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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Le film Grâce à Dieu de François Ozon est une manipulation grossière

Le film Grâce à Dieu de François Ozon est une manipulation grossière

Ce soir du 23 février 2019, j'irai à la messe, comme chaque semaine, et je dirai avec foi et conviction cet extrait du Credo : « Credo in unam, sanctam, catholicam, et apostolicam Ecclesiam » ( Je crois en l'Eglise, Une, Sainte, Catholique et apostolique ». Je ne suis plus un enfant, je vais sur mes 77 ans. J'ai vécu, je vis encore, assez vigoureusement. Je n'ignore pas totalement l'ambiguïté de l'existence où se côtoient dans les âmes, et « parfois dans le même moment » comme disait Henry de Montherlant (un écrivain magnifique et … pédéraste)  le désir de pureté, et la tentation du péché, la force et la faiblesse, l'aspiration au vrai et la bassesse de l'hypocrisie. Un poète, parmi les plus grands, et qui, certes … n'était pas pédéraste (!) je parle de Charles Baudelaire m'a lancé, en tant que lecteur, et peut-être aussi à vous (en tant que lecteur, naturellement) cette petite provocation, en tête des Fleurs du mal : « hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ».

Vous devinez, ami, que je vais parler du scandale qui affecte l'Eglise catholique en ces jours où le cinéma, la presse, l'édition se jettent avec voracité sur des prêtres parfois des évêques (une infime minorité par rapport à la population cléricale, en France et ailleurs) qui ont commis le péché de stupre sur les personnes d'enfants, ou de jeunes gens, en violation de leurs promesses de clercs. Je ne les absous pas, l'absolution n'est pas de mon ressort. Mais toutefois, la charité, l'humilité qui devrait être une vertu de ceux qui sont conscients de la faiblesse humaine dont beaucoup semblent s'abstraire, me retient de jeter la pierre aux pécheurs. Je ne me sens pas d'affinité avec les maîtres en lapidation. Comme dit le poète Claude Barbier que je cite de mémoire : «Quand le sanglier tombe et roule dans l'arène, Allons ! Allons ! Les chiens sont rois ». Suis-je trop sévère ? OUI, mais pour les chiens. Ces animaux n'ont point de conscience morale, tandis que les lapidaires !!! Horror, horror, horror ! Moralisateurs impénitents vous devriez avoir le rouge au front, d'autant plus qu'en matière d'hypocrisie vous ne cédez en rien à ces clercs que vous accablez, et qui certes méritent d'être punis, et sévèrement du pont de vue d'une logique, celle de l'Eglise catholique auprès de laquelle ils avaient pris des engagements. Mais vous militants ardents de la pédérastie, vous devriez vous réjouir de ce que ces ecclésiastiques vous rejoignent sur le chemin qui est le vôtre. Vous êtes dans la lignée de ces intellectuels gauchistes des années 1960 qui signèrent dans le journal Le Monde une pétition dont je vous rappelle la teneur : trois intellectuels gauchistes qui s’étaient trouvés compromis, et emprisonnés pour une affaire de pédophilie, justement.

Leurs amis s’étaient mobilisés au nom du progrès et de la liberté, pour obtenir leur libération. C’est le journal Le Monde, rien que cela qui publia la pétition des intellectuels parisiens de gauche les plus branchés. On pouvait y lire (Le Monde 26/01/1977) : « Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste, d’une part, entre la qualification de « crime »qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés ; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez lez enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?). Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier (1977), Dejager, Gallien et Buckartdt ne retrouvent pas la liberté » ( Parmi les signataires : Louis Aragon, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles et Fanny Deleuze, Jack Lang, Gabriel Matztneff, Jean-Paul Sartre, Philippe Sollers, etc).

Je vais maintenant laisser la parole au journaliste qui dans le quotidien La Croix traite du film qui va faire la Une de tous les journaux télévisés, et de tous les commentateurs addicts de la moraline et de la chasse à courre aux boucs émissaires de la société éthique (c'est plus snob que morale isn'it ! )

Le Scrutateur.

