6 Janvier 2019
J'ai de la sympathie raisonnée pour le mouvement des gilets jaunes. Du moins de vrais gilets jaunes. En effet l'action du gouvernement nommé par Emmanuel Macron est souvent contestable, sur le plan social, et en politique étrangère cet européisme forcené (qui conduit à la disparition de la France en tant que nation indépendante), cette soumission à la politique migratoire incontrôlée voulue par l'ONU (le pacte de Marrakech!), etc.
Cependant ces gilets jaunes risquent d'être détournés de leur finalité première, par des fauves masqués en « défenseurs du peuple », ce comique effervescent de Mélenchon et ses crises de robespiérisme, ou cette femme arrogante de Taubira, et bien d'autres plus insinuants, mais non moins dangereux !
Certains, avec moi, sur des plans différents parfois, prennent conscience du risque de détournement d'une révolte souvent justifiée par ceux qui, dans le peuple, ont encore un peu de santé.
En témoignent ce matin deux articles (LS) :
D'abord cet article sur Boulevard Voltaire, qui mérite d'être lu avec attention :
Le 20 novembre dernier, au début du mouvement, dans un papier intitulé « Gilets jaunes : gare à la sacralisation du “pays réel” ! », je faisais part, ici, de ma méfiance devant un engouement qui me semblait s’emballer de façon excessive. Je m’interrogeais sur ce qui m’apparaissait comme un potentiel danger, à savoir l’affirmation que ce mouvement « représenterait “le pays réel” en guerre contre les élites. La vérité des êtres et des choses contre le mensonge d’État. La sainte jacquerie, résurgence d’un passé révolutionnaire que la France continue de sacraliser : “Les aristocrates à la lanterne !” »
D’où ma question d’alors : « Qu’est-ce que “le pays réel”, et s’il existe, qu’est-ce alors que “le pays irréel” ? »
Hier soir, à 19 h, la circulation était de nouveau bloquée sur le boulevard, sous mes fenêtres. C’est l’une des deux grosses artères qui traversent la ville ; autant dire qu’elle est essentielle dans la vie de tous. À 19 h, donc, heure où chacun rentre chez soi après sa journée de boulot, 15 gilets jaunes (je les ai comptés) défilaient au rythme d’un escargot en hurlant « Macron démission », derrière une banderole affirmant « Nous sommes le peuple de France ». Quinze personnes, dans une agglomération de 200.000 habitants.
C’est ainsi deux soirs au moins par semaine, avec l’autorisation du préfet qui envoie deux flics pour fermer la marche.
Ce jeudi matin, le pays (mais lequel ?) est en émoi car Éric Drouet, « figure médiatique et controversée des “gilets jaunes” » (marque déposée ?), a été arrêté et placé en garde à vue pour organisation d’une manifestation sans déclaration préalable. Il avait appelé les copains à se rendre sur les Champs-Élysées, sans gilet jaune, pour « choquer l’opinion publique ».
Aussitôt, Jean-Luc Mélenchon, son amoureux transi, s’est indigné contre l’État totalitaire : « Abus de pouvoir. Une Police politique cible et harcèle désormais les animateurs du mouvement gilet jaune », écrit-il sur Twitter, complétant, quelques minutes plus tard, son message : « Assez de violences, de condamnations et d’interpellations contre les #GiletsJaunes ! Libérez Éric Drouet. Fichez la paix aux porte-voix du peuple. »
Éric Drouet est-il le porte-voix du peuple ? Rien n’est moins sûr. C’est un homme qui prétend renverser la République, ce qui plaît à Mélenchon qui y voit la promesse du « Grand Soir ». Drouet voulait marcher sur l’Élysée pour coller une mandale à Macron sans doute. Ou bien ficher sa tête sur une pique. Ou lui coller un coup de matraque entre les deux oreilles.
Et après ?
Je suis le peuple, au même titre que monsieur Drouet et monsieur Mélenchon. Je ne suis pas née avec une cuiller d’argent dans la bouche, chose qui est aujourd’hui considérée comme un péché mortel. Je comprends fort bien et je soutiens les revendications premières de ce mouvement : comme tous ceux qui paient l’impôt, j’en ai marre du matraquage fiscal, de la tracasserie administrative, de l’ineptie routière élevée au rang d’institution, etc. Mais j’ai tout aussi horreur du dévoiement des causes et de la chienlit qui se prend pour un droit divin.
J’en ai marre, aussi, de voir mon pays sombrer toujours plus profondément dans le dénigrement, la dévalorisation, le pessimisme le plus noir. Sans doute, quand on est sur les ronds-points, n’a-t-on pas les moyens d’aller voir à quoi ressemble le monde (quoique…). C’est dommage. Il faut passer les frontières pour comprendre que la France est un pays de cocagne, que si nous sommes champions pour l’impôt, nous sommes aussi premiers au monde pour la redistribution ; que partout ailleurs, on paye l’éducation et la santé au prix fort, que les routes y sont mal ou pas entretenues, le chômage mal ou pas indemnisé, la criminalité triomphante…
Alors, Français, aimez-vous un peu. Et méfiez-vous de ceux qui appellent la guerre civile de leurs vœux. Il n’y a rien de pire au monde.
Ensuite, et sur un plan particulier ce coup de gueule d'un lecteur antillais. Le style subtilement ironique ne l'empêche pas d'être un gros pavé dans la marre politico-médiatique.
Plus des deux tiers (77%) des Français sont favorables au rétablissement de l'impôt de la Solidarité sur la fortune à l'issue du "grand débat national" voulu par Emmanuel Macron. Sans être officiellement breveté projeté en son pays, l’oncle Eusèbe n’avait pas besoin de l’IFOP pour prédire que de telles dispositions surgiraient forcément d’un "grand débat national".
Voilà qui soulève la grande question de l’horizontalité et de la verticalité en matière d'ajustement entre le sensible et l’intelligible. Il eût été si simple pour Ponce-Pilate de relâcher Jésus-Christ au lieu de s’en remettre à la vocifération passionnée du moment...
Bizarrement, la question de la disparition totale de tout prélèvement obligatoire n’a pas été incluse dans les diverses propositions du... "grand débat national". Elle eût également - vraisemblablement - recueilli une majorité d’opinions favorables. Moins toutefois que la proposition suivante : disparition totale de tout prélèvement obligatoire, exception faite de l’ISF. Ça, même Francois-le-Fécal et Alain Juppé n’y avaient pas pensé. Comme quoi, le diable a parfois quelques moments de distraction.