devons-recuperer-l-argent-du-au-chu-536175.php?utm_source=newsletter&utm_medium=actus&utm_campaign=09052019 )

 

Invitée de Face à la presse, par FA Guadeloupe et ETV (Éclair TéléVision), Valérie Denux est directrice générale de l'Agence régionale de santé. Le CHU et ses problèmes, elle parle de tout, sans concession. Notamment de la dette aux fournisseurs, 45 millions d'euros, et de ce que les Guadeloupéens doivent au CHU, 63 millions de factures impayées.

Deux missions

Lorsque j'ai été nommée, j'avais deux missions. Tout d'abord, stabiliser la situation du CHU suite à l'incendie d'une partie de ses locaux. Mettre en place un plan pour organiser, réhabiliter, attendre le transfert vers le nouveau CHU. Ensuite, moderniser notre système de santé, faire en sorte qu'il réponde aux besoins de la population et des professionnels de santé. Ce plan de modernisation, c'est le Projet régional de santé, publié en juillet 2018, qui montre les axes de progrès que nous avons, avec une réhabilitation des établissements et une amélioration de leurs performances. C'est aussi la médecine de ville, car on sait très bien que c'est compliqué d'aller consulter son médecin, avec les difficultés qu'on connaît, des plannings chargés. C'est aussi la numérisation, l'utilisation des nouvelles technologies, le travail sur le vieillissement des personnes âgées, la sécurité sanitaire, avec la chlordécone, l'eau ou encore les sargasses.

Le CHU

Le CHU est stabilisé, même s'il connaît une diminution de ses capacités. Les professionnels de santé, dans des conditions difficiles, travaillent. Même s'il y a des choses à améliorer. Sur le plan financier, le CHU est déficitaire depuis des années. Ce qui se passe, c'est que nous avons une perfusion. Le niveau national donne énormément d'argent pour le stabiliser, 300 millions d'euros en trois ans d'aides. Mais celui-ci va être en butée. On donne parce qu'il faut compenser les déficits qui se creusent. Nous avons mis en place un plan d'action parce qu'il y a des dysfonctionnements importants au sein du CHU. Ainsi, le système d'information ne fonctionne pas. On fait, on soigne, mais on n'arrive pas à se faire payer parce que les facturations sont possibles, mais la demande de paiement n'est pas faite. Autre exemple : nous avons des difficultés avec le contrôle de gestion. Il faut gérer clairement les recrutements, les entrées, les sorties, et il y a une mauvaise vision de qui est dedans, qui est dehors, qui on paie, qui on ne paie pas. Plein d'exemples montrent qu'on n'optimise pas du tout la production du CHU et on ajoute des charges qui ne sont pas normales et réglementaires.

Une mauvaise gestion

À quoi ça tient ? Au fait qu'on a laissé aller en acceptant des petits compromis, une heure de moins, une chambre qu'on ferme pour en faire un débarras. Une chambre, ça produit 250 000 euros de revenus par an. Et puis, à un moment donné, il y a eu des gens qui manquaient de compétence. Le CHU a été mal géré pendant des années. Je ne veux pas dire que c'est la direction qui a mal géré. Il y a eu l'administration et puis les soignants. Ceux-ci doivent comprendre qu'il y a une dimension économique dans le soin. Si on ne fait pas un bon codage, qu'on ne marque pas les activités, celles-ci ne peuvent pas être facturées à l'assurance maladie. Si on ne gère pas bien les stocks, ceux-ci sont dits dormants, ce qui coûte cher.