Le film Grâce à Dieu de François Ozon est une manipulation grossière

Selon Hubert de Torcy, spécialiste du cinéma, qui s’exprime dans La Croix :

Incontestablement, il y’avait un vrai sujet de cinéma possible, autour de cette « affaire Preynat », avec tout le questionnement moral qui s’impose, tant du coté des victimes (jusqu’où puis-je aller pour obtenir la condamnation d’un prédateur) que du côté de celle qui est mise au banc des accusés dans le film, l’Eglise, qui voudrait pouvoir toujours espérer que le pire des monstres puisse avoir changé, quand le monde soutient : « pédophile un jour, pédophile toujours ». Ce qui est malheureux, c’est que François Ozon lui-même, dans le dossier de presse, pressent qu’il y’a là un questionnement intéressant (« Est-ce dû (…) à la nature même de la religion catholique, qui est une religion du pardon ? Barbarin dit : « Il y’aura toujours une porte ouverte aux pécheurs », tout en affirmant que Preynat doit être sanctionné. Ce discours du « en même temps » est ambigu. » C’est bien regrettable qu’il ait préféré la caricature plutôt que d’aborder ce qu’il perçoit comme une ambiguïté. On assiste alors au règlement de compte d’un cinéaste avec l’Eglise et avec la Foi. Le summum étant atteint avec ce grossier plaidoyer final pour la débaptisation.

Pourtant, François Ozon ne cesse de s’en défendre : « L’idée n’était pas de faire un film à charge contre l’Eglise ». L’expression est répétée telle un mantra pas moins de 5 fois dans le dossier de presse et chaque comédien est prié de la répéter en chœur. Cette insistance plus que suspecte est en réalité un aveu. Quelle que soit l’issue du procès en cours, l’Eglise aura perdu médiatiquement. Il aurait été plus juste d’attendre que la justice se soit prononcée avant que de livrer cette œuvre sur grand écran.

En quoi consiste la manipulation de François Ozon ?

Il nous fait croire qu’il a fait quasi œuvre documentaire, affirmant avoir repris textuellement les contenus des messages échangées (« Je tenais absolument à les utiliser, même si toutes ces voix off faisaient peur aux financiers »). L’insistance sur les lectures de ces courriers en voix-off est indigeste, mais c’est une bonne manière d’endormir le spectateur en lui faisant croire que tout ce qu’il voit est vrai. Tous les noms, côté Église, sont d’ailleurs les vrais : le père Preynat, le cardinal Barbarin et Régine Maire. A l’inverse, tous ceux de la Parole Libérée ont été changés, alors que c’est la seule matière sérieuse à laquelle le réalisateur ait, de son propre aveu, eu réellement accès. Si Ozon avait pris la peine de rencontrer la partie adverse, il aurait découvert d’autres mails, révélés en janvier lors du procès : celui d’Alexandre, par exemple, remerciant le cardinal d’avoir été « le supporter de sa démarche, y compris au plan judiciaire ».

Dès le début du film, François Ozon fait comprendre au spectateur qui est le méchant hypocrite dont il faut se méfier. C’est tout l’art du jeu (ou plutôt l’absence de jeu) du comédien qui interprète Barbarin. Il déclame ses textes comme quelqu’un qui réciterait un discours extérieur à lui, avec le charisme et la chaleur d’une huître. D’ailleurs, pour ceux qui n’auraient vraiment pas compris le message, quand le personnage apparaît, une petite musique inquiétante s’insinue comme pour nous confirmer que le « méchant » entre en scène. On ne saura rien du cas de conscience, des questionnements ou de la sincérité du Cardinal dans cette affaire. De bout en bout dans le film, il manipule et endort son monde avec une froideur calculée.

Le vrai mérite du film consiste en revanche dans la description précise de ce qu’ont vécu les victimes jusqu’en 1991, du silence des familles et des répercussions dramatiques pour chacun. De ce point de vue, c’est un film nécessaire pour ouvrir les yeux et ne jamais s’habituer à l’horreur indicible. De courage, la plupart de ces hommes incontestablement n’en ont pas manqué.

Mais au final, on reste vraiment déçu. Déçu que des comédiens aussi talentueux se soient compromis dans cette arme de destruction naïve. En particulier Melvil Poupaud, dont la foi semble sincère (« Je pense que Jésus est mon sauveur ») et qui d’ailleurs remarque finement que les valeurs de l’Evangile sont inversées jusqu’au bout, à travers cette affirmation que le réalisateur met dans la bouche de la femme d’Alexandre :‘’Si tu lui pardonnes, il fait de toi sa victime à vie’’. Melvil Poupaud explique dans le dossier de presse : « Pour moi, si on a la foi, on ne peut pas dire une chose pareille. Une vraie croyante dirait plutôt : « prions pour que tu trouves la force de pardonner. » Car ce n’est pas nous qui accordons le pardon à l’autre (…), c’est une grâce de Dieu qui nous dépasse et nous rend capable de pardonner même l’impardonnable. Ce qui n’empêche pas (…) une action en justice. Le pardon et la justice sont deux choses différentes. » Quel dommage que François Ozon n’ait pas écouté son comédien, qui résume en quelques phrases ce qui aurait pu être le début d’un grand film.


 

 

 

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