Remettre de l'ordre

Il faut remettre les fondamentaux en place. Ça va sûrement embêter certaines personnes. Il faut de la fermeté. Y aller tranquillement, mais sûrement. Nous travaillons, avec Gérard Cotellon, main dans la main. Nous sommes allés à Paris la semaine dernière et nous travaillons sur l'aspect aide à la trésorerie, remise en route. Il sait bien qu'on n'a pas le choix. Si on fait entrer l'état actuel du CHU dans le nouveau CHU, il y aura les mêmes dysfonctionnements et alors, quel gâchis ce sera ! Le nouveau CHU, c'est un investissement de 590 millions d'euros pour en faire l'établissement le plus moderne de France. Les Guadeloupéens doivent préserver ce trésor, faire en sorte qu'il dure.

Le mal-être des professionnels de santé

Bien sûr qu'ils souffrent, avec ces dysfonctionnements ! Et avec l'incendie, ils souffrent encore plus de ces dysfonctionnements. S'ils ont le matériel pour travailler, globalement, souvent ils ont des ruptures d'approvisionnement. Mauvaise gestion des stocks. Stocks répartis un peu partout, puisque le CHU est désormais sur plusieurs sites. Il y a donc des stocks partout. Certains fournisseurs ne sont pas payés et ils arrêtent de donner. Il faut donc travailler sur les priorités de manière à avoir une logique. Gérard Cotellon a pris en main cette priorisation pour éviter que chacun définisse ses petites priorités dans son coin. Enfin, il y a une tendance à vouloir se protéger de cette rupture et on fait venir par avion ce qui pourrait être acheminé à moindre coût , avec de l'anticipation, par bateau. Et ça coûte très cher !

Draps, papier toilette, serviettes, couches...

Gérard Cotellon me parle presque tous les jours de ce manque de draps, de couches, de tout en fait. Ça me choque ! Il me dit être catastrophé. Mais, très souvent, il y a des ruptures d'approvisionnement, des problèmes de gestion des stocks, parfois ça se trouve dans un endroit et c'est perdu. C'est aussi de l'organisation. C'est scandaleux, il faut que ça cesse. Ce n'est pas fait exprès, c'est une simple question d'organisation. On a fait venir des professionnels de Paris, dont un logisticien, qui vont apprendre aux personnels à gérer. Nous sommes sur la brèche pour faire le diagnostic et nous avons fait un plan de retour aux fondamentaux, mais on ne corrige pas trente ans de difficultés comme ça.

Budget, déficit et dette fournisseurs

61 millions d'euros de déficit, c'est important. Un moratoire ? Nous en avons beaucoup discuté avec le national. Clairement, le national, le ministère donc, a donné 61 millions d'euros d'aide en trésorerie. Cette année, ils sont partis sur 36 millions, nous avons négocié 12 millions de plus. Il y a l'aide du national. Si on ne fait rien, il y a beau avoir la perfusion, ça va continuer ! On compense l'année précédente et on creuse un nouveau déficit.

Sortir du déficit

Il faut, d'abord, récupérer l'argent qu'on doit au CHU : la Sécurité sociale, les mutuelles, les collectivités, les patients. 63 millions d'euros peuvent être récupérés. Ils ne peuvent pas payer parce qu'on ne leur a pas envoyé de facture ou alors des factures imprécises. On ne récupérera pas la totalité. Mais là, depuis peu, on récupère entre un million et un million et demi tous les mois. Mais nous voulons aller plus loin. Ensuite, il faut arrêter les dysfonctionnements. Enfin, il faut diminuer les charges, comme avoir des congés supplémentaires jusqu'à sa retraite... On prend quelqu'un pour remplacer l'agent. Ça fait des frais supplémentaires.

 

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IL AURA FALLU TANT D'ANNEES POUR ENFIN ECRIRE CE QUE TOUT LE MONDE REPETAIT, MAIS QUE LES RESPONSABLES NE VOULAIENT PAS ENTENDRE ET ENCORE MOINS CORRIGER. BRAVO A MME DENUX ET QU4ELLE AILLE JUSQU(AU BOUT SANS EGERDS POUR QUI QUE CE SOIT. FAUT IL COMPRENDRE QUE LES ECURIES SONT EN TRAIN D'ETRE NETTOYEES?
